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Labo de biologie : les empreintes animales
... les empreintes animales
Quand on pense aux empreintes, on pense tout de suite aux traces que les animaux laissent dans la boue. Bien sûr, on va en parler. Mais les empreintes, c'est aussi tous les indices qui permettent de savoir qu'un animal est passé par là, s'est reposé ici ou est venu boire là-bas.
En se promenant en forêt, c'est difficile de croiser des habitants à poil. Quelquefois, quand on ne fait pas trop de bruit, on peut apercevoir un chevreuil, un lapin, peut-être même un renard.
Pour augmenter ses chances, il faut faire attention de marcher "sous le vent". Ça veut dire que le vent arrive sur nous de face. Le vent transporte les odeurs et même les sons. Comme les animaux ont un meilleur odorat et une meilleure ouïe que nous, ils nous sentent et nous entendent bien avant qu'on ne puisse les voir. Quand on est sous le vent, toutes nos odeurs et tous nos bruits sont transportés dans le sens opposé. Les animaux nous repèrent trop tard et on peut les observer (très!) brièvement avant qu'ils se sauvent.
Si vous n'avez pas l'aubaine de faire une rencontre, vous pourrez néanmoins en apprendre beaucoup sur le mode de vie des habitants de la forêt. Regardez en l'air, au sol, sur les arbres: les marques de leur passage sont partout. Et souvent, on peut même deviner ce qu'ils ont fait.
Pour cela, il faut enquêter, scruter et faire des suppositions. Un vrai plaisir !
Mais le plus simple, c'est que je vous montre en exemple les quelques indices que j'ai pu récoltés dans mes longues balades forestières.
Le plus facile a observer et à reconnaître, c'est la piste. Beaucoup d'animaux sont comme nous: ils habitent quelque part et vont faire leurs courses toujours au même endroit. Et ils empruntent le même chemin. A force de passer, un léger sillon finit par se creuser.
Une fois qu'on a découvert la piste, il reste à la remonter dans un sens ou dans l'autre pour tenter d'en savoir plus.
D'abord, il faut chercher les branches cassées. C'est une belle mine de renseignements. En effet, un animal, quand ça passe, ça passe. Et fatalement, ça casse. Si les branches basses des arbres ou arbustes le long de la piste sont épargnées, il y a fort à parier qu'on est sur la route habituelle d'un animal assez petit pour passer dessous: un renard, blaireau, martre, lapin,... En revanche, si ce sont de plus hautes branches qui ont subi des dégâts, on pourra supposer que ce sont de grands animaux qui passent ici: cerfs, chevreuils, éventuellement sangliers,...
Pour confirmer les premières impressions, rien de tel qu'une belle crotte ! On en trouve forcément sur un sentier de ce type. Les déjections nous apportent des indices à foison. Évidemment, il faut aimer observer des cacas... Ce n'est pas le plus ragoûtant mais c'est très utile. (Et puis, avouez, au fond, que vous aussi vous trouvez ça rigolo.)
La taille et la forme vous renseigne sur le propriétaire, la consistance et les "restes visibles" sur son régime alimentaire. Mais comme une image vaut mieux qu'un long discours, envoyons la photo des crottes :
En étant bien attentif et en détaillant les troncs des arbres, il est possible de pouvoir prélever quelques poils arrachés au passage. Là encore, la hauteur de la trouvaille nous en dira plus sur son détenteur. En hauteur, nous aurons forcément affaire à un des plus grands habitants de la forêt. Plus bas, il sera difficile d'être catégorique mais le poil lui-même est un indice conséquent. Il est assez facile de deviner à quelle fourrure il appartient grâce à sa couleur, sa texture ou sa dureté.
Voilà quelques signes fréquents qui nous ferons bien avancer dans notre enquête. Mais attention aux pièges. Pour se simplifier la vie, il n'est pas rare que plusieurs animaux utilisent la même piste.
En remontant le sentier (on peut dire aussi une coulée), on arrivera peut-être au domicile de notre suspect. Presque tous les petits mammifères forestiers vivent dans des terriers et il sera bien difficile de savoir qui les a creusés. On sait pourtant que le renard n'est pas un adepte du ménage: le seuil de sa porte est souvent plein de ses "poubelles". Il y laisse ses crottes et ses restes de repas. Tandis que le blaireau est une fée du logis. La devanture de son domicile est propre et il creuse un trou pour faire ses besoins, qu'il rebouche une fois plein.
En général, les terriers ont plusieurs entrées. Même si le résident à toutes les chances d'être blotti tout au fond, il ne sera pas possible de l'apercevoir. La plupart des terriers mesurent plusieurs mètres de long et s'enfoncent assez profondément dans la terre.
Et puis, il y a les trésors. Toutes ces choses qu'on n'est jamais assuré de découvrir mais qui font bondir de joie quand la chance sourit.
D'abord, les os et les restes. Et oui, c'est la loi de la nature. Les animaux vivent et meurent, parfois victimes d'un prédateur, parfois de mort naturelle. Et ils laissent souvent quelque chose en témoignage de leur existence.
