• Labo de biologie: les chauve-souris

    ... les chauves-souris

     

     

    La chauve-souris est un petit animal très commun. On la trouve partout, aussi bien en ville qu'à la campagne, ce qui permet de s'amuser à l'observer.

    Pour vous rafraîchir un peu la mémoire, jetons un œil sur la classification simplifiée des animaux :

    classification animale

    Attention, j'ai bien précisé simplifiée. Parce que les exceptions y sont très nombreuses. Et c'est justement une de ces exceptions que nous allons examiner.

    Donc, si je vous dis chauve-souris, dans quelle classe allez-vous la mettre ?

    • Elle a des ailes. Vous pouvez penser que c'est un oiseau.
    • Oui, mais, elle a aussi des poils. Ce serait alors plutôt un mammifère.
    • Seulement voilà,  un mammifère, ça ne vole pas.

    Labo de biologie: les chauve-souris

    Alors ? Où est-ce qu'on peut la ranger notre petite chauve-souris ?

    Aussi étrange que ça puisse paraître, elle allaite ses petits, c'est donc bien un mammifère.  Et elle est même le seul représentant des mammifères volants.

    Elle appartient à l'ordre des chiroptères. Ou plutôt, pour être parfaitement précis, elle est l'ordre des chiroptères qui ne comprend que des chauves-souris (mais on en compte plus d"un millier d'espèces différentes).

    Décidément, elle est vraiment à part cette chauve-souris ! Je parlais d'ailes un peu plus haut. En réalité, le terme est impropre. Il ne s'agit pas d'ailes mais d'une membrane de peau très fine (le patagium) qui relie ses doigts. Ses doigts ? Parce qu'en plus, elle aurait des doigts ?

    Et oui, elle a des doigts, des mains et même des bras, (presque) comme nous. Le mot Chiroptère vient des mots grecs -chiro qui signifie main et -ptera qui signifie aile. Mais regardez :

    morphologie chauve-souris

    Comme on peut le voir, ses doigts sont disproportionnés mais elle en possède cinq. Son squelette est donc plus proche du nôtre que de celui d'un oiseau. L'oiseau utilise son bras tout entier pour voler tandis que la chauve-souris se "contente" d'agiter les doigts :

    Labo de biologie: les chauve-souris

    Quand la nuit commence à tomber, tous les oiseaux vont se coucher. Si vous regardez en l'air, vous ne verrez plus personne. Et puis, soudain, vous verrez une ombre noire voler très vite, faire des allers-retours, tourner au-dessus de votre tête en mouvements vifs et saccadés.

    Pour la repérer plus facilement, observez les abords des lampadaires au tout début de la nuit.

    pipistrelle réverbère

    Comme la lumière attire beaucoup d'insectes, c'est un véritable supermarché pour la chauve-souris qui est un animal insectivore. L'avantage pour nous, c'est que l'éclairage permet en plus d'apercevoir sa silhouette tournoyante.

    En revanche, ce n'est pas la lumière qui l'aide à attraper ses proies. Sa vue est bonne mais de nuit, elle ne voit pas mieux que nous. Et comme sa vie est essentiellement nocturne, elle a dû développer pour compenser un super-pouvoir qu'on appelle: l'écholocation.

    Comment ça marche ? Comme ceci :

    echolocation

    La chauve-souris émet un cri qui nous est inaudible: ce sont des ultra-sons. Ces sons rebondissent sur les objets qu'ils rencontrent et sont renvoyés vers l'expéditeur, ce qui lui permet de repérer les obstacles... ou les casses-croûtes. Et elle est plutôt gourmande: en une nuit, une Pipistrelle peut engloutir jusqu'à 600 moustiques !

    Mais elle n'est pas la seule à utiliser ce genre de système pour se déplacer à l'aveugle. L'écholocation est également très utile pour se repérer ou chasser dans les profondeurs sombres des océans :

    Labo de biologie: les chauve-souris

    En ville, la chauve-souris se cache pendant la journée partout où elle peut. Et les endroits sont nombreux: les clochers, les greniers, les combles d'immeuble,... J'en ai même surpris une en bas de l'escalier de ma cave. Accrochée au mur, elle était toute tremblante quand j'ai allumé la lumière et que je suis descendu.

    Dans la nature, elle s'installe dans les grottes, les failles, les trous dans les arbres ou dans les falaises,... Comme j'adore visiter des grottes, j'en ai déjà observé très souvent.

