• L'Hystérie républicaine

    Regardons un peu en arrière et penchons-nous sur des événements déjà anciens mais extrêmement enrichissants pour juger du regard de nos élites sur l'Instruction En Famille.

    Les faits eurent lieu en 1998. Jacques Chirac était alors Président de la République, Lionel Jospin Premier Ministre.

    La crise d'hystérie collective était animée par Madame Ségolène Royal. Mais si elle avait allumé la flamme et soufflé sur les braises, l'incendie s'était propagé de lui-même, se nourrissant de son propre feu.

    L'Hystérie républicaine

    Pour une des rares fois de son existence, la république était unanime dans son combat glorieux. Majorité et opposition parlaient exceptionnellement d'une seule voix. L'Union nationale ? Ce ne pouvait être que pour une cause primordiale, essentielle et qui menaçait le pays tout entier, penserez-vous.

    Et bien... Pas tout à fait ! Simplement parce qu'un fait divers avait révélé un cas d'embrigadement sectaire dans une famille dont l'enfant était non-scolarisé.

    Ni une, ni deux, il n'en fallait pas plus pour que tous les moyens de la république, pour que tous les élus de tous bords se lancent, vent debout, dans une croisade épurative destinée à extirper le mal qu'on instillait sournoisement dans l'esprit malléable de pauvres enfants, innocentes victimes de parents cruels, tellement méchants qu'ils auraient fait passer les Thénardier pour les lutins du Père Noël.

    A son point culminant, la névrose a donné lieu à des débats on ne peut plus officiels à l'Assemblée Nationale puis à une circulaire proprement hallucinante, heureusement abrogée depuis.

    Pourquoi exhumer une affaire si ancienne ? A cela trois raisons:

    - D'abord pour illustrer par l'exemple que l'Instruction En Famille est une cible privilégiée de nos gouvernants depuis quelques décennies.

    - Mais aussi pour garder les yeux ouverts et conserver à l'esprit que de telles suspicions et tentatives de brider l'IEF peuvent renaître du jour au lendemain. N'importe quel prétexte leur sera bon. Nous allons le voir ici, avant de parler dans un prochain article d'un amalgame un peu comparable, qui est celui-là pleinement d'actualité.

    - Enfin, la troisième raison, est que ce grand emballement de l'époque a donné naissance à la loi n°98-1165 du 18 décembre 1998 tendant à renforcer le contrôle de l'obligation scolaire. Même si cette loi a été en partie abrogée et grandement modifiée, elle constitue la base de celle qui régit aujourd'hui l’obligation de déclarations et de contrôles. Ce "renforcement" nous a donc été offert par Madame Ségolène Royal, ministre déléguée chargée de l’enseignement scolaire à ce moment-là. Merci pour le cadeau !

    Nous pourrions gloser sans fin sur la nécessité d'encadrer l'Instruction En Famille... L'honnêteté nous commande de reconnaître que pour le bien d'enfants éventuellement en danger la vigilance soit de mise. Même si les cas sont très minoritaires, on ne peut malgré tout pas écarter que de tels cas peuvent exister. Et si un seul enfant est en danger, il est du devoir de tous et particulièrement de la république de lui venir en aide. Sur cela, nous serons bien évidemment tous d'accord !

    Cependant... Pour ce seul enfant qu'il faut sauver, faut-il pour autant jeter l'opprobre, la suspicion et la présomption de culpabilité sur toute une partie de la population ? Qui ne constitue même pas une communauté tant ses membres sont disparates, hétérogènes et éloignés géographiquement, politiquement, spirituellement,...

    Pour nos élus, la réponse à cette question est oui ! Si un seul fruit est pourri, il faut jeter tout le panier !

    C'est un peu comme si nous, citoyens, considérions dès qu'un politique est impliqué dans une fraude fiscale, un abus de bien social, une affaire de corruption, que tous les politiques sont corrompus, échappent au fisc ou se mettent de l'argent plein les poches. Nous nous en garderons bien, nous sommes plus intelligents qu'eux.

