• 1984, le futur de maintenant

    Faisons un peu de conjugaison !

    1984, c'était il y a plus de trente ans. C'est donc du passé !

    Mais comme le livre a été écrit en 1948, c'était alors du futur.

    Et à le lire, nous avons la furieuse impression que certains faits que l'auteur y décrit nous sont familiers. Ce serait donc du présent ?

    Alors, que nous raconte ce futur du passé au présent ?

    1984, c'est ce célèbre roman d'anticipation écrit par Georges Orwell et qui décrit un monde totalitaire, effrayant et liberticide. Un monde peut-être pas si éloigné du nôtre...

    1984, le futur de maintenant

    Georges Orwell

    (1903 - 1950)

    Il se passe à Londres, une des grandes villes d'Océania. Pour faire simple, un empire international dont les contours sont à peu de choses près ceux de l'Otan. La guerre est presque perpétuelle avec les deux autres grands empires : Eurasia et Estasia. Leurs noms disent assez bien quelles sont leurs situations géographiques. Aucun rapport avec notre monde donc et ses blocs économico-militaires actuels.

    Big Brother est le chef sans partage du parti unique qui dirige Océania. Mais c'est surtout un leader invisible dont l'image est pourtant omniprésente. De nos jours, on dirait un avatar ou un personnage virtuel. Son portrait est partout, vous scrute à travers tous les écrans... Et les écrans sont présents dans le moindre recoin !

    Son slogan glace le sang :

    1984, le futur de maintenant

    Ces télécrans permettent non seulement de diffuser la propagande du parti mais également de voir et entendre ce qui se passe partout où ils se trouvent. Une surveillance perpétuelle qui ressemble à s'y méprendre à celle d'Internet et à l'explosion des caméras de vidéo-surveillance.

    Répétées, serinées afin de s'ancrer dans les esprits, quelques grandes maximes rappellent à tous les qualités exigées du régime.

    1984, le futur de maintenant

    soit, en français : "La guerre, c'est la paix", "la liberté, c'est l'esclavage" et "l'ignorance, c'est la force".  Cette manière d'inverser les valeurs en maniant la propagande pour convaincre les masses, de justifier le pire tout en faisant croire que le pire est le meilleur, pourrait presque nous paraître tristement actuelle.

    La société d'Océania est divisée en trois classes : le Parti Intérieur, l'élite, la crème du régime; le Parti Extérieur, constitué des classes moyennes et les Prolétaires, travailleurs et ouvriers. C'est de la science-fiction vous dit-on puisque notre monde à nous n'est pas du tout organisé ainsi.

    Le héros, Winston Smith travaille au Ministère de la Vérité. Son dur labeur est de corriger les journaux déjà parus pour corriger le passé. Le Parti ne se trompe jamais, il faut éliminer toute trace d'éventuelles erreurs. On ne peut que trouver étrange la coïncidence avec les médias actuels qui évitent scrupuleusement toute source d'informations contradictoires...

    La réécriture de l'Histoire est une des armes les plus puissantes du Parti.  "Celui qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur. Celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé." C'est un des grands préceptes de Big Brother. Nous revoilà dans notre jeu de conjugaison. Ne peut-on y voir un parallèle avec les lois mémorielles promulguées en France depuis plusieurs années, ou avec les programmes d'Histoire de l'école, de plus en plus vides, abscons et expurgés ?

    Je résisterai à la tentation de voir un miroir du Ministère de la Vérité dans notre Ministère de l’Éducation Nationale. A vrai dire, nos gouvernants, avisés, ont à cœur de confier la tâche du Ministère de la Vérité à plusieurs ministres. (EN, Culture, Justice, etc.) Pour que ce soit moins visible ?

    Mais l'outil d'oppression le plus efficace, le plus radical, le plus complet est l'utilisation de la Novlangue. Un langage officiel que peut utiliser le Parti pour faire passer, imposer ses idées. Un langage officiel le plus réduit possible pour que les mots capables d'exprimer la contestation disparaissent du vocabulaire. L'axiome est connu: moins on a de vocabulaire, plus la pensée se réduit. Ne me dites pas que vous n'avez pas remarqué... Ne me dites pas que vous ne connaissez pas ce que l'on appelle le "politiquement correct"... Tous les jours, on constate à quel point les termes officiels se vident de leur sens, deviennent des génériques lisses. Oxymores, néologismes, termes "faussement" techniques sont utilisés partout, les synonymes tendent à disparaître.
     
    Un dernier aspect du roman nous sera également largement flagrant. Celui des deux minutes de haine quotidiennes. Malgré tous ses efforts, le Parti ne peut tout de même pas cacher aux habitants d'Océania que leur vie est dure. C'est pourquoi il organise avec systématisme des séances d'hystérie collective contre des boucs-émissaires. Et cela, c'est exactement ce qui se passe dans l'actualité quotidienne où l'on met en avant des faits divers pour éviter le débat sur les problèmes plus profonds de la société.
     
    Revenons à notre conjugaison. Grâce à l'utilisation habile de la plupart des concepts devinés par Orwell, les États du monde entier sont en train de transformer notre monde imparfait en monde plus-que-parfait !
     
    C'est magique, non , la conjugaison ?
     
     
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    Pour aller plus loin :
     
     
    Le Roman
     

    1984, le futur de maintenant

    Paru en poche dans de nombreuses collections depuis sa sortie. Cette illustration est la dernière édition en date.

     

     

    Le Film
     

    1984, le futur de maintenant                                                 1984, le futur de maintenant

    Affiche du film                                                      Jaquette du DVD

    Judicieusement sorti en... 1984, ce film de Michael Radford est forcément moins complet que le livre mais offre une esthétique très dérangeante. Deux grands noms sont à l'affiche : John Hurt et Richard Burton.

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