    Par exemple, celles-ci:

    chauve-souris                      chauve-souris

    Elle reste au repos toute la journée suspendues aux aspérités par les griffes de ses orteils, en adoptant un comportement léthargique. En économisant ses mouvements, elle économise son énergie, si précieuse pour voler. Son rythme est d'environ 20 heures de sommeil la tête en bas pour 4 heures de chasse nocturne.

    En général, les femelles se regroupent en colonie pour donner naissance à leur petit, généralement un seul par an. Elles l'allaitent entre 6 semaines et 3 mois selon les espèces.

    L'hiver, la chauve-souris hiberne. Tout son organisme se met au ralenti, son rythme cardiaque descend à une pulsation toutes les 3 minutes tandis que la température de son corps n'excède pas quelques degrés.

    Mais laissez-moi vous présenter quelques espèces qu'on rencontre dans nos contrées et que vous pourrez peut-être contempler.

     

         La Pipistrelle 

    pipistrelle                 pipistrelle en vol

    Son nom scientifique est Pipistrellus pipistrellus. Pas trop dur à retenir ! C'est la plus petite chauve-souris d'Europe et la plus répandue en France. Son corps mesure entre 3,5 et 5,5 centimètres.

    On reconnaît la Pipistrelle à son museau sombre,  à son pelage brun-roux sur le dos et brun-gris sur le ventre. Elle a une petite bouille plutôt mignonne.

     

     Le Rhinolophe 

    rhinolophe             rhinolophe en vol

    On compte plusieurs espèces dont le Grand Rhinolophe, le Rhinolophe Euryale et le Petit Rhinolophe. Leur trait commun est un museau très prononcé, en forme de fer à cheval. C'est par le nez qu'ils émettent les ultra-sons qui servent à leur écholocation.

    Le Grand Rhinolophe mesure entre 5 et 7 centimètres. Il vit en moyenne 15 à 20 ans. Et il n'est pas mignon du tout.

     

     Le Murin 

    murin                      murin en vol

    Il y a 25 espèces de Murins en Europe et elles sont très difficiles à distinguer entre elles. Le museau du Murin est lisse contrairement au Rhinolophe. Sa taille varie entre 6,5 et 8,5 centimètres.

    Son pelage est épais, court, brun clair sur le dos contrastant nettement avec le ventre presque blanc.

     

     Oreillard 

    oreillard                   oreillard en vol

    Comme son nom l'indique, c'est à ses oreilles disproportionnées qu'on peut le reconnaître. Elles peuvent mesurer jusqu'à un tiers de la taille de son corps. Et son corps varie de 4 à 6 centimètres.

    On peut citer l'Oreillard roux plutôt campagnard ou l'Oreillard gris plutôt citadin.

     

     Roussette 

    Les espèces que nous venons de voir sont toutes de petite taille, nocturnes et insectivores. Et comme la chauve-souris aime bien faire compliqué, il existe également une espèce qui est à la fois géante, diurne (= qui vit le jour) et frugivore (= qui se nourrit de fruits). C'est la Roussette.

    roussette                      roussette en vol

    Elle a une bonne tête, non ? Mais elle est plutôt impressionnante en vol avec une envergure de plus d'un mètre. En anglais, on l'appelle flying fox (= renard volant).
     
    Contrairement aux précédentes, vous avez peu de chance d'en croiser près de chez vous puisqu'on la trouve en Asie, en Afrique ou en Océanie.
     
    Voilà ! J'espère que vous en savez plus sur les chauves-souris maintenant. Avec le printemps qui vient d'arriver, les insectes réapparaissent et le ballet aérien nocturne va reprendre de plus belle.
     
    N'oubliez pas de guetter les lampadaires !
     
     
     
     
     
    Pin It

    votre commentaire
  • Ce qui a titillé mon agacement ces derniers jours, ce n'est pas un fait divers mais la collision inopinée entre deux d'entre eux concernant l'école. Vous n'avez pas pu échapper au premier, qui fait la une de nombreux médias, mais le deuxième est passé un peu plus inaperçu. D'une part, les actes odieux et lubriques d'un directeur d'école totalement invisibles aux yeux de ses collègues et supérieurs; d'autre part, la sanction implacable contre un professeur de philosophie accusé d'avoir eu des paroles "inadaptées".

    Voyons comment l’Éducation Nationale a la sévérité sélective et une étrange manière de hiérarchiser ses priorités. Ou comment l’Éducation Nationale sait habilement accommoder ses indignations en restant tout à la fois aveugle à une condamnation en justice et sourde à un acquittement en justice.

