• Petit préambule : Vous l'aurez compris à ce titre, cet article n'est que le premier d'une série destinée à vous tenir informés de nos démarches de résistants citoyens. Nous développerons quelques idées, que nous mettrons en application, et dont nous vous tiendrons au courant des résultats au fur et à mesure. Si l'une de ces joyeuses actions vous tente, n'hésitez pas à copier ou à vous inspirer. Plus nous serons nombreux à être pénibles, plus ils finiront par accepter d'écouter nos revendications. Et s'ils ne le font pas, ça nous défoulera un peu du stress qu'ils peuvent parfois causer aux familles qui ne scolarisent pas.

     

    Difficile de l'ignorer pour les parents concernés, la Ministre du grand machin national vient de signer un torchon.

    Pour rappel, le voici :

    Décret illégal et flou mais qu'on ose publier quand même

    Chez nous, ce fut la goutte d'eau dans un vase qui débordait déjà. Inutile de vous dire que ça fait donc un peu trop d'eau.

    En attendant que ce décret, qui ne manquera pas d'être attaqué en justice, retourne dans le trou des cabinets (ministériels) dont il n'aurait jamais dû sortir, nous avons choisi la voie de la résistance citoyenne. Tant que ce décret est en application (et plus encore si la loi actuellement en discussion est votée, mais nous y reviendrons le cas échéant), notre stratégie est devenue celle de l'emmerdement maximum.

    Madame la future-virée-de-son-poste a décidé de donner raison à  l'incompétence, à décidé de graver dans le marbre républicain que l’Éducation Nationale échouait mais que ces méthodes étaient désormais la seule alternative. Que les IEF et les écoles hors-contrat devraient désormais se plier aux diktats, exigences et programmes de l’Éducation Nationale. Ceci sans débat contradictoire avec qui que ce soit.

    Soit ! Nous en prenons acte.

    Mais il ne faudra pas s'étonner si cela décuple notre désir de nuisance. Madame la future-renvoyée-y'a-plus-que-quelques-mois-à-tenir veut jouer avec la loi ? Elle veut la tordre pour avoir toujours raison ?

    Et bien, prenons-là à son propre jeu. Désormais, chez nous, nous demanderons l'application stricte et entière de la loi.

    La loi, toute la loi et rien que la loi !

    Voici donc quelques petites idées que nous allons appliquer. Si le cœur vous en dit, n'hésitez pas à vous servir.

     

    Chapitre 1 : Écrire à la ministre

     

    Écrire à la ministre, c'est bien beau mais encore faut-il avoir quelque chose à lui dire, me gronderez-vous. Vous n'avez pas tort mais vous allez voir que nous avons très légitimement quelques comptes à lui demander de rendre.

    Il se trouve que le Code de l'éducation recèle dans une simple phrase un petit trésor que nous allons nous empresser d'exploiter.

    Vous pouvez me faire confiance mais si vous préférez vous en assurer par vous-même, c'est ici :

    Extrait du code de l'éducation

    Une lecture attentive (ou même pas attentive d'ailleurs) vous permettra d'apprendre que la loi stipule:

    "Le Gouvernement présente tous les trois ans au Parlement un rapport sur la manière dont les programmes prennent en compte le socle commun et sur la maîtrise de celui-ci par les élèves au cours de leur scolarité." (Art. L122-1-1, 3ème alinéa)

    Il faut savoir que le socle commun est inscrit dans la loi depuis 2005. C'est pas moi qui le dit, c'est eux :

    Site du ministère

    Ce qui signifie qu'à ce jour, nous devrions pouvoir consulter les rapports adressés par le gouvernement au parlement en 2008, en 2011 et en 2014. Le prochain sera remis au cours de l'année 2017 (n'en doutons pas !).

    Vous me croirez si vous voulez mais après des recherches fouillées sur le site du ministère, comme sur celui de l'assemblée, je n'ai trouvé aucune trace de ces rapports.

    Comment ? Serions-nous en droit de soupçonner qu'ils n'existent pas ?

    Et bien, non ! Ce n'est pas un soupçon ! Pour ce qui concerne au moins le premier, nous en avons la PREUVE. Et une preuve irréfutable puisqu'elle émane de travaux parlementaires :

    Le rapport d'information n°2446, déposé par la commission des affaires culturelles et de l'éducation en conclusion des travaux de la mission sur la mise en œuvre du socle commun de connaissances et de compétences au collège, et présenté par M. Jacques Grosperrin, député.

    (C'est le titre ! Oui, je sais, c'est long mais au moins, on ne viendra pas m'accuser de ne pas savoir d'où viennent mes sources.)

    Si vous en avez le temps, vous pouvez en lire l'intégralité, il est fort instructif. Mais pour aller plus vite, je vous retranscris le passage qui nous intéresse.

    C'est à la page 47 :

    " 1 - Un Parlement informé de la mise en œuvre du socle commun

    La mise en œuvre du socle commun devait être évaluée dans le cadre d’un rapport présenté tous les trois ans par le Gouvernement au Parlement. Comme cela a déjà été indiqué, cette exigence, figurant à l’article L. 122-1-1 du code de l’éducation, n’a jamais été satisfaite.

    Ce n’est jamais bon signe lorsque le droit d’information du Parlement n’est pas respecté. C’est encore moins acceptable lorsque l’information demandée concerne un enjeu essentiel : le respect des objectifs assignés par le Parlement à l’instruction obligatoire, c’est-à-dire de principes fondateurs pour la démocratie et la cohésion nationale et sociale.

    Il est impératif que la loi soit appliquée et que le Parlement dispose d’éléments d’information précis, tant sur le plan statistique que qualitatif. Lui devraient être ainsi communiquées, dans un rapport distinct du document budgétaire accompagnant les crédits de la mission « Enseignement scolaire », des données chiffrées sur la maîtrise du socle commun par les élèves aux différents paliers d’évaluation actuellement retenus (CE1, CM2 et Troisième), auxquels il conviendrait d’ajouter un palier supplémentaire au collège. En effet, une seule évaluation, en fin de Troisième, pour quatre années d’enseignement, c’est un peu court. Aussi une évaluation des acquis des élèves en Cinquième, année qui vient après celle de l’entrée au collège et précède les deux années conduisant au brevet, pourrait-elle s’avérer opportune.

    Ce rapport devrait également accorder une large place à l’appréciation qualitative de la mise en œuvre du socle. En particulier, l’analyse, demandée par le législateur, de la prise en compte du socle commun par les programmes devrait mettre en évidence la part qu’y occupent les thématiques interdisciplinaires. Cet « indicateur » devrait être accompagné d’un commentaire sur le volume de formation initiale et continue des enseignants consacrée au socle commun et d’une présentation des outils pédagogiques d’acquisition et d’évaluation des compétences que le ministère de l’éducation nationale juge être de « bonnes pratiques ».

    On l’aura compris : l’élaboration et la présentation de ces rapports d’évaluation doivent servir « d’aiguillon », afin de donner une impulsion forte à l’appropriation du socle commun par le ministère de l’éducation nationale et ses agents."

    C'est écrit, c'est acté, c'est archivé dans les armoires de la République. Nos gouvernements ne respectent pas la loi. (Si nous étions tatillons, nous pourrions presque dire que ça leur enlève toute légitimité)

    Ce rapport date du 7 avril 2010, ce qui nous permet d'affirmer que le premier de ces rapports n'a jamais été produit.

    Pour ce qui concerne ceux de 2011 et de 2014, nous n'avons pas de preuve (même si on se doute bien que la cote du cheval ne doit pas être bien haute et qu'on peut prendre le pari sans grand risque). Ils sont introuvables mais peut-être que c'est seulement parce que nous ne savons pas chercher. C'est certainement cela parce qu'on ne peut pas imaginer qu'un tel rappel à l'ordre de la représentation nationale soit resté lettre morte.

    C'est pourquoi, nous allons nous empresser de demander à Madame la tenante-du-titre-sortante de nous éclairer sur ces derniers rapports que ses services ont remis au parlement il y environ une cinquaine et une deuzaine d'années.