    Nous sommes donc le 10 décembre 1998. C'est un jeudi ! Le projet de loi a été examiné au Sénat, un grand concert de blablas a été organisé à l'Assemblée Nationale. Ce n'est plus qu'une formalité, la loi va être adoptée.

    Cette séance a donné lieu à un florilège de pépites fusant de tous bords. L'accord était parfait entre tous les flûtistes. L'hémicycle a raisonné comme un harmonium mélodieux.

    Si le courage vous étreint, rendez-vous compte par vous-même :

    COMPTE RENDU INTÉGRAL DES SÉANCES DU JEUDI 10 DÉCEMBRE 1998

    Pour les plus occupés, permettez-moi, comme dirait Rabelais, d'en extraire la "substantifique moelle".

    Le premier orateur prend la parole:

    " (...)  Je veux vous rappeler, à titre liminaire, qu’au moins 6 000 enfants de six à seize ans seraient aujourd’hui soustraits à l’école de la République et soumis à l’emprise de sectes pour leur éducation. Outre des menaces pour leur santé physique et mentale, ces enfants sont victimes de propagande sectaire et soumis à une manipulation dogmatique sous couvert de programmes éducatifs originaux. (...)"

    L'Hystérie républicaine Patrick Leroy,

    rapporteur de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales

    Parti Communiste - Plus député depuis 2002

    sa fiche )

    Ça commence fort : "au moins 6000 enfants" ! Vu que ce chiffre doit être peu ou prou celui de la plupart des enfants concernés par l'IEF à cette époque, difficile de ne pas croire que toutes les familles instructrices sont visées. Même si on ne sait pas d'où sort ce chiffre, rendons grâce au rapporteur de le minimiser avec une délicieuse pudeur. "Au moins" ! C'est dire qu'il préfère ne pas donner le vrai chiffre, celui qui est en sa possession exclusive (puisque personne ne l'a jamais vu nulle part). Dans le louable but de ne pas stigmatiser, sans doute ?

    Amateurs de Montessori, Freinet ou autres "programmes éducatifs originaux", vous êtes prévenus ! Les autorités ne sont pas dupes des manipulations mentales et "dogmatiques" que vous exercez sur les petits êtres que vous avez mis au monde dans le seul but d'entraîner vos talents de mini-gourou.

    "(... ) Pour conclure, je veux encore réaffirmer que l’école de la République doit être privilégiée pour promouvoir l’autonomie de l’enfant, l’épanouissement de sa personnalité et son ouverture sur le monde extérieur. Elle seule permet, en effet, de transmettre l’esprit des Lumières face à l’obscurantisme des sectes.(...)"

    P. Leroy

    On croit rêver ! Non seulement on a du mal à concevoir comment "l'ouverture sur le monde extérieur" peut naître confinée entre quatre murs et derrière des portails fermés à clé, mais on vient sans détour nous affirmer que l'esprit des Lumières ne peut être transmis que par l'école de la république. Absolument pas ailleurs ! Il n'y a que l'école de la république qui dispose de néons adéquats pour éclairer nos bambins.

    Après ce liminaire plein de sagesse, la ministre s'élance:

    "(...) Je tiens à souligner ici à quel point les débats menés en séance ont permis d’enrichir le texte initial et d’aboutir à son adoption, au Sénat, à l’unanimité. C’est dire que le débat que nous ouvrons ce matin dépasse les clivages partisans. (...)"

     L'Hystérie républicaine Ségolène Royal,

    ministre déléguée chargée de l’enseignement scolaire

    Parti Socialiste - Actuellement ministre de l'Ecologie

    sa fiche )

     

    Ben, tiens ! On l'a bien remarqué ! On n'a jamais vu unanimité aussi unanime ! Aucun clivage pour ce qui concerne l'IEF !

    "(...) Le second proclame la nécessité d’assurer prioritairement l’instruction au sein des établissements d’enseignement, afin qu’une loi qui date du XIXe siècle ne soit plus détournée de son objet initial.(...)"