    La hiérarchie des choses...

    En premier lieu, il y a donc cette affaire d'un directeur d'école primaire accusé de viols sur ses élèves, condamné en 2008 pour des faits de pédopornographie et toujours en place depuis.

    Je préfère ne pas revenir sur les actes sordides qui s'étalent dans tous les journaux depuis quelques jours. Ils me révulsent, m'indignent, m'attristent comme tout parent normalement constitué. Mais il est en revanche intéressant de se pencher sur les balbutiements embarrassés, sur les explications fumeuses que nous servent nos responsables politiques.

    Néanmoins, avant de lancer une charge sans concessions contre notre actuelle ministre, il convient de reconnaître que, même si elle a la tâche ingrate d'être le pompier qui va éteindre l'incendie, elle fut précédée de quelques autres pyromanes.

    J'ai déjà eu l'occasion de le dire dans l'article qui lui est consacré, Madame Vallaud-Belkacem n'est pas une cible personnelle. Elle l'est simplement en tant que ministre de l’Éducation Nationale. Rappelons donc, pour être parfaitement honnête, qui et combien furent ses prédécesseurs depuis la condamnation du directeur. Pour ne pas faire endosser injustement à la seule actuelle porteuse du fardeau une responsabilité qu'elle partage avec:

    (dans l'ordre d'apparition en scène)

    • Xavier Darcos, ministre de l’Éducation Nationale ( mai 2007/juin 2009)
    • Luc Chatel, ministre de l’Éducation Nationale ( juin 2009/mai 2012)
    • Vincent Peillon, ministre de l’Éducation Nationale (mai 2012/avril 2014)
    • Benoît Hamon, ministre de l’Éducation Nationale (avril 2014/oct.  2014)

     

     La hiérarchie des choses...

    Oui, c'est bien madame Vallaud-Belkacem qui va subir la vindicte populaire mais n'oublions pas tous les éminents personnages nommés ci-dessus. Ils seront certainement bien heureux de ne pas être assis sur la chaise électrique en ce moment et pourtant ils sont tout aussi responsables. Il n'y a pas d'innocents à la tête de la république, il est bon de s'en souvenir.

    Plus qu'une personne particulière, c'est l'institution entière qui est coupable de négligence criminelle dans cette affaire. Mais si je ne m'abuse, ce sont bien les ministres qui sont comptables du fonctionnement de l'institution dont ils ont la charge.

    Ces cinq impliqués ne sont pas de la même obédience politique. Dans les médias, vous les verrez donc s'écharper, s'accuser mutuellement de ceci-cela,... C'est leur jeu habituel. Mais nous, citoyens éclairés, qui nous informons et ne sommes pas stupides, nous savons pertinemment qu’au-delà de leur masque de différence, ils ont tous, avec la même non-logique implacable, contribué à l'état actuel de l'école en France. Tout comme ceux qui les ont précédé (en tout quinze depuis trente ans: nous y reviendrons dans un prochain article).

    Mais observons comment la dernière de cette longue liste essaye difficilement de justifier des années d'impéritie.

    La hiérarchie des choses...

    Appuyons-nous d'abord sur ses propos retranscrits dans le journal Le Parisien :

    "Il y a eu dysfonctionnement. Il semblerait que l’Éducation nationale n’ait pas été informée de cette condamnation."

    Mince alors, on a oublié de les prévenir. Il s'agit d'un léger "dysfonctionnement"... Depuis 2008 ! En 7 ans, personne à l’Éducation Nationale n'a pu ou voulu s'apercevoir de quoi que ce soit.

    Pourtant, en 7 ans, les parents instructeurs ont déjà reçu au moins 7 fois une équipe de deux à trois personnes chargées de vérifier si leurs enfants mettaient bien un -s au pluriel des mots. Vérification primordiale qui conduirait, si les soupçons étaient fondés, à envisager des poursuites judiciaires fermes contre ces parents criminels qui auraient négligé d'apprendre la table de multiplication du neuf à leur progéniture.

    Parce que cela, voyez-vous, c'est très grave ! Au point de déplacer des équipes annuellement, en nombre disproportionné.

    Alors, montrez-vous un peu compréhensif et prenez conscience du problème: si les inspecteurs d'académie n'étaient pas débordés à surveiller des enfants libres, ils auraient bien sûr le temps de prendre un petit renseignement sur leurs directeurs d'école. Par exemple en consultant le fichier des délinquants sexuels qui leur est accessible. Mais comment voulez-vous puisque nous, parents instructeurs, vampirisons tout leur temps ?