    Où sont ces rapports, Madame l’Éducatrice Nationale ? Je suis friand de les lire, je trépigne déjà d'impatience de me plonger dans la prose enchanteresse qui s'écoule comme un torrent de lait de la plume rigoureuse de vos hauts-fonctionnaires.

    Car, en effet, nous ne pouvons pas imaginer qu'on cherche à nous imposer un socle commun dont les effets n'auraient jamais été évalués, alors que ce principe était prévu selon un rythme triennal par le législateur dès sa création.

    J'ai donc envoyé mon petit courrier de citoyen qui aimerait bien qu'on lui fournisse les documents que la loi exige. Je vous le livre ci-après :

     

    Je ne manquerai pas de vous faire part de la réponse ou de l'absence de réponse, selon le cas. Et je ne doute pas une seconde qu'en cas de réponse, nous devrions bien nous amuser. [Attention, ne nous emballons pas ! Ce courrier n'est pas destiné à gagner la bataille. Si les services du ministère sont malins, ils trouveront la parade (Je l'ai trouvée moi-même et, de ce fait, j'ai une réponse toute prête). Ce courrier a pour seul but de montrer à la ministre et à sa clique qu'ils viennent d'ouvrir la boîte de Pandore.]

    Si vous aussi vous souhaitez exercer votre droit (votre devoir ?) de citoyen résistant, piochez allégrement ce qui vous sied et envoyez votre petit courrier.

    Il est temps de faire comprendre à ces belles dames et beaux messieurs que dans une démocratie, ils doivent nous rendre des comptes.

     

    Petit teaser : Dans le Chapitre 2 de ce Petit Traité de Désobéissance Civile, nous verrons comment (et pourquoi ?) réclamer son dossier complet à son DASEN.

     

     

     

     

     


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  • Lettre ouverte

     

    Chère Najat,

    (permettez-moi de vous appeler ainsi vu ce que vous nous coûtez)

    J'ai bien reçu votre petit cadeau.

    Toute la famille, bouleversée de tant de mansuétude, vous remercie d'avoir bien voulu vous pencher sur notre cas et surtout, de tout mettre en œuvre pour que nous puissions enfin instruire notre enfant dans le respect de la liberté d'enseignement et des valeurs de la république.

    C..., en tant que premier concerné, a bondi de joie en apprenant qu'il n'aurait plus besoin de s'encombrer l'esprit avec des connaissances trop lourdes pour lui, qu'il pourrait enfin, comme ses millions de camarades scolarisés, se contenter de quelques bases lacunaires qui pourront lui permettre, une fois adulte, d'exercer ses droits de citoyen en bonne intelligence avec vos incantations.

    Et en votant pour vous sans se tromper ! Puisque toute sa scolarité lui aura enseigné, comme vous l'avez rêvé, que la rébellion, c'est mal, que la liberté de penser, c'est une atteinte à la démocratie, qu'un jugement raisonné et informé, c'est du populisme et que vous contrarier, c'est faire le jeu des extrêmes et ouvrir la porte à l'arbitraire, à  la tyrannie.

    Le message est passé, Ô lumière de nos vies (permettez-moi de vous appeler ainsi puisque votre éclat illumine nos journées) !

    Nous n'étions jusqu'alors que de vils démagogues, des parents nocifs et toxiques, proches du fascisme et de la radicalisation, à la fois soutiens inconditionnels des théories dignes "des heures les plus sombres de notre histoire" (celles où vous n'aviez, hélas, pas la charge de porter au pinacle la jeunesse de France) et à la fois fervents supporters des actes terroristes qui cherchent à mettre notre pays à genoux.

    Grâce à vous, nos genoux ne seront plus écorchés, sauf lors de notre génuflexion quotidienne face à votre portrait, petit rituel familial obligatoire que nous avons instauré en reconnaissance des mille bienfaits que vous nous apportez.

    Nous qui nous étions fourvoyés sur la route cahoteuse et sans lendemain de l'Instruction en Famille, nous sommes heureux que votre magnanimité, votre amour du peuple, nous aient enfin remis dans le droit chemin. Nous n'en pouvions plus de toutes ces pédagogies alternatives, de tout cet informel, de tous ces acquis et compétences qui pouvaient surgir n'importe quand, sans aucune cohérence.

    Et, plus grave encore, en totale contradiction parfois avec les attendus de fin de cycle des sept domaines de compétences du socle commun !!! Cette irruption de la culture, presque constante, dans le petit cerveau tout frais d'un enfant qui n'en demande pas tant (pensez donc!) était à n'en pas douter une maltraitance.

    Inconscients que nous fûmes de ne pas en avoir pris la mesure avant votre rappel salutaire, Ô splendeur de mes nuits (permettez-moi de vous appeler ainsi puisque je dois avouer quelques rêves coupables où je me retrouvais "bercé dans vos bras audacieux").

    Face à ce ramassis d'insoumis, à cette dangereuse frange de la population qui ose remettre en question votre luminescence, je ne peux que me montrer solidaire de votre combat. Il est insupportable, en démocratie, de ne pas être d'accord avec vous !

    C'est vraiment ce genre d'attitude, proche de la dictature populaire, qui abîme jour après jour les valeurs de la république qui vous sont si chères et que vous restez, contre vents et marées, la seule à défendre becs et ongles (permettez-moi d'abuser des phrases toutes faites et expressions galvaudées qui devraient être les seules autorisées par l’État pour que tout débat soit sain).

    Bien que n'étant qu'un misérable vermisseau et n'ayant pas le moindre conseil à vous donner, je me permets de porter à votre connaissance cette maxime célèbre qui, j'en suis sûr, trouvera écho en votre âme de républicaine convaincue :

    Lettre ouverte

    Mais cependant, une chose m'inquiète, Ô grande prêtresse de la connaissance (permettez-moi de vous appeler ainsi puisque vous faites un dogme absolu des réformes que vous déféquez)  ! Comment vos nouvelles époustouflantes mesures pourront-elles améliorer mon quotidien rapidement ?

    Car je m'interroge... Les inspecteurs de l’Éducation Nationale maîtrisent-ils le socle commun ? Parce qu'il me serait insupportable, voyez-vous, que l'instruction de mon fils soit contrôlé par des individus qui maîtrisent moins bien le socle commun que lui, ce qui en ferait à vos yeux, si l'on en croit vos déclarations multiples, des sous-humains incapables de s'adapter dans le monde actuel et, pire encore, des suppôts de Satan qui ne respectent pas les valeurs de la République.

    L'exemple des Inspecteurs qui me furent attribués vous permettra de mieux comprendre mon inquiétude. En effet, ces dignes messieurs qui ont pour habitude de me rendre visite en cravate, ce qui témoigne de tout le sérieux de leurs fonctions, (personnellement, je ne porte jamais de cravate parce que ça me serre un peu là. Ce qui démontre à quel point ces fiers agents de l’État me sont supérieurs puisqu'on le sait, la cravate fait la compétence.), ces dignes messieurs, disais-je, seront-ils suffisamment armés contre les parents rebelles qui ne manqueront pas de venir mettre des bâtons (de dynamite ?!) dans leurs roues ?

    Je sais à quel point il est inutile de vous le rappeler, Ô grande gardienne du savoir absolu (permettez-moi de vous appeler ainsi puisque... puisque bon !), mais le socle commun stipule dans le premier de ses sept domaines de compétences, intitulé La maîtrise de la langue française :

    "L'acquisition de cette compétence est une priorité absolue. Elle passe par :

        la capacité à lire et comprendre des textes variés
        la qualité de l’expression écrite
        la maîtrise de l'expression orale
        l’apprentissage de l’orthographe et de la grammaire
        l’enrichissement quotidien du vocabulaire"

    Or, force est de le constater, le ver est dans le fruit ! Voyez vous-même :

    Lettre ouverte

    N'est-il pas évident dans ce courrier que cet Inspecteur ne maîtrise pas "la capacité à lire et comprendre des textes variés" ? Car s'il la maîtrisait, il aurait sûrement lu et compris que la circulaire lui impose un délai d'un mois minimum entre son courrier et la date du contrôle.