    S. Royal

    Pour ce qui concerne "l'objet initial" de la loi, je vous renvoie à l'article consacré à Jules Ferry sur ce même blog. On y comprend mieux les motivations qui ont présidées à sa création et on comprendra qu'en effet, il est de première importance pour nos dirigeants que l'esprit de la loi ne soit pas "détourné".

    " (...) Bien souvent, au nom de l’instruction dans la famille, des enfants sont maintenus dans un état d’inculture, d’ignorance, ou pis encore, embrigadés, aliénés, maltraités. (...)"

    S. Royal

    Faut-il même seulement commenter une telle logorrhée inepte ? Les mots m'en tombent...

    Encore eut-elle commencé par "Quelquefois", "Il peut arriver que"... Mais non ! Directement un "Bien souvent" ! Comme ça ! Lancé en pleine assemblée nationale, sans vergogne ni finesse...

    Bien souvent, les politiques sont prêts à toutes les bassesses pour laisser leur nom à une loi !

    " (... ) Si la liberté des choix doit être préservée, elle ne signifie pas pour autant que tous ces choix soient équivalents ou doivent se faire au détriment de l’intérêt de l’enfant. Il nous appartient d’affirmer cette évidence, qui ne peut échapper à aucun parent, dans la loi que nous élaborons ensemble. (...)"

    S. Royal

    Autrement dit : "La liberté des choix, c'est bien mais c'est à nous de savoir quels sont les choix autorisés". Les choix ne sont pas équivalents : si c'était le contraire que vous aviez compris de la démocratie, revoyez votre copie.

    " (...) Il ne faut pas non plus que la présente loi ait un effet contraire à celui qui est recherché et que, en encadrant l’instruction par la famille, celle-ci se trouve banalisée voire encouragée. (... )"

    S. Royal

    Là, on sent que le doute l'assaille... Mais on sent surtout que la loi poursuit un objectif bien précis puisqu'elle en redoute "l'effet contraire". Et pourquoi donc, Madame Royal, l'instruction par la famille ne serait-elle pas "banalisée voire encouragée" ? Quel est le problème ?

    " (...) La représentation nationale, si elle adopte la proposition de loi, pourra compter sur moi pour prendre très rapidement les textes d’application qui donneront en particulier aux inspecteurs d’académie les moyens de protéger ces droits fondamentaux. (Applaudissements.)"

    S. Royal

    La liesse est générale, les applaudissements fusent, le spectacle réjouit tout le monde... Effectivement, comme nous le verrons plus bas, "la représentation nationale pourra compter sur [elle]" pour produire "les textes d'application". Sous la forme d'une circulaire dont nous traînons encore comme un boulet les restes carbonisés.

    Mais laissons un peu tranquille la ministre, nous aurons l'occasion d'y revenir.

    A sa suite, divers intervenants vont s'exprimer. Il n'y a plus rien à dire puisque tout le monde est pressé de voter oui mais tout de même, il serait dommage de ne pas avoir l'occasion de passer à la télévision pour canonner quelques vérités que le peuple doit connaître :

    " (...) Il aura fallu la mort d’un bébé de vingt-neuf mois dans une « communauté » des Hautes-Pyrénées, par suite de la malnutrition et du défaut de soins, pour reposer le problème de la situation des enfants vivant au sein des sectes et, par voie de conséquence, celui de l’obligation scolaire et des enfants qui y échappent.(...)"

     L'Hystérie républicaine Jean-Pierre Brard,

    Député de Seine saint-Denis

    Gauche Démocrate et Républicaine - Plus député depuis 2012

    sa fiche )

     

    Les faits rappelés par ce député sont dramatiques mais il faut quand même avoir le culot bien accroché pour nous faire admettre que l'école obligatoire à partir de 6 ans permettra d'éviter le tragique décès d'un enfant de 29 mois !!!! Réunir dans la même phrase deux propositions aussi éloignées et justifier la mise en application d'une loi sur un sujet donné par un événement qui n'a strictement rien à voir, reconnaissons que c'est de la haute-voltige.