    Nous sommes si chronophages pour les inspecteurs de toutes les académies de France qu'ils n'ont plus une place dans leur agenda pour y caser l'inspection de ceux qui sont réellement sous leur dépendance hiérarchique.

    Poursuivant le syllogisme, la ministre va sûrement pouvoir prétendre que c'est de notre faute et nous sortir de son chapeau une loi pour mieux surveiller les enfants instruits à domicile à cause de qui les pédophiles de l’Éducation Nationale sont nommés directeurs d'école primaire.

    Mais ne faisons pas de procès d'intention, ses vrais propos sont déjà assez édifiants en soi.

    Car si le planning des fonctionnaires des académies est si serré, c'est à cause de ces foutues vacances scolaires:

    "Il a été condamné en juin 2008, juste avant les vacances scolaires."

    N'y a-t-il pas là clairement un abus de la part des juges ? Ça ne se fait pas de condamner des directeurs d'école au mois de juin.

    D'abord, ça gâche leurs vacances !

    Et puis ensuite, comment voulez-vous que les milliers de fonctionnaires qui travaillent dans des bureaux de l’Éducation Nationale ait le temps d'agir puisque... ça va être les vacances ?

    Certes, on ne comprend pas très bien en quoi les dates de vacances scolaires concernent les milliers de personnels qui n'ont jamais aucun contact avec des élèves. Certes, on peut regretter que tout le ministère hiberne "éterne" dès le début des vacances. Mais il faut surtout admirer la belle qualité d'anticipation de tous ces excellents pédagogues et assimilés qui, pour ne pas se faire surprendre, décident préventivement de cesser toute action dès que leur instinct leur souffle que ça va être les vacances.

    La hiérarchie des choses...

    Dans ce même entretien, pour répondre à la légitime inquiétude des parents d'enfants scolarisés, Madame Vallaud-Belkacem va prendre ce petit air décidé que son conseiller en communication lui a si bien fait travaillé:

    «Désormais une révocation sera ordonnée à chaque fois qu'un enseignant ira a l'encontre de la probité et des mœurs, les enfants doivent être protégés des prédateurs sexuels».

    On croit rêver !!!! "Désormais" ! Figurez-vous qu'avant que ça ne fasse la une des journaux, on n'avait pas eu l'idée de révoquer des enseignants condamnés pour pédopornographie ?

    Mais la défense de la ministre ne s'arrête pas là. Elle a la chance que tous les micros se tendent vers elle, elle sait en profiter pour se montrer inflexible dans cet autre entretien au Parisien :

    "Vous pouvez compter sur moi pour qu’aucun dysfonctionnement ne reste sans suite. Les manquements éventuels seront sanctionnés."

    Dormons tranquilles, on peut compter sur elle. Des prédateurs couvés par leur hiérarchie, on appelle ça un "dysfonctionnement". Comme notre ministre est courageuse et volontaire, ces "dysfonctionnements" ne resteront pas sans suite. Le prochain je-sais-pas-quoi d'académie qui laissera agir en toute impunité pendant plusieurs années un directeur d'école pédophile sera "éventuellement" sanctionné.

    Après avoir justifié, après avoir promis que "plus jamais ça", il faut passer au troisième volet du triptyque bien connu: trouver le coupable. Madame Vallaud-Belkacem a sa petite idée là-dessus, comme elle le confie au Dauphiné:

    "Cette défaillance intolérable devra être précisément établie par l’enquête que nous lançons. Pour l’heure elle semble être celle du défaut de transmission en 2008 par la justice à l’Éducation nationale de la condamnation de ce directeur."

    Voilà ! L'enquête n'est même pas commencée mais on en sait déjà plus. Ce n'est pas la faute de l’Éducation Nationale mais celle de la justice.

    Ne soyons pas de mauvaise foi et reconnaissons que c'est quand même bien au ministère de la justice d'assurer la direction des ressources humaines de l’Éducation nationale. Parce que ce ministère a le temps, le budget et le personnel qui font cruellement défaut au ministère de l’Éducation Nationale. Et puis, les juges, eux, ne sont pas soumis à ce calendrier drastique qu'on impose à l’Éducation Nationale et qui fait que la plupart du temps, on ne peut rien faire puisque c'est les vacances !

    "Comme ministre de l’Éducation je prendrai, au terme de cette enquête, toutes les dispositions pour qu’on écarte définitivement des écoles tout individu condamné pour prédation sexuelle."