    Vous me rétorquerez à juste titre que je suis de mauvaise foi puisque ce pauvre homme n'a même pas connaissance de l'existence d'une circulaire. Et que de ce fait, il ne peut pas faire preuve de son extrême compétence (validée par l’État quand même) à lire et comprendre un texte.

    Vil pinailleur que je suis et qui est bien obligé de capituler devant l'évidence de cette brillante argumentation. Il ne saurait être question d'imaginer une seconde que vous puissiez vous tromper tant votre parole est d'or, Ô divine nitescence (permettez-moi de vous appeler ainsi puisque ça me permet d'écrire un joli mot qu'on n'utilise pas assez).

    Mais cela ne rassurera pas mon angoisse bien légitime. Vos amendements, décrets et circulaires seront-ils efficients dans les plus brefs délais. Car il y a urgence à sortir notre famille de ce marasme et le désespoir nous saisit en constatant que notre enfer n'est peut-être pas terminé.

    Parce que d'après un autre Inspecteur devant lequel j'ai eu la joie de me prosterner et qui continue de vivre sur ses acquis du siècle dernier, nous sommes restés à celle de 1999 :

    Lettre ouverte

    [Je vous invite d'ailleurs, Ô omnisciente dirigeante du bazar national (permettez-moi de vous appeler ainsi puisque rien ne vous échappe du fonctionnement des écoles et de l'administration dont vous avez la charge), à constater par vous-même la rigueur et le professionnalisme sans faille de tous les acteurs concernés dans le compte-rendu officiel de ce contrôle que j'ai eu l'heur de rédiger.]

    et il n'est visiblement pas le seul, si l'on en croit ce courrier envoyé à une autre famille:

    Lettre ouverte

    Si mon calcul est exact, vos nouvelles mesures ne devraient donc pas commencer à être connues de vos services avant au moins 2021. Puisqu'en 2016, soit 5 ans après la publication de la circulaire 2011-238, vos agents n'ont toujours pas reçu le mémo leur demandant de la lire.

    Et si l'on s'en tient aux deux derniers exemples (des gens bien plus sérieux et bien mieux formés que le premier puisque eux, au moins, savent qu'une circulaire existe), notre famille ne pourra sans doute pas bénéficier de ses bienfaits avant 2033. Soit 2016 + 17 ans, c'est-à-dire l'exact décalage temporel dans lequel semble vivre ces deux inspecteurs ("Nom de Zeus, Marty!").

    Vous vous en doutez, ce sera un véritable plaisir pour moi d'assurer la formation juridique de vos agents comme je le fais avec bienveillance à chaque contrôle. Comme toujours, inspiré par votre lumière divine, je prêcherai votre bonne parole en expliquant moi-même le contenu de la loi. Et je sais déjà qu'ils boiront mes paroles avec cette prodigieuse capacité de remise en question, d'adaptation et de rebond qui caractérise tous les personnels de votre glorieux ministère (Songez donc ! Moins de vingt ans pour intégrer des changements primordiaux dans la manière d’exécuter son travail ! Une rapidité qui force le respect et dont bien des institutions pourraient pâlir de jalousie).

    Mais cela sera-t-il suffisant pour les ramener dans le droit chemin ? Cela sera-t-il suffisant pour avoir la certitude qu'ils appliqueront à la lettre et sans trembler vos préceptes salvateurs, Ô machine (permettez-moi de vous appeler ainsi puisque je sèche un peu sur les superlatifs) ?

    Car, en 2021, vous ne serez plus là (et vous n'imaginez pas à quel point cela me tourmente d'avance. J'envisage une psychothérapie médicamenteuse pour affronter cette perte). Et en 2033, vous aurez disparu corps et âme, engloutie dans les tréfonds boueux d'une Histoire bien ingrate !

    Et, cerise sur le pompon, en 2021, C... ne sera plus concerné par la "scolarité obligatoire" comme vous savez si bien la nommer avec ces mots choisis qui reflètent tout votre amour du compromis. En 2033, C... sera déjà un adulte accompli.

    Devra-t-il alors songer à reprendre une formation pour enfin pouvoir maîtriser le socle commun dont je l'aurai privé, bien malgré moi ? Devra-t-il recommencer toute son Instruction en Famille pour enfin bénéficier de l’œil averti d'Inspecteurs qui, cette fois, auront intégré les changements salutaires que vous avez souhaité insuffler ?

    Voilà pourquoi j'ai si peur que vos mesures de bon sens ne parviennent pas à améliorer la qualité des contrôles que nous faisons subir aux inspecteurs.

    Mais je ne vous remercierai jamais assez d'essayer de dompter cette chienlit de parents instructeurs qui ont l'impudence d'imaginer que la démocratie les concernerait. On croit rêver !

    En vous assurant de notre reconnaissance éternelle, très chère Najat (permettez-moi de vous appeler ainsi parce que je viens de relire ma feuille d'impôts et décidément...), je vous prie d'agréer mes salamalecs cérémonieux.

     

     

     

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  • Les enfant instruits en famille devront-ils tous bientôt aller à l'école ?

    Non, rassurez-vous ! Notre ministre n'est pas un tyranneau si impitoyable. Elle respecte le libre choix des parents. Il ne sera pas obligatoire de scolariser ses enfants ! Pourvu que l'on suive à la lettre et sans moufter les époustouflants programmes de l’Éducation Nationale qui font jour après jour la preuve de leur efficacité et l'admiration de nos voisins.

    Najat prévoit des craies pour les Non-scos.

    Si vous êtes ici, c'est sans doute que de près ou de loin, vous êtes concernés par l'IEF. Donc, vous êtes sans doute déjà au courant des nouvelles mesures en cours. Toute la sphère IEF s'agite, commente, pétitionne, bruisse,...

    Je ne vais pas vous donner mon avis personnel sur ces projets. Bien d'autres en ont parlé. Tout a été dit et même très bien dit. Je vous renvoie à certains de leurs écrits qui valent la peine d'être lus :

    Chez Petit Homeschoolers

    Chez Denis Verloès

    Chez Collect'IEF

    Chez Apprendre avec Bonheur

    Moi, vous me connaissez, je ne suis pas là pour juger!

    Non, non ! Moi, je me contente de regarder, de lire et de déchiffrer les messages subliminaux que nos chers politiques tentent de nous envoyer.

    Alors de quoi parle-t-on ? Quelles sont donc ces nouvelles mesures envisagées ? (Vous noterez au passage que l'on ne parle pas de lois, qui donneraient lieu à un horrible et insoutenable débat démocratique, mais bien de mesures, appliquées à coups de circulaires, décrets et autres artifices illégaux, sans valeur et anti-démocratiques).

    Étudions donc avec toute la bienveillance qui nous caractérise ces fameuses mesures. Les voici reproduites ci-dessous:

    D'abord, le communiqué officiel. Tout joli, tout paré de bleu-blanc-rouge pour faire bien République, sobrement (comme toujours !) intitulé:

    Garantir le droit à l'éducation pour tous les enfants dans le respect des valeurs de la République et de la liberté de l'enseignement

    Ça, c'est la vitrine ! Mais comme nous sommes des consommateurs exigeants, nous ne nous contentons pas de baver à la devanture du magasin et nous passons la porte pour aller soupeser les produits. Voici donc ce qu'on trouve dans le panier de fruits pourris, que nous avons choisi d'intituler nous-même :

    Amendement, décret et circulaire déjà écrits, y'a plus qu'à signer, c'est dire si le dialogue reste ouvert !

    Mais revenons au communiqué.

    On nous dit : "Le texte prévoira désormais très clairement qu’il revient à l’autorité académique de déterminer les modalités et le lieu du contrôle"

    Vous voilà prévenus! Vous qui n'appartenez pas à l’Éducation Nationale, vous qui n'avez aucun compte à lui rendre puisque vous n'êtes même pas parent d'élève, vous serez convoqué aux lieux et heures qui arrangent votre Inspecteur. Pour qu'il ne soit pas trop éloigné de sa cantine, sans doute !