C'est ce qu'on appelle un "massacre". Vous vous souvenez ? Je vous en ai parlé dans ma visite de Chambord. Sauf que, bien sûr, ce n'est pas moi qui l'ai chassé. Moi, je piste, j'observe et je ramasse, c'est tout.
On peut aussi trouver de simples bois. Là, c'est moins grave pour l'animal. Le chevreuil perd ses bois tous les ans et ensuite ils repoussent.
Ou des crânes complets:
Celui-ci est mort justement en pleine repousse de ses bois. Si on examine les dents, on peut constater que c'est une mâchoire d'herbivore. Des dents épaisses, plates, faites pour brouter. Bien sûr, on sait déjà que le chevreuil est herbivore mais noter la forme de ses dents nous sera peut-être utile si on trouve une mâchoire non-identifiée.
Il y a aussi les restes d'autres animaux :
Il s'agit sans doute d'un pigeon. Pas les gris qui pullulent en ville mais les pigeons sauvages.
Mais ma plus belle pièce, c'est ça :
Un crâne de sanglier presque complet !
Il arrive de tomber sur des morceaux plus faciles à déterminer et pour lesquels on n'a aucun doute, comme ces piquants de hérisson :
Ou encore ces plumes de chouette :
Et même les restes d'un bon repas :
A gauche, il s'agit d'une queue de loir trouvée à l'entrée d'un terrier. L'entrée de chez monsieur renard, peut-être ? A droite, une queue de lérot.
Et puis, au hasard d'un bosquet, on déniche parfois un lieu exceptionnel. Je vous présente la salle de bains des sangliers :
Les trous boueux s'appellent des souilles. Les sangliers adorent se rouler dedans et ensuite se frotter contre les arbres. Cela leur permet de se débarrasser de leurs parasites et de marquer leur territoire.
Jusqu'à près de un mètre de hauteur, l'écorce est complètement polie, le tronc est tout lisse et couvert d'une pellicule noirâtre. Ici, on voit même les écorchures laissées dans le tronc par les défenses. En trouvant un tel lieu, il n'y a aucun doute qu'il s'agit de sangliers. Ces sauvages ont laissé leur carte d'identité partout. Beaucoup de poils sur les arbres bien sûr et surtout, de très nombreuses empreintes dans la boue.
Même si ce n'est pas très évident sur la photo de gauche, on a bien les mêmes traces que sur celles de droite.
Car les traces, c'est le meilleur moyen de savoir avec certitude à qui l'on a à faire. Et voici comment les reconnaître :
Il faut arpenter le tour des points d'eaux: grosses flaques, mares, étangs,... Car c'est souvent le lieu de rencontre de tous les habitants de la forêt. Ils y viennent nombreux et comme les abords sont souvent boueux, on peut y trouver de multiples empreintes.
Et lorsqu'on a repéré le gisement, on n'a plus qu'à faire des moulages pour les ramener à la maison. Cette demoiselle va vous expliquer comment faire :
Voilà ! J'espère que vous en savez plus sur les empreintes animales maintenant. Et surtout, que vous allez courir en forêt pour vous constituer une belle collection.
Et si c'est la saison, n'oubliez pas de ramener des champignons.
Tags : empreintes, animaux, arbres, piste, souilles, moulage, forêt
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Commentaires
Hé, hé, c'est qu'il est malin ce loir ! Chez nous, nous sommes obligés de grillager les fraises du balcon sinon... plus de fraises. Et on a cherché le coupable un moment avant de le surprendre en pleine nuit se baladant. :)
Mais si vous trouvez des queues, il serait intéressant d'enquêter pour savoir qui vient les manger. ;)
Question Nature, j'ai 35 ans d'expériences (oui, bon, soit j'ai commencé jeune soit...) diverses et variées (qui vont du comptage de Grand Tétras dans les Alpes, à l'affût au butor étoilé dans la plaine de la Crau, en passant par l'écoute annuelle du brame du cerf...). Mon compagnon actuel n'étant pas du tout intéressé et mes enfants pas plus que ça (en fait, ça fait tellement partie de leur quotidien depuis toujours), cela fait un moment que je ne fais que des observations dans mon jardin...Je suis plutôt birdwatcheuse, mais tout m'intéresse !
Vous observez les oiseaux ? Vous êtes donc ornithorynque ! (oui, je sais, on dit ornithologue mais c'est une des blagues préférées de mon fils.^^)
Blague à part, merci pour vos conseils et précisions (donnés ailleurs) qui m'ont permis de corriger quelques erreurs et d'ajouter quelques détails.
Qu'il est bon d'apprendre tous les jours !
5marcMercredi 21 Février 2018 à 20:41bonjour vous parlez de chat sauvage .... cela n'existe pas le nom correct est chat forestier.
cordialement
6AyumiLundi 20 Juillet 2020 à 22:28Wooouaaah! Merci trop intéressant! Merciiiii bcp
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wouh!! merci beaucoup on se demandait bien à qui appartenaient les petites queues que nous trouvons régulièrement dans notre jardin! eh bien nous découvrons le loir :) merci