    On a beau lire et relire cette phrase dans tous les sens, impossible de trouver le moindre rapport entre la mort d'un enfant de moins de trois ans et l'obligation scolaire. Mais nous avons là à faire à un champion de première envergure parce que peu de temps après cet exercice rhétorique qui ferait pâlir de jalousie l'avocat de Klaus Barbie, il nous avoue sans broncher :

    " (...) Qu’en est-il réellement? Ou plutôt qu’en sait-on, car la réalité va certainement bien au-delà de ce que nous savons ?(...)"

    J.P. Brard

    Il le dit lui-même : il n'en sait rien. Et d'ailleurs, personne n'en sait rien. Mais peu importe puisqu'il suppose... Il imagine... La réalité est bien pire que ce que l'on ne sait pas ! La loi est donc indispensable ! CQFD !

    Mais attendez un peu, un autre argument imparable nous attend:

    "(...) Enfin, de 30 000 à 40 000 enfants au moins de familles membres des Témoins de Jéhovah sont bien scolarisés dans des établissements relevant de l’éducation nationale, mais ils reçoivent en fait une double scolarisation, dans les fameuses « salles du Royaume ». (...)"

    J.P. Brard

    Vous voyez ! Il s'agit bien d'enfants embrigadés dans une secte... Et ils sont bien scolarisés dans l’Éducation Nationale... Donc, pour faire face à ce problème, il faut surveiller ceux qui ne sont pas scolarisés dans l’Éducation Nationale ! Re -CQFD !

    Passons à l'orateur suivant:

    " (... ) Mais, au-delà du problème des sectes, elles [ces dispositions] permettront également de mieux contrôler le niveau de l’éducation à domicile, tant pour certains publics particuliers, comme les handicapés ou les itinérants, que pour tout enfant recevant un enseignement familial. Cet aspect du texte est plus important que l’on ne pourrait le penser à l’heure où le développement des nouvelles technologies rendra plus accessible l’enseignement à domicile et multipliera certainement le nombre des élèves qui étudieront chez eux. (...)"

      L'Hystérie républicaine Bruno Bourg-Broc,

    Député de la Marne

    UMP - Plus député depuis 2012

    sa fiche )

     

    C'est une évidence, voyons ! Il faut s'adapter au monde moderne. Ce texte est important puisqu'à l'heure où les moyens de s'instruire librement, de s'informer facilement en-dehors de la doxa officielle se développent, il est urgent de contraindre tout cela. L'Instruction En Famille est devenue plus accessible. Donc, tous les parlementaires sont unis pour brider cet insupportable affront du peuple de vouloir accéder au savoir sans passer par eux et les programmes scolaires qu'ils autorisent.

    Au suivant :

    "(...) J’émettrai d’abord une évidence rassurante, madame la ministre (...) : renforcer le contrôle de l’obligation scolaire, c’est confirmer la place essentielle de l’école dans la construction d’une société ouverte et responsable. L’école est bien ce lieu où l’enfant découvre et comprend notre monde. (...) L’instruction en famille, qu’elle soit ou non sectaire, doit demeurer une exception.(...)"

       L'Hystérie républicaineChristian Kert,

    Député des Bouches-du-Rhône

    UMP - Actuellement député

    sa fiche )

     

    Là, au moins, c'est clair ! On comprend tout de suite dans quel camp est ce monsieur. Pas le nôtre visiblement !

    Un petit rayon d'espoir semble néanmoins percer dans le ciel noir, avec un député plus nuancé:

    " (...) Si le phénomène sectaire doit être combattu car il porte atteinte à la dignité de la personne et à l’ordre public, s’il doit être spécialement combattu pour préserver les enfants des excès des adultes, il est cependant difficile à appréhender. Le combat contre les  sectes doit être apprécié au regard de la liberté de conscience et de la liberté d’enseignement, qui sont des principes fondamentaux de notre République. (...) Cependant, ce contrôle des connaissances ne doit pas se faire au mépris des exigences constitutionnelles de la liberté d’enseignement et de la liberté de conscience. En effet, la liberté d’enseignement est un principe fondamental reconnu par les lois de la République. (...)"