    Peu importe que vous soyez libres ou non, véhiculés ou non, l'heure du repas de votre Inspecteur, c'est sacré ! Et attention au petit malin qui aurait l'outrecuidance de vouloir faire valoir son droit à la liberté de circulation car "Les parents qui refuseront deux fois de suite, sans motif légitime, de soumettre leur enfant au contrôle pédagogique seront désormais mis en demeure de l’inscrire dans un établissement d’enseignement public ou privé (...)"

    Et devinez qui aura le pouvoir de décider si votre motif est légitime ou non ? Votre Inspecteur, bien sûr ! Qui, nous venons de le voir a grand faim, ce qui le met généralement de mauvaise humeur.

    On nous dit : "Améliorer la qualité du dialogue éducatif avec les familles lors des contrôles"

    Il faut reconnaître que le dialogue éducatif avec des fonctionnaires bornés, arc-boutés sur leurs certitudes et leur procédure unique n'est pas toujours facile. Alors, quoi de mieux que d'imposer à tous les mêmes procédures, les mêmes méthodes d'évaluation en menaçant de sanctions le moindre citoyen qui essaierait de faire valoir ses droits ? Et en décrétant par avance que l'Inspecteur a toujours raison. Ainsi, le dialogue devient enfin constructif. Et sa qualité grandement améliorée !

    "Tu fermes ta gueule et tu obéis aux ordres !" me disait mon sergent à l'époque où j'étais un pauvre troufion comme les autres. Il était lui aussi un grand partisan du dialogue amélioré !

    On nous dit : "Permettre aux inspecteurs de vérifier la progressivité des apprentissages vers le socle commun"

    Et on ajoute pour qu'on comprenne bien : "Afin de vérifier la progressivité des apprentissages, dans le plein respect des choix éducatifs effectués par les familles, (il est interdit de rire !) les inspecteurs pourront désormais se référer aux objectifs de connaissances et de compétences attendues à la fin de chaque cycle de la scolarité obligatoire. Les inspecteurs et les familles disposeront ainsi de références pédagogiques communes pour apprécier la progression de l’enfant vers l’acquisition des compétences et connaissances du socle commun."

    Alors, plutôt que de remettre en question un système qui ne fonctionne pas (tous les classements internationaux en attestent année après année), plutôt que de former les Inspecteurs aux pédagogies qu'ils sont censés contrôler, simplifions leur la tâche : imposons aux réfractaires que nous sommes les paliers et attendus de l'EN.

    Vous, parent instructeur, qui de toute évidence étiez perdu dans le maquis pédagogique, incapable de vous en sortir par vous-même, n'êtes-vous pas heureux de pouvoir jouir à présent de "références communes" ? C'est quand même plus simple, reconnaissez-le. Vous n'avez plus qu'à lire à la maison les manuels scolaires imposés et vous voilà tranquille. Vous aurez bien fait votre devoir, vos enfants en seront épanouis et reconnaissants. Ce qui, de toute façon, est anecdotique puisque le principal, on l'aura compris n'est pas le bien-être de l'enfant mais de faciliter la tâche de l'Inspecteur.

    La suite est un régal de précision. Il faut clarifier nous a prévenu la ministre. Alors pour clarifier, on stipule que "Il sera explicitement prévu que l’enfant pourra être soumis à des exercices écrits ou oraux."

    Vous voyez, c'est plus clair! Il n'est pas prévu que l'enfant "sera" soumis, ce qui aurait au moins le mérite de lever toute ambiguïté. Non, non, il est prévu que l'enfant "pourra"... Ou pas ! Ou alors si ! En tout cas, c'est "explicitement prévu" ! Il était bon de lever l'équivoque par des termes aussi limpides.

    Après cette petite analyse de texte, essayons de comprendre quels sont les objectifs revendiqués par notre ministre. Si elle fait tout ça, c'est qu'elle a de bonnes raisons, non ?

    Alors, quelles sont ces raisons et quelle efficacité auront ces mesures pour atteindre ses objectifs ? C'est à partir de là qu'on rigole.

    Objectif N°1 : réduire le nombre de recours.

    C'est vrai, ça devient franchement insupportable tous ces citoyens qui connaissent mieux la loi que leurs gardes-chiourmes et qui tentent de la faire respecter démocratiquement.
    Quels effets sont à prévoir ? Et bien, tout simplement les recours en justice vont augmenter.
    Pourquoi ? Parce que le décret entre en contradiction avec la loi, la constitution et d'autres textes fondamentaux. Mais pire encore, il est en contradiction avec lui-même puisqu'il reconnaît la liberté pédagogique mais en imposant un chemin obligatoire. Un hiatus qui ne manquera pas de créer malentendus, polémiques et interprétations diverses entre les Inspecteurs et les parents. Et tel que l'on connaît certains parents pinailleurs, il y a gros à parier qu'ils ne laisseront pas passer de si belles occasions. 

    Belle efficacité ! A l’Éducation Nationale, quand on en a assez d'être traîné en justice (et de perdre TOUS les procès jusqu'à présent !), on donne les moyens aux parents d'agir encore plus en justice. Et on se donne les conditions pour perdre à nouveau TOUS les procès.

    Objectif N°2 : Certains contrôles ne sont pas effectués par manque de moyens et de temps.

    "Seulement deux tiers des enfants sont effectivement contrôlés." précise le communiqué. Un chiffre qui m'étonne grandement puisque dans les réseaux que je fréquente, je ne connais personne qui soit passé entre les mailles du filet. Mais admettons !

    La mesure adoptée pour pallier cet inconvénient ? Augmenter le nombre de contrôles, bien sûr !
    C'est brillant ! Quand on n'a déjà pas assez de temps pour faire son travail, la mesure la plus efficiente à prendre est d'augmenter la charge de travail. Il fallait y penser ! Vous et moi serions bien incapables de trouver des solutions aussi lumineuses. Avouons donc modestement notre infériorité. La preuve est faite que nous ne serions pas capables d'être ministre. Alors, franchement, hein, de quoi on se mêle ?

    Objectif N°3 : les Inspecteurs ne sont pas assez formés aux pédagogies alternatives, d'où incompréhension avec les parents.

    Comment y remédier ? En faisant exécuter les contrôles par des profs des écoles ! Qui non seulement sont encore moins formés aux pédagogies alternatives mais, en plus, ne sont pas formés du tout à devenir des inspecteurs. J'en ai pleuré de ne pas avoir été capable d'imaginer moi-même une solution aussi éblouissante !

    Objectif N°4 : lutter contre le terrorisme.

    (Un peu mis de côté mais ne l'oublions pas quand même, c'est un tellement bon prétexte.)

    Comment répondre à l'urgence manifeste ? Car elle est manifeste, sinon on ne serait pas en "état d'urgence" (c'est écrit dans le titre quand même). En adoptant des mesures censées prendre effet à la rentrée... 2017 !

    Soit deux ans et neuf mois après les premiers attentats de janvier 2015 et un an et dix mois après ceux de novembre 2015. On admire le sens de l'urgence ! Pas de doute, on se sent bien protégé. D'autant que, nous le savons déjà, le terrorisme et l'IEF n'ont strictement aucun rapport. Du grand art !

    Objectif N°5 (déguisé celui-là) : mettre aux pas les parents instructeurs.

    On peut dire que c'est réussi ! Au départ, nous avons un groupe disparate, éclaté, constitué de gens souvent individualistes ou isolés, représentés par diverses associations qui ont parfois du mal à s'entendre. Bref, une catégorie de population qui n'a aucun pouvoir de nuisance pour les politiques à cause de leur dispersion.

    Et bien, mon petit doigt m'a dit que tous ces gens sont en train de se regrouper sous une seule bannière pour pouvoir agir en justice et peser à l'avenir dans les décisions gouvernementales.

    L'émérite et distinguée Madame Vallaud-Belkacem a réussi là où tous les autres ministres avaient échoué ! Ou comment donner à ses ennemis les moyens de vous abattre. De la grande stratégie ! L'ombre de Napoléon en pâlit de jalousie !

    Enfin, on ne pourra pas s'empêcher de s'ébahir devant cette clause de style virevoltante qui permet d'affirmer dans la même phrase une chose et son contraire (à 6'05 min. dans la vidéo) :

    "(...) renforcer le contrôle [du droit à l'éducation] pour mieux protéger la liberté [de l'enseignement]."