    En tant que ministre chargée de s'en occuper... Il était bon de le préciser, n'est-ce pas ? Ce n'est pas en tant que balayeuse ou médecin qu'elle prendra des dispositions mais bien en tant que ministre.

    "Au terme de cette enquête", on "écartera définitivement des écoles tout individu condamné pour prédation sexuelle". Ouf ! Comment vouliez-vous qu'elle y pense avant ? On pourrait les écarter d'ores et déjà... Mais non... On préfère quand même attendre la fin de l'enquête. N'agissons pas dans la précipitation !

    La précipitation, c'est bon pour traquer les parents instructeurs qui, eux, posent un réel problème de mise en danger des enfants. Mais pour ce qui concerne les notables qui nuisent à l'intégrité physique et psychologique de malheureux bambins, on ne va tout de même pas se précipiter. Soyons sérieux ! Attendons la fin de l'enquête !

    La hiérarchie des choses...

    Voilà donc comment l’Éducation Nationale traite cette première affaire que nous avons la naïveté de croire importante. Voyons maintenant comment elle traite la seconde affaire qui a attiré mon attention et qui, visiblement, est considérablement plus urgente et primordiale aux yeux des élites du ministère.

    Dans l'académie de Poitiers, un professeur de philosophie est sanctionné pour n'avoir pas dit, mais peut-être que si quand même, on ne sait pas trop quoi mais en tout cas, c'est très grave.

    Les faits sont relatés dans la Nouvelle République.

    "(...) Le recteur d'académie de Poitiers a pris sa décision vendredi en suivant la commission administrative paritaire académique réunie en conseil de discipline le 13 mars qui " s’est prononcée majoritairement pour le vote de la sanction du déplacement d’office. "

    Nous avons tous en tête le film Le Cercle des Poètes Disparus, qui fait l'apologie d'un professeur aux méthodes très personnelles. Et nous avons tous admis que l'école fonctionnerait certainement mieux si un maximum de professeurs appliquaient ce genre de méthodes aussi originales que décriées. Mais pour l’Éducation Nationale, il semble que ce ne soit pas si évident.

    le cercle des poetes disparus

    Il semblerait que ce professeur aurait dit quelque chose dont personne ne sait vraiment de quoi il s'agit puisqu'il a été dénoncé par une seule élève et par une lettre de ses parents au rectorat... Voilà une transgression qui, à n'en pas douter, nécessitait une intervention ferme et sans délai !

    "La sanction qui le touche est de niveau 2, le plus élevé dans le panel à disposition du recteur."

    Pourquoi tenir compte que la justice ait classé l'affaire sans suite ? De toute façon, nous l'avons vu plus haut, la justice ne fait pas son travail. Si on ne peut rien reprocher à l’Éducation Nationale, on a bien vu que la plupart des problèmes qu'elle connaît vient de ce que la justice ne fait pas son travail. Donc, peu importe le non-lieu, peu importe que le professeur soit blanchi, il faut sanctionner. Envoyons-le à l'autre bout du département, ça lui fera les pieds.

    C'est ce que nous raconte Libération.

    Le recteur se doit d'être ferme, de ne laisser passer aucun comportement déviant. Les paroles sont une arme terrifiante qui peut mettre en danger les enfants. Il n'est donc pas permis de délivrer une autre parole que celle entérinée par l'administration.

    C'est qu'on ne va pas commencer à faire de la philosophie en essayant d'aiguiser le sens critique des élèves. Ce n'est tout de même pas le rôle d'un professeur de philosophie que d'essayer d'ouvrir l'esprit de ces jeunes gens à d'autres façons de voir les choses, de leur faire comprendre qu'un raisonnement solide ne tient que si l'on a exploré toutes les pistes, même les plus contradictoires, qui découlent d'un événement ou d'une pensée.

    Non, le rôle du professeur de philosophie, c'est d'asséner les vérités établies dans le socle commun, validées par un comité de sages, tamponnées par les services du ministre. Et pas au-delà ! Sinon, on court le risque que les élèves se mettent à réfléchir par eux-même et c'est intolérable.

    le cercle des poetes disparus

    Vous savez désormais comment l’Éducation Nationale organise sa hiérarchie des choses. Pour cette glorieuse institution que nous avons soumise à notre analyse, on peut à la rigueur admettre que des écoliers de primaire servent de loisir sexuels à des pervers si, par ailleurs, ils sont bien notés par la direction académique. Mais accepter qu'un professeur, déjà remarqué pour son indépendance d'esprit, propage les idées nauséabondes de la liberté de penser... Ah, ça non ! Hop, ni une ni deux, sanctionnons !