       L'Hystérie républicaineGilbert Gantier,

    Député de Paris

    UDF - Décédé

    sa fiche )

     

    Ouf ! On respire ! Enfin une parole sensée et surtout, enfin un rappel des vrais principes fondamentaux de notre république.

    " (...) Sous ces quelques réserves, le groupe Démocratie libérale et Indépendants votera la proposition de loi. (...)"

    G. Gantier

    Et non, raté ! On est réservé mais on vote quand même. Il ne s'agirait pas de trahir les copains en rejoignant la cause des insoumis, même s'ils n'ont pas tort...

    A l'issue de ce débat passionnant, ou les expressions contradictoires ont eu toute leur place, la ministre reprend brièvement la parole:

    " Je me félicite également de la qualité des interventions et de l’accord de l’ensemble des groupes pour reprendre la proposition de loi (...)"

    S. Royal

    On la comprend ! Comment ne pas se féliciter soi-même de l'intervention des autres ? Et comment ne pas apprécier la qualité de tous ces discours qui concordent à vous donner raison ? Il ne faut pas bouder son plaisir.

    Cette belle démonstration de l'efficacité sans faille de nos institutions démocratiques achevée, il ne restait plus à Madame Royal qu'à signer d'une plume déterminée et vengeresse les textes qui permettraient enfin à l’État de reprendre la main sur l'instruction de tous les enfants qui sont sous sa coupe... bienveillante.

    Ce fut fait avec la Circulaire n° 99-070 du 14 mai 1999.

    Quelques extraits choisis:

    "Chaque année, plusieurs milliers d'enfants échappent à l'École de la République."

    Naïvement, il me semblait qu'on pouvait échapper à la prison, à la guerre, à la mort, enfin, à des choses désagréables. Mais non, on peut aussi échapper à l'école... Et il semble que ce soit intolérable !

    "Trop souvent, ces enfants sont maintenus dans un état d'inculture, d'ignorance, ou pire encore, embrigadés, aliénés, maltraités."

    Tiens, il me semble avoir déjà vu cette phrase quelque part. Quand on tient une bonne maxime, ce serait dommage de ne pas la réutiliser... Même si on peut se demander ce que des jugements de valeur viennent faire dans un texte réglementaire. Notez que le "bien souvent" a discrètement été remplacé par un plus modeste "trop souvent". Il ne faudrait pas paraître trop catégorique.

    "L'instruction dans la famille, qui fait l'objet d'un régime déclaratif, doit revêtir un caractère exceptionnel, répondant en particulier aux cas d'enfants malades ou handicapés ou à certaines situations particulières."

    Aucune loi ne disait à l'époque — pas plus que maintenant — que l'Instruction En Famille est réservée à des cas particuliers mais qu'à cela ne tienne, on n'a qu'à l'affirmer dans la Circulaire. Aucune loi ne parle de caractère exceptionnel mais seulement d'un droit librement choisi, mais qu'à cela ne tienne...

    "Les poursuites pénales peuvent donc être engagées, quelles que soient les raisons du manquement, volonté délibérée d'échapper au contrôle ou simple négligence. S'agissant d'une contravention, l'autorité judiciaire n'a, en effet, pas à caractériser une intention de commettre l'infraction."

    Bien pratique, ça ! Même si vous n'aviez aucune intention de commettre une infraction, on peut vous punir quand même.

    "Il est évident qu'une attention toute particulière doit être accordée aux enfants ayant échappé au système scolaire, dans la mesure où ils ont été les victimes d'un mode d'éducation qui les a privés de leur droit à l'instruction."