    Il fallait oser !

    Je propose d'en faire une maxime : "Les contrôles protègent la liberté" et de l'inscrire au fronton des écoles. C'est encore plus beau que "Le travail rend libre" (= Arbeit macht frei, en version originale).

    Si on lui ajoute une petite moustache, croyez-vous qu'elle ressemblera à son modèle ? Vous savez, celui qui a rendu l'école obligatoire dans son pays, celui qui a interdit les pédagogies alternatives et celui qui a défini les principes si salutaires d'une instruction entièrement aux mains de l’État avec un programme unique.

    Mais, si, vous voyez bien ! Lui :

    Décret Najat

    Allez, allez, soyons taquins ! Essayons !

    Décret Najat

    Ah, non ! Raté !

    En fait, elle a plutôt l'air d'être la cousine de celui-ci :

    Décret Najat

    N'est pas dictateur qui veut ! Reconnaissons-le, ça demande tout de même un certain talent dont notre ministre est notoirement dépourvue. Pour être dictateur, il faut même disposer d'une certaine forme de génie, que nous chercherions en vain dans l'esprit à courte vue d'une ministre uniquement motivée par l'envie de laisser son nom dans l'Histoire.

    Et bien, qu'elle se rassure ! L'Histoire a des choses plus importantes à retenir et elle finira dans ses poubelles comme tous ceux qui l'ont précédé.

    En revanche nous, parents instructeurs, nous ne sommes pas près de l'oublier !

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  • ..., l'imbécile regarde le doigt" dit un célèbre proverbe chinois.

    "Quand le doigt montre la lune...

    Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas le ministère, monstre sans visage, ou plutôt chimère à multiples têtes, qui sera la cible de ma vindicte aujourd'hui. Car ce 5 novembre est une journée spéciale. C'est la journée de lutte contre le harcèlement à l'école.

    Profitez-en bien car dès demain, ce sera fini. On retournera à nos petites affaires quotidiennes bien heureux d'avoir agi avec tant de conviction et du baume au cœur à l'idée qu'on n'a pas rien fait cette année.

    L’Éducation Nationale, via sa célèbre représentante provisoire Madame Vallaud-Belkacem, a décidé de s'attaquer à bras-le-corps aux problèmes de harcèlement à l'école. Sortons l'artillerie, les gros calibres... Pour agir, on agit !

    Pour l'occasion, on a concocté un épais dossier avec plein de couleurs et de schémas (sans les couleurs et les schémas, sans doute que les professeurs ne comprendraient pas de quoi il s'agit... ?).

    Je vous laisse en prendre connaissance si vous le souhaitez :

    Présentation de la première journée nationale "Non au harcèlement"

    Comme nous sommes curieux, nous ne pouvons nous empêcher de jeter un œil gourmand sur les conseils avisés du ministère à l'intention de ses personnels.

    Admirons la belle définition du harcèlement dans le préambule du dossier (dans le cadre bleu après l'éloquent édito de la Ministre):

    "Lorsqu’un enfant est insulté, mis à l’écart, menacé, battu, bousculé à répétition, on parle de harcèlement."

    Vous l'aurez noté, les mots importants sont "à répétition" ! D'où nous pouvons en conclure que si un enfant est insulté, mis à l'écart, battu, bousculé sans répétition, ce n'est pas du harcèlement. Cela n'a donc aucune importance et pas besoin d'intervenir ou de s'y intéresser. A l’Éducation Nationale, c'est ce qu'on appelle de la socialisation. Cette merveilleuse interaction avec les autres dont nous, odieux parents instructeurs, osons priver nos enfants en les gardant sous notre coupe égoïste.

    Pleine de foi, la Ministre n'hésite pas à conclure son édito en brossant les enseignants dans le bon sens:

    "Je sais que je peux compter sur l'engagement de chacun d'entre vous pour que le harcèlement ne soit plus tabou."

    Nous allons voir qu'en terme d'engagement de chacun d'entre eux, elle ne va pas être déçue. Selon les premiers communiqués des syndicats, c'est drôlement bien parti !

    Sans lésiner sur les moyens à sa disposition, outre les réunions dont l'efficacité n'est plus à prouver (si ce n'était pas efficace, on en ferait moins, voyons ! CQFD !), outre les nécessaires formations (oui, oui, nécessaires ! Si vous n'êtes pas formé, comment voulez-vous reconnaître un coup de poing d'un bisou au premier coup d’œil ? Sans formation, comment un instituteur pourrait-il à coup sûr distinguer une insulte d'un aimable jeu d'enfant, des ricanements méchants autour d'une victime prostrée d'un jeu de chandelle ?), sans lésiner sur les moyens, donc, le ministère agit en faisant diffuser un clip de...

    Un clip destiné à...

    Un clip pour...

    Bref, un clip !


    On ne sait pas très bien à quoi il servira: est-ce dans le but d'alerter les victimes ? Il semble qu'elles sont les premières au courant. Est-ce pour effrayer les harceleurs ? Pas de quoi les terroriser si d'aventure leurs yeux tombaient par inadvertance sur cette pastille vidéo. Est-ce pour avertir les parents ? Les professeurs ? Le ministère ? Mais tout le monde est au courant depuis bien longtemps, non ?

    Alors à quoi servira cette dépense inutile ? Et bien, à la même chose que d'habitude: à faire croire qu'on agit !

    Effectivement, plus moyen de contester que le ministère a pris les choses en main: on a une vidéo qui le prouve. Les gens l'ont vu, donc les gens savent que le ministère fait quelque chose. Pas ce qu'il faut, ça, nous le savons. Mais quelque chose !

    Et il faut bien reconnaître que de la part du ministère de l’Éducation Nationale, quelque chose, ce n'est déjà pas rien !

    Avant d'aller plus loin, je me permets d'ouvrir une parenthèse légèrement hors-sujet, encore que... (D'ailleurs, je ne vois pas pourquoi je ne me permettrais pas, après tout, je suis chez moi.)

    Ouverture de parenthèse

    (

    Vous l'aurez noté, cette journée d'action est sponsorisée par Disney. C'est dire le sérieux de l'affaire ! Quand un gouvernement est obligé de faire appel à une multinationale privée étrangère pour régler les problèmes régaliens qui lui incombent, on peut être sûr que c'est un signe qu'il prend l'affaire au sérieux.

    Et puis, soyons optimistes: cette bonne cause sera sans doute une excellente occasion d'écouler quelques figurines pas chères ou de plaider pour que les enfants harcelés courent se régaler devant la prochaine production de la firme, histoire de trouver quelques instants de bonheur en tube, un peu d'émerveillement standardisé dans leur triste existence de victimes. Quoi de mieux pour oublier son malheur ?

    En-dehors de Disney, point de salut pour les enfants. Voilà assez longtemps que les agents de Mickey nous le répètent et on est bien heureux que notre gouvernement en ait enfin pris la mesure. Le formatage universel a encore de beaux jours devant lui, il faut croire.

    C'est un grand classique du capitalisme: associer son nom à une bonne cause permet toujours d'augmenter ses parts de marché et partant, de faire augmenter un peu le cours de ses actions. Merci donc madame Vallaud-Belkacem, pour cette belle publicité gratuite, offerte par vos services à cette petite entreprise en péril. Ça ne fera peut-être pas avancer la lutte contre le harcèlement mais au moins, c'est bon pour les investisseurs américains.

    )

    Fermeture de parenthèse 

    Revenons donc à nos moutons, comme disait Panurge.

    Vous le constatez, mon propos liminaire m'aura permis une époustouflante plaidoirie en faveur de l’Éducation Nationale, un réquisitoire bienveillant qui aura totalement dédouané le ministère de ses (ir)responsabilités. Il ne s'agit pas de ma cible aujourd'hui, d'où mon exceptionnelle indulgence à son égard. (Non ? Ah ? Il me semblait pourtant avoir essayé...)

    Venons-en alors au véritable objet de cet article.