    Et c'est bien cela qui me fait réagir. Certes, l'horreur des faits du premier fait divers nous glace tous d'effroi. Mais ce qui est le plus choquant dans cette histoire, ce sont les atermoiements, les justifications insensées d'un ministère aux abois, l'urgence qu'il a montré à ne pas agir trop vite dans une affaire qui n’appelait aucune hésitation, quand, hasard du calendrier, il sait se montrer inflexible et réagir avec une rapidité qui ne lui est pas coutumière dans une affaire qui, somme toute, ne consiste qu'en un malentendu entre un professeur et une élève de sa classe.

    Admirez comme ce beau ministère est géré ! Violer des enfants, ce n'est qu'un "dysfonctionnement", prononcer en tant que professeur des paroles qui déplaisent aux élèves et à leurs parents, cela mérite une sanction votée majoritairement par une commission d'incompétents académiques.

    Si, après cela, vous avez toujours envie de déposer vos chers enfants dans un établissement scolaire, tous les matins, le sourire aux lèvres et la fleur au fusil, persuadé qu'avec un service public aussi rigoureux, bienveillant et juste ils sont entre de bonnes mains, je ne peux plus rien faire pour vous convaincre.

     

     
     
    Pin It

    8 commentaires
  • Encore un petit coup d’œil dans le rétroviseur. Dans l'Hystérie républicaine, nous avons vu comment en 1998, la république dans son entier avait mis au pas les vilains réfractaires qui permettaient à leur progéniture "d'échapper à l'école de la république".

    Pensez-vous que leur juste combat allait s'arrêter là ? Que nenni ! Après ce magistral coup de torchon, il devait bien rester quelques miettes de sectarisme dans le fond des poches des parents instructeurs.

    big fenech

    C'est pourquoi en novembre 2002, on a créé la MIVILUDES. Mais qu'est-ce donc que la Miviludes ? C'est la Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires.

    Bref, on ne sait pas ce que c'est ! Un aréopage de personnes autorisées (on ne sait pas par qui) qui écrivent des rapports (on ne sait pas pourquoi). A ce jour, aucun de ces rapports annuels n'a mis en évidence la moindre relation entre l'instruction en famille et une quelconque dérive sectaire.

    Et pourtant, c'est le cheval de bataille d'un député, ancien magistrat, du nom de Georges Fenech. Qui du reste présidera la Miviludes de 2008 à 2012, en récompense sans doute du brillant affrontement qu'il mena auparavant contre les insoumis scolaires.

    Quand vous pensez au fennec, vous pensez immédiatement à ce mignon petit animal du désert avec ses grandes oreilles :

    fennec

    Mais c'est aussi une autre espèce d'animal. A l'orthographe un peu différente: le Fenech. Attention, pour les différencier, il faut bien observer les oreilles :

    georges fenechGeorges Fenech

    UMP - Député du Rhône

    (sa fiche)

    Ce député présida de juin 2006 à juin 2007 une commission d'enquête parlementaire dénommée (installez-vous confortablement, ça va être long) : Commission d'enquête relative à l'influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs.

    Au début de l'année 2007, dans sa croisade épurative contre les comportements déviants, le député (et pas encore le président de la Miviludes, ça n'a rien à voir, suivez un peu !) a eu l'honneur de déposer des amendements pour contribuer à l'amélioration d'une loi qui n'avait aucun rapport mais bon, il fallait bien écrire ça quelque part.

    Du reste, pas gêné, il le dit lui-même en introduction de son intervention :

    "Je sais parfaitement, monsieur le ministre, que votre texte ne concerne pas le phénomène sectaire, mais les enfants victimes des mouvements à caractère sectaire constituent aussi une réalité, dont il faut tenir compte."

    Voilà ! Une fois que le postulat est posé et qu'on a bien précisé qu'on ne parlait pas du tout de la même chose, on va pouvoir débattre sereinement.

    Replongeons-nous en cette séance à l'Assemblée Nationale du 9 janvier 2007. C'était un mardi... Ce qui n'a aucune espèce d'importance.

    Le document est extrêmement long. Aussi, extirpons-en seulement le verbatim qui nous intéresse.