    Encore une affirmation générale sans fondement. "Ils pourraient" avoir été les victimes... "Il faut s'assurer" qu'ils n'ont pas été les victimes... Ces propositions pourraient être acceptables par n'importe quel esprit raisonnable. Mais non ! On condamne a priori : le simple fait d'avoir "échappé" (décidément, c'est une phobie !) au système scolaire les rend "victimes d'un mode d’éducation qui les a privés, gnagnagna gnagnagna..."

    [N.B. : Cette circulaire n'est plus en vigueur actuellement. Elle a été remplacée par la circulaire n°2011-238.]

    En extirpant ce cadavre du placard, il ne s'agit pas de s'attaquer gratuitement à la personne de Ségolène Royal ni à celles de tous les individus cités. Il s'agit seulement de prendre conscience de la manière dont la lutte est menée pour mieux s'y préparer à nouveau. Cet immense délire républicain qui a fait frissonner l'ensemble des bancs des deux chambres peut reprendre demain.

    Madame royal est encore en mesure de nuire : sa carrière politique n'est pas achevée et elle occupe actuellement des fonctions importantes. Heureusement pour nous, elle a pour l'heure enfourché un autre cheval. Mais nous ne sommes jamais à l'abri d'un remaniement ministériel qui la propulserait en tête de la guerre sainte pour une école pure, en première ligne de l'Inquisition républicaine qui pourrait excommunier et exorciser les infidèles.

    Certains des intervenants sont encore députés à ce jour, d'autres ont perdu leur siège à la dernière élection, rien ne dit qu'ils ne le regagneront pas à la prochaine. Ne soyons pas dupes, leur croisade reprendra dès qu'ils en auront une nouvelle occasion.

    S'il est une vérité sur les fanatiques, c'est qu'il est impossible de leur faire changer d'idées. C'est le danger qui plane sur les victimes des sectes. Et la secte de l'école républicaine est, jusqu'à preuve du contraire, celle qui fait le plus de mal aux petits enfants de France.

     
     
     
     
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  • Commentaires

    1
    demipoire
    Samedi 28 Février 2015 à 23:28

    ÉDIFIANT!!!

    C'est un réel plaisir de lire chacun de vos articles!

    Tous sont très bien documentés, argumentés, sourcés... et drôles!

    Un grand merci de nous faire partager vos réflexions!

    2
    Dimanche 1er Mars 2015 à 13:29

    Merci à vous de cette agréable opinion. :)

    3
    Lundi 2 Mars 2015 à 22:52

    merci d'avoir exhumé ces incroyables "débats" ! j'en reste bouche bée et crains toujours un peu pour notre liberté, Ségolène ayant trouvé dans la personne de Najat un merveilleux successeur (j'apprends au passage que ce titre n'a pas de féminin)

    4
    Mardi 3 Mars 2015 à 11:08

    Merci de votre fidélité, missK. :)

    Vous avez bien raison de craindre pour notre liberté. La liberté est un bien précieux mais sans cesse menacé.

    Quant à notre actuelle ministre, un article est prévu pour la démasquer. ;)

    5
    Mamamia
    Samedi 13 Juin 2015 à 12:27

    Incroyable ! Cela paraît si loin et pourtant, ce sont les mêmes personnes qu'on retrouve aujourd'hui ! Merci de nous éclairer sur cet événement "d'histoire moderne".

    6
    Samedi 20 Juin 2015 à 19:00

    "échappent à l'École de la République", comme c'est vrai. Quand on voit l'état de cette école, on ne peut qu'espérer que le plus possible d'enfants puissent y échapper. La bande à Najat n'a pas d'obligation de résultat, ni de moyen, ils font si bien ! Par contre, les autres, ces incultes, ces manants courent à la catastrophe avec leurs enfants maintenus de force à domicile. Imaginez, ces petits pourraient courir le risque de devenir enthousiastes, cultivés, instruits, quelle horreur ! Manipuler la mort d'un bébé comme l'a fait ce "Monsieur" est abject. En tout cas, c'est toujours un moment de franche rigolade de vous lire.

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