    Maintenant que vous avez visionné le petit film, vous voilà averti. A présent, vous en valez deux ! Admettons que jusqu'ici, vous n'aviez jamais entendu parler de quoi que ce soit, vous n'étiez absolument pas au courant que des actes sauvages et primitifs avaient lieu dans le sein douillet et moelleux de nos établissements scolaires. Jamais au grand jamais vous n'auriez pu vous douter. (Un trrrrrrrès long séjour à l'étranger peut-être ?).

    Donc voilà, vous êtes désormais dans la confidence. En assistant à cette petite séquence, nul doute que vous entrez en empathie avec ce malheureux petit garçon, cible de toute sa classe et dont les journées sont pour lui un enfer.

    Faux ! Vous êtes à côté de la plaque ! Vous n'avez rien compris au film ! Revisionnez ! Regardez mieux ! Alors, vous le voyez cette fois le véritable scandale ?

    N'est-ce pas proprement inouï de représenter ainsi une professeure des écoles ? (Vous noterez dans cette dernière phrase l'application de deux des plus importantes réformes de ces trente dernières années: le nouveau nom des instituteurs – parce que le mot était il faut croire incompréhensible et qu'il était donc urgent de clarifier la situation en adoptant comme à l'accoutumée un terme pompeux et abscons pour le remplacer – , et la féminisation des noms en -eur auxquels nous sommes autorisés désormais à ajouter un -e. Vous ne pourrez pas dire que je ne fais pas d'efforts !)

    Sans cœur que vous êtes à oser plaindre ce pauvre enfant qui découvre les joies de la collectivité bienveillante, qui se confronte aux valeurs de la république, qui reçoit une leçon quotidienne sur l’altérité et le respect de la différence ! Monstre dépourvu de sentiments qui avez le toupet de vous ranger du côté de cette fausse victime, dont le seul but est de déstabiliser par ses jérémiades incessantes cette brave enseignante, de lui coûter peut-être (horreur!) quelques points sur son évaluation...

    Alors que n'importe quel humain doué de raison (comme par exemple un syndicaliste enseignant) ne retiendra dans ces images que la caricature honteuse, la représentation injurieuse qui est faite d'une profession pourtant sans faille.

    Hélas non, ce n'est pas de la médisance, c'est de l'actualité. La triste et sombre réalité :

    Le Monde

    Le Point

    Vous qui êtes allés à l'école, vous vous souvenez peut-être d'un ou d'une prof qui aura marqué votre esprit et vous aura apporté énormément. Car oui, ils existent ! La plupart d'entre nous aura eu l'heur de rencontrer un de ses (rares!) spécimens. Mais comme disait Audiard, que j'aime bien citer, sur un autre sujet : "Il y a aussi des poissons-volants mais ils ne constituent pas la majorité du genre !".

    Car vous qui êtes allés à l'école, vous vous souvenez à n'en pas douter de Monsieur Bidule ou de Madame Machin qui ressemblaient à s'y méprendre au portrait présenté ici ! Et je suis même prêt à parier que dans votre carrière d'écolier, vous avez croisé beaucoup plus de Monsieur Bidule ou de Madame Machin que de poissons-volants !

    Comment ne pas s'émouvoir de la haute conscience qu'a le corps professoral de son beau métier ? Au lieu de se scandaliser que des actes de harcèlement aient lieu au sein de leurs établissements, sous leurs propres yeux recouverts, il faut le croire, d'une épaisse couche de... quelque chose qui leur bouche la vue, les syndicats d'enseignants s'élèvent comme un seul homme contre ce clip qui porte atteinte à leur honneur.

    Pour une fois qu'une ministre fait quelque chose...

    En dépit du bon sens, nous en sommes d'accord ! Mais comme nous penchons vers une éducation positive, nous préférons encourager les initiatives, même ridiculement et ostensiblement inutiles, plutôt que de griffonner en rouge des commentaires rageurs et humiliants sur la copie de l'élève Vallaud-Belkacem (qui mériterait pourtant amplement les fameux "médiocre" ou "peut mieux faire" dont son armée de chiourmes tartinent allégrement les devoirs de nos rejetons).

    Ce qui choque les syndicats, ce ne sont pas les actes de harcèlement. Avez-vous le souvenir d'avoir entendu les syndicats d'enseignants sur ce sujet ? Avez-vous en mémoire la dernière grève des personnels enseignants pour réclamer qu'enfin, on agisse contre le harcèlement ? Pour ma part, non !

    Ce qui choque les syndicats, c'est qu'on montre devant toute la France la réalité d'une salle de classe. Évidemment, nous savons que tous les professeurs ne sont pas comme celle présentée dans cette vidéo. Fort heureusement ! Et pourtant, ce type de "professionnel" existe. Nous en avons tous fait l'expérience en tant qu'élève, parents d'élèves ou membre de la famille d'un élève. Tous !

    Du reste, si ce type de "professionnel" n'existait pas, le sujet n'aurait pas lieu d'être puisque ce genre d'actes de harcèlement ne pourrait pas avoir lieu.

    Et au lieu de chasser les brebis galeuses, d'agir pour que plus un seul "professionnel" ne manque à ses devoirs, les syndicats préfèrent se scandaliser de la caricature qui est faite de leur noble profession.

    Quand un sujet de cette importance, qui mérite un large consensus, qui devrait toucher chacun d'entre nous même quand il n'est pas parent, puisqu'il s'agit tout de même de drames parfois mortels concernant des enfants, quand un sujet comme celui-ci , qui ne devrait souffrir aucune polémique, débarque sur la table, les syndicats d'enseignants n'ont rien de mieux à faire que de pleurnicher sur leur image médiatique.

    Comme si les angoisses, les dépressions, les souffrances, les suicides parfois, d'enfants et d'adolescents ne pesaient rien face au confort moral d'une poignée d'adultes. Pauvres petits choupinous qu'il faudrait plaindre tant ce qu'ils vivent quand on leur jette ces images à la face (il parait qu'un instituteur de la Creuse en a fait tomber son café à la récréation, c'est dire !) n'est en rien comparable aux lamentations injustifiées de ces sales mioches, dont ils savent bien eux, professionnels de la profession, que la plupart du temps, c'est quand même un peu exagéré.

    Chacun est libre de mener les combats qu'il veut mais on peut quand même s'attrister du sens des priorités des syndicats. On peut pour le moins trouver leur indignation curieusement sélective. Et le pire, c'est qu'ils sont pour une fois unanimes ! Aveuglement, outrecuidance, mépris ! Voilà tout ce que révèle leurs réactions officielles ! On ne m'ôtera pas de l'idée qu'il y a quand même parfois des circonstances où il faut savoir fermer sa gueule !

    Vous faites ce que vous voulez mais pour ma part, il est hors de question que je confie mon enfant à ces gens-là.

     

     


     

     

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  • Tous les ans, c'est la même rigolade. On attend avec la même impatience les résultats du Bac pour savoir si oui ou non, le record de l'année dernière sera battu.

    C'est qu'on nous a promis un taux de réussite exceptionnelle au baccalauréat, diplôme d'excellence s'il en est, salué dans le monde entier comme le sésame qui permet l'accès aux plus grandes écoles internationales, toutes éberluées par la teneur prodigieuse de ce diplôme qui traduit la qualité de notre instruction nationale, seule capable de produire des élites, dernier vestige du génie français.

    Le suspens est intense, à couper au couteau. Nos chérubins réussiront-ils à décrocher leur laissez-passer pour une vie professionnelle épanouie ?

    Quelques nouvelles du Bac... à sable !

    Candidats au Bac 2015 en pleine épreuve

    Les résultats tombent ! Ouf, on respire ! Presque 90% de réussite ! Le talent, l'imagination, la culture, le savoir ne sont pas morts en France. Le monde entier applaudit cette moisson de bacheliers, tous plus éclairés, lettrés et avisés les uns que les autres.

    Une fois de plus, nous faisons baver de jalousie nos voisins devant nos résultats époustouflants. Mais quel est donc, se demandent-ils, le secret de l’Éducation Nationale française pour amener avec une telle régularité, un tel succès retentissant année après année, toute une classe d'âge au niveau universitaire ?