    Après le propos liminaire sus-cité, monsieur Fenech poursuit son intervention:

    "Les amendements que j’ai déposés s’inscrivent dans cette logique (...). Oui, monsieur le ministre, je proposerai à l’Assemblée nationale (...) vingt et un amendements à votre projet de loi. (...)

    Force est de constater que les enfants instruits dans les familles ou dans un établissement privé hors contrat ne bénéficient pas de la même protection médicale et des mêmes contrôles médicaux obligatoires dès l’âge de six ans comme les autres enfants scolarisés. Je proposerai donc de les inclure dans le code de la santé publique comme bénéficiaires de ce contrôle médical obligatoire au même titre que les autres enfants de la République."

    Comme nous sommes honnêtes, nous reconnaîtrons volontiers qu'en effet, nous ne sommes pas soumis aux mêmes contrôles médicaux obligatoires. Y-a-t-il vraiment urgence à les imposer ? A-t-on connaissance de cas où des enfants instruits en famille seraient victimes d'abandon de soins ? Peu importe, finalement. Au nom de l'égalité républicaine, pourquoi ne pas le proposer. Concédons ce point, ce n'est pas le plus choquant.

    "Ensuite, sans remettre en cause la liberté d’enseignement dans les familles, notre commission a considéré qu’il fallait justifier d’une cause légitime pour priver l’enfant des avantages d’une scolarisation dans un établissement public ou privé. Nous avons proposé des critères objectifs comme l’état de santé, le handicap, le déplacement de la famille ou toute autre raison réelle ou sérieuse."

    Qu'on se le dise ! Avoir pour conviction que l'instruction en famille est plus épanouissante et plus riche, avoir pour ambition le bien-être et le développement harmonieux de ses enfants, ce ne sont pas des raisons "réelles ou sérieuses".

    Il n'empêche... En tant que chargé de famille et après la lecture soigneuse des classements internationaux et des études sur l'état de l'école française, je me suis réuni en commission et "sans remettre en cause la liberté des familles à inscrire leurs enfants à l'école, j'ai considéré qu’il fallait justifier d’une cause légitime pour priver mon enfant des avantages d’une déscolarisation."

    "Je sais que cette proposition soulève des difficultés et inquiète certaines familles."

    Pensez-vous ! Il n'y a aucune raison de s'inquiéter quand on nous dit qu'on voudrait nous empêcher de retirer nos héritiers chéris d'un système scolaire parmi les plus déclinants du monde.

    Mais Monsieur Fenech va se montrer rassurant:

    "Je rappelle que d’autres pays européens, à l’instar de l’Allemagne, rendent obligatoire la scolarisation des enfants."

    Vous voyez, vous êtes rassurés. Comment oserez-vous encore parler d'atteinte à la liberté puisque nous pouvons copier une loi allemande qui date de... (suspense !) de... ?

    Voyez-vous même :

    Loi du 6 juin 1938 relative à la scolarité obligatoire en Allemagne

    N'est-ce pas que c'est parfaitement rassurant ? Nos libertés n'ont décidément rien à craindre.

    Bien sûr, cette loi n'est plus tout-à-fait celle en vigueur en Allemagne. Fort heureusement, elle a été transformée et aménagée et connaît quelques déclinaisons selon les länder. Mais avouons cependant qu'en connaissant le nom du signataire originel, il est difficile d'avaler la pilule qu'on nous prescrit ensuite:

    "C’est le gage, pensons-nous, d’une éducation de qualité, d’une ouverture d’esprit de l’enfant pour lui permettre de devenir, au contact des autres, un citoyen libre et éclairé au sens de la Convention internationale des droits de l’enfant. (...)"

    Il me semble avoir sauté la page de mon livre d'histoire où il est dit qu'Adolf Hitler était sensible aux arguments de la convention internationale des droits de l'enfant.

    Certes, j'ironise mais il me reste en travers de la gorge qu'on puisse affirmer qu'une loi à l'origine nazie est "le gage" de quoi que ce soit dans une démocratie.

    Monsieur Fenech nous cite ensuite, à l'appui de ses convictions, le cas d'une communauté du sud de la France. N'ayant pas eu l'heur de me renseigner plus avant sur cette affaire, je ne la jugerai pas sur le fond. Néanmoins, même si les faits sont avérés, cela ne rend pas pour autant les autres parents instructeurs complices ou suspects par présomption.

    "(...) Je vous pose la question, monsieur le ministre : est-il normal, au nom de la liberté d’enseignement dans les familles, de priver un enfant de toutes les autres libertés fondamentales, reconnues par la Convention internationale des droits de l’enfant ?"