    Et bien, il suffit de quelques petits trucs tout simples. Jugez plutôt:

    D'abord, en premier lieu, ne pas se formaliser sur l'ortografe, l'aurtaugraffe, l'aortogrraffe, l'... (bref, aucune importance, mes correcteurs seront indulgents).

    C'est qu'on ne va pas pénaliser bêtement nos pauvres chérubins avec quelques dizaines de fautes dans une copie de géographie où l'important, reconnaissons-le, n'est pas qu'ils sachent écrire le mot Aucéan, osséant, eauçaihan (grrr, c'est pourtant vrai que c'est dur l'orthographe!) mais qu'ils sachent placer l'île de la Réunion dans le Pacifique, comme tout un chacun (en tout cas comme notre Premier Ministre. Si, si, je peux le prouver : extrait de la vidéo. C'est lui le Premier après tout, donc s'il le dit, c'est pas trois pauvres profs qui vont le contredire quand même. Non mais !).

    Donc, après avoir écarté cette difficulté insurmontable, vieille lune passéiste qui date du Moyen-Age et qui empêche nos génies boutonneux d'accéder à la carrière universitaire à laquelle ils sont en droit de prétendre puisqu'on leur dit depuis des années que c'est bien normal et qu'ils y auront tous droit grâce à la générosité de la république qui s'active pour leur offrir ce dû; après avoir, disais-je, éliminé le principe des fautes qui ne doit plus avoir cours au XXIème siècle où la connaissance principale, la compétence de l'avenir est de savoir couvrir de gras avec ses doigts l'écran de son Smartphone; après avoir donc (c'est pénible d'être interrompu sans cesse par moi-même dans le fil de mon propos !), mis de côté cette notion réactionnaire et inutile de l'orthographe, on aura déjà fait un grand pas en avant vers l'accession de tous à la culture.

    Je n'invente rien (je n'invente jamais rien, hélas, je ne fais que constater), vous pouvez le vérifier vous-même, par exemple dans cet article de RTL.

    C'est que nos gouvernements sont réactifs ! Confrontés depuis des années à la baisse inexorable du niveau en français, ça devenait pour eux un vrai casse-tête de respecter leur engagement de 90% de bacheliers.

    Heureusement, les têtes pensantes ont su trouver la parade. On eût pu essayer d'améliorer l'apprentissage en primaire de la lecture et de l'écriture mais avouons que ça représente un travail pharaonique et une confrontation avec les syndicats un peu trop... conflictuelle. Il vaut donc mieux prendre des mesures fermes, qui assureront la pérennité du taux de réussite, plutôt que de se noyer dans des débats sans fin, nécessaires peut-être, mais sans fin. Alors, heu, hein, bon... On va faire comme ça, c'est plus simple.

    Observons un peu les méthodes révolutionnaires de notre beau ministère (notez bien ces ficelles, vous en aurez besoin si d'aventure vous devenez ministre de l’Éducation Nationale) :

    ASTUCE N° 1 : Ne pas sanctionner les fautes !

    Déjà, avec cette courageuse décision, vous êtes assuré de ne pas trop courir à la catastrophe cette année. Madame Vallaud-Belkacem pourra conserver son éternel sourire à la proclamation des statistiques.

    Mais cela ne suffira pas probablement pas ! Car le corps enseignant est confronté à des difficultés encore plus difficiles, à des problèmes encore plus problématiques. Malgré des années de cours d'une efficacité qui n'est plus à prouver, voilà que les élèves ne savent même plus comprendre un texte simple.

    On se souvient qu'en 2014, nos chers adolescents à l'esprit aiguisé, s'étaient plaints à juste titre de la difficulté d'un texte de Victor Hugo qu'on leur avait soumis. Fins orateurs, ils avaient brillamment exprimé leur mécontentement sur Twitter, dans des termes délicieux et raffinés qu'ils avaient sans doute appris sur les bancs de l'école.

    Ainsi, ils nous avaient régalés d'une captivante analyse de texte et d'une flamboyante critique à base de "Ouech, Victor Hugo, fils de p..." "Hugo, je t'enc..." "L'enf... de sa race, on comprant rien à quoi qu'il écrit" et je vous en passe, tous ces bouleversants messages sachant rendre grâce à l'un de nos plus grands génies littéraires m'étreignant d'une émotion bien compréhensible à chaque fois que je les lis.

    Si le cœur vous en dit (parents instructeurs, éloignez vos enfants qui, eux, sont à l'abri de ce genre de vocabulaire !), voici quelques exemples :

    Quelques nouvelles du Bac... à sable !

    Devant ces justes revendications, le ministère a su tirer les leçons de ses erreurs et, dans sa grande sagesse, a su cette année ne pas imposer un vieil auteur mort et inutile à ces esprits modernes. Hugo a donc été remplacé par Laurent Gaudé.

    Continuons notre liste de mesures prioritaires :

    ASTUCE N°2 : remplacer un monument de la littérature par un auteur médiocre !

    Peu importe ce qu'on pense de cet auteur, il faut bien reconnaître que là, on est dans la modernité, dans le concret, dans le contemporain. Cuisant échec à nouveau et nouvelle vague de protestations, Ô combien légitimes, de ces pauvres candidats. C'est qu'on avait bêtement choisi un extrait plein de métaphores. Alors, déjà que le mot est compliqué, si en plus, il faut comprendre ce qu'il veut dire, comment voulez-vous que les impétrants s'en sortent ?

    Ce pauvre monsieur Gaudé ne sera donc pas beaucoup mieux traité que son illustre prédécesseur et aura droit, lui aussi, à son lot de messages déchirants qui crient le désespoir de toute une jeunesse qu'on assassine.

    Rendez-vous compte par vous-même (même avertissement que précédemment: soyez prudents, ça pique les yeux !):

    Quelques nouvelles du Bac... à sable !

    Quelques nouvelles du Bac... à sable !

    Il faut donc bien en arriver à la conclusion qui s'impose: après plus de dix années d'école obligatoire, ce qui dérange les candidats au bac, ce n'est pas qu'un auteur soit vivant ou non, contemporain ou classique, talentueux ou non. Non, ce qui dérange fortement les candidats au bac, c'est que les auteurs ont l'outrecuidance d'écrire des mots qui forment des phrases qui forment des textes !

    Ce qui est tout de même une vision du monde hautement dépassée à l'heure où quelques consonnes suffisent bien largement à exprimer sa pensée. Si j'osais, je me permettrais de dire, comme les futures élites de la nation que l'école est en train de former, que: "lol, mdr, ptdr" ! Mais je ne possède pas, hélas, cette grâce stylistique.

    Pour plaider en faveur des infortunés candidats, il faut avouer que les concepteurs des épreuves ont toutes les audaces puisqu'en série S, dite scientifique, ils se sont permis avec arrogance de proposer aux postulants des exercices de physique-chimie !

    Quand on n'a pas l'esprit scientifique, on sera bien obligé de reconnaître que la physique et la chimie, c'est drôlement compliqué. Mais on serait de mauvaise foi de ne pas admettre que, même si on est censé s'être spécialisé dans l'étude des sciences (grâce à un système d'orientation de pointe, chacun le sait), la physique et la chimie, c'est compliqué quand même.

    D'où le scandale judicieusement dénoncé par ces élèves, qui auraient préféré sans doute qu'on leur posât des questions plus faciles du genre "L'eau est-elle liquide quand elle a fondu ?" ou "Est-ce qu'une gazinière à gaz utilise du pétrole ?".

    Heureusement, le ministère n'a pas mis longtemps à réagir (super réactifs, je vous dis) et s'est aussitôt fendu de consignes qui incitaient les correcteurs à l'indulgence, comme nous le raconte, par exemple, Metronews (mais aussi tous ses collègues). Voici même en bonus le fac-similé du document original:

    Puisque l'exercice était difficile, il était indispensable de changer le barème et de considérer qu'un 5/20 était à peu près l'équivalent d'un 18 et méritait une mention. Il faut tout de même bien récompenser la bonne volonté des candidats qui ont accepté de faire l'effort de se lever dès le matin pour assister aux épreuves.

    D'où un nouveau petit truc à ajouter dans notre précieuse liste:

    ASTUCE N°3 : changer le barème de correction pour que tout le monde ait gagné !

    On le voit, le ministère sait rester connecté et profiter des énormes bienfaits des réseaux sociaux pour se montrer à l'écoute des malheureux candidats qui n'ont de cesse d'y pleurnicher, avec force insultes et exigences.

    Ce qui nous conduit à cette nouvelle astuce:

    ASTUCE N°4 : tenir compte des plaintes des élèves !

    C'est qu'il faut les comprendre, ces mignons futurs ingénieurs. On leur a tellement répété que 90% d'entre eux auraient le bac qu'ils considèrent désormais que c'est un dû.

    Certains se demandent même pourquoi on ne les convoque pas directement pour leur remettre le diplôme avec fanfare et haie d'honneur de la Garde Républicaine dès le 25 avril, pour avoir eu l'immense bonté et la grande abnégation d'assister à des cours quelques heures par semaine alors qu'on sait bien qu'ils avaient plein d'autres choses importantes à faire comme regarder des émissions de télé-réalité ou poster des photos d'eux sur internet en train de... poster des photos d'eux sur Internet.

    Ils sont tellement persuadés de leur bon droit qu'ils n'hésitent plus à réclamer de manière démocratique – car on leur a inculqué les chères et fameuses valeurs de la république– en signant de multiples pétitions (avec une croix ?).

    Hop, une petite pétition pour changer le barème de l'épreuve de maths ! Hop, une autre pour réviser les sujets d'ETT (je ne sais même pas ce que c'est) ! Re-hop, une troisième pétition pour réclamer l'indulgence de la notation de l'épreuve de physique-chimie ! Et re-re-hop, encore une pétition pour supprimer une question de l'épreuve d'anglais ! (je vous laisse savourer les fautes d'accord, syntaxe hésitante, orthographe aléatoire de nos presque adultes qui démontrent avec fulgurance leur niveau à peine équivalent à un CM1)

    Devant une telle unanimité, il nous devient impossible de ne pas reconnaître que le bac est devenu bien trop difficile ! Comment en douter puisque ce sont les intéressés eux-mêmes qui nous l'apprennent ?

    Aussi, et je ne doute pas que ma proposition sera étudiée avec bienveillance et d'un œil favorable au plus haut niveau de l’État, parce qu'elle est censée, raisonnable et tout-à-fait en adéquation avec la politique de l’Éducation Nationale de ces vingt dernières années, je propose une dernière astuce pour définitivement asseoir le taux de réussite, pour époustoufler le monde occidental dans son ensemble qui ne pourra plus que se prosterner devant le triomphe de l'école française:

    ASTUCE N°5 : Supprimer l'épreuve et attribuer le bac sur pétition !

    Le meilleur moyen de gagner un temps fou, de faire des économies et de permettre aux élèves et professeurs de partir en vacances plus tôt (magie d'Internet et de la modernité: on peut très bien pétitionner depuis la plage).

    De toute manière, ça ne changera strictement rien: ils feront autant de fautes dans leurs pétitions que dans leurs copies.

     

     

     

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  • Vous allez encore trouver que je suis moqueur mais tout de même... Je ne pouvais quand même pas laisser passer cette info sans vous faire partager ma franche rigolade.

    Faisez gaffe à l'ortografe quand même

    L'affaire (affaire d’État, n'ayons pas peur des mots !) a été révélée par l'excellent site Bescherelle ta mère, et repris un peu partout depuis (Le Figaro, BFMTV, Ouest France, etc.)

    Mais au cas où l'information vous aurait échappé malgré tout, je m'en vais vous la faire partager. Je ne vous retiendrai pas longtemps, juste le temps d'un sourire.

    De plus, graver ici l'illustration de l'incompétence quotidienne de l’Éducation Nationale permettra d'éviter que la réalité des faits se perde dans les limbes, puisqu'on ne le sait que trop, une info chasse l'autre et aucune dépêche ne marque les mémoires bien longtemps. Cela me permettra également de garder des cartouches sous le coude pour mettre le nez dedans à mon inspecteur dans le cas où il se permettrait de se montrer hautain et pédant (on ne sait jamais, mon petit doigt m'a dit que certains osaient).

    Ainsi, comme l'atteste cette photo, une belle faute figure en bonne et due place sur les consignes du brevet 2015 distribuées aux élèves:

    consignes brevet 2015 avec faute

    Bon, ça peut arriver, admettrons-nous dans notre grande clémence. Errare humanum est, clamerons-nous avec magnanimité (ce que bientôt plus personne ne comprendra puisqu'on vient de nous expliquer que le latin était une langue de has-been).

    Quelqu'un dans l'académie de Paris, harassé par sa charge de travail a laissé passer une faute d'accord. D'accord ! Et les 320 personnes du ministère chargées de la relecture, de la correction, de la validation et de l'impression du document, harassées par leur charge de travail, ont bêtement laissé passer une faute grossière. Ça peut arriver à tout le monde...

    Mais quand un deuxième exemple nous saute à la figure, il est temps de ranger notre indulgence au fond de notre poche et de tressauter dans un rire désespéré. Effectivement, à l’Éducation Nationale, ça arrive à tout le monde ! Voyez vous-même la convocation pour le bac 2015 dans l'académie de Besançon. Convocation qui concerne l'épreuve de... français !

    convocation bac 2015 avec faute

    Comme je ne suis pas du genre à tirer sur les ambulances, je n'ajouterai aucun autre commentaire. Je me contenterai d'une simple question :

    A quand ce genre de courrier aux parents instructeurs d'enfants non-scolarisés ?

    "Madame, monsieur,

    En applicassion des articles machin-bidule-chouette (aucune importance, de toute façon, ils mentionnent des articles obsolètes comme nous l'avons constaté dans Ils osent tout... ), j'ai l'onneur de vous faire savoir que je procèdera aux controle de connaissance de votre fils, afin de vérifié que la progretion retenue lui permettrais d'aquérir les nossions du sokle comun."

    (Tiens, je ne dois pas avoir le même traitement de texte que l’Éducation Nationale parce que je vois du souligné en rouge partout. Ils doivent utiliser un traitement de texte maison conçu par les informaticiens du ministère. Enfin... Faut croire... Parce que chez moi, c'est vraiment rouge partout !)

    Vous l'aurez noté, les documents présentés sont quand même un peu sérieux. Il ne s'agit pas d'une liste de courses, il s'agit des documents officiels d'examens destinés à valider la maîtrise du socle commun voire au-delà.

    Ce fameux socle commun, graal sacré que tout citoyen digne de ce nom se doit de maîtriser, sous peine d'être immédiatement déchu de sa nationalité, excommunié, roué en place de grève. Ce fameux socle commun qui stipule clairement dans le premier de ses sept domaines de compétences, intitulé La maîtrise de la langue française :

    "L'acquisition de cette compétence est une priorité absolue. Elle passe par :

        la capacité à lire et comprendre des textes variés
        la qualité de l’expression écrite
        la maîtrise de l'expression orale
        l’apprentissage de l’orthographe et de la grammaire
        l’enrichissement quotidien du vocabulaire"

    (Si vous ne craignez pas que l'endormissement vous gagne, vous pouvez le vérifier sur le site officiel.)

    J'ai souligné pour vous les passages qui vous démontrent à quel point ceux qui se permettent d'avoir des exigences se gardent bien de les appliquer à eux-mêmes. Le socle commun, c'est bon pour le quidam mais quand on a la carte du ministère, apparemment, on est au-dessus de ça.

    N'est-ce pas rassurant de voir que les multiples agents de toute cette belle machine (in)humaine, à la fois juges, témoins, procureurs, avocats et gardiens de prison de notre belle jeunesse, que tous ces donneurs de leçons (au sens propre), que ces garants de la qualité d'instruction (comme ils aiment à se présenter en frappant au domicile des familles instruisant à la maison); n'est-ce pas rassurant de voir que parmi tous ces doctes spécialistes, une grande part d'entre eux sont tout simplement incapables de voir à la lecture une faute qu'on n'est plus censé faire à partir du CM1 ou à peu près ?

    Ne riez pas ! Ce sont les mêmes qui vont corriger les copies de ces dits examens !

     

     

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