    Réponse courageuse du ministre:

    "Évidemment non !"

    philippe bas

     

    Philippe Bas,

     Ministre délégué à la sécurité sociale, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille (2005-2007).

    UMP - Actuellement sénateur

    (sa fiche)

     

     

     

    Fort de ce soutien laconique mais sincère, Monsieur Fenech continue sa plaidoirie:

    " La représentation nationale ne peut pas évacuer cette question sous prétexte de respect d’une liberté inscrite dans la Constitution et non précisée par nos textes. (...)"

    Il a raison, Monsieur Fenech ! On s'en fout de la constitution si c'est pas précisé par nos textes. Vous voyez bien qu'il y a moyen messieurs-dames les députés, sautons sur l'occasion.

    Mais admirons la belle conclusion de ce joli discours:

    "Je ne doute pas, monsieur le ministre, mers chers collègues, que vous serez sensibles à la situation dramatique que vivent environ 60 000 à 80 000 enfants dans notre pays, en accueillant favorablement mes amendements. (Applaudissements sur tous les bancs.)"

    Et oui ! Encore une fois l'unanimité dans la salle. Décidément, cet épineux problème de l'instruction en famille est la seule cause en France qui permette l'union nationale. Ça se vérifie à toutes les époques. Il n'y a véritablement pas d'autres problèmes urgents qui soit capable de fédérer à ce point toutes les énergies de la république.

    Il faut dire que le danger est patent ! Imaginez : 60 000 à 80 000 enfants !

    Ce chiffre étant à peu près le double de celui des enfants instruits à domicile, on peut en conclure que TOUS les enfants instruits en famille sont sous emprise sectaire. Ce n'est pas monsieur Fenech qui le dit, ce sont les mathématiques.

    Mais comme Monsieur Fenech est magistrat et pas mathématicien, il ne s'est peut-être pas rendu compte qu'on peut aussi en conclure qu'il reste 30 à 40 000 enfants dans sa liste qui sont bel et bien instruits à l'école.

    Si j'étais au gouvernement, je créerais une Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Scolaires . Mais je ne suis pas au gouvernement, je ne suis pas assez intelligent pour ça.

    On pourrait légitimement se demander s'il est utile de revenir sur des faits vieux de bientôt 10 ans ? Il se trouve que ce ne sont pas tant les faits qui m'intéressent, même si le passé est toujours éclairant pour le présent, mais plutôt la personne concernée.

    Car la lutte contre les sectes est une des marottes de Monsieur Fenech. Et son obsession à lier les sectes à l'instruction en famille ne l'a jamais lâché. Or, à ce jour, il est encore député. Et vous savez quoi ?

    Il est président d'un groupe d'études sur... les sectes !

    L'Histoire, dit-on, est un éternel recommencement. Alors, qu'on me permette de garder ce personnage sur la liste de ceux qui requièrent toute notre vigilance.

     
     
     
     
     
    Pin It

    1 commentaire
  • Faisons-nous plaisir avec une œuvre assez récente. Encore que... Ça ne nous rajeunit pas.

    The Wall ! Tout le monde connaît, non ? Si ce n'est pas le cas, il vous faut absolument combler cette lacune.

    Un somptueux album du groupe Pink Floyd et un merveilleux film d'Alan Parker. Nul besoin de faire une longue analyse de l’œuvre, le passage qui nous intéresse est visible ci-dessous. Pour ceux qui ne comprendraient pas l'anglais, ce n'est pas sous-titré, mais les images sont suffisamment explicites pour que le message passe. Effroyable vision de l'école, pourtant pas si éloignée de la vérité.

    C'est un régal pour les oreilles !

     

    Je ne connais pas votre âge et ça ne me regarde pas mais personnellement, c'est toute mon enfance.  Comme quoi, il n'y a pas de hasard. L'instinct de l'IEF coulait déjà dans mes veines.

    Et d’ailleurs, totalement allergique au cours d'anglais du collège, j'ai pourtant traduit sans difficulté toutes les paroles de l'album qui ornaient la pochette du disque (oui, c'était encore l'époque des 33 tours...). Je faisais de l'apprentissage autonome sans le savoir. J'étais le Monsieur Jourdain du homeschooling.

    Comment voulez-vous qu'avec de telles influences, on grandisse normalement ?

    "Quand on laisse son gamin écouter ce genre de zazous, il ne faut pas s'étonner si après, il met pas ses gosses à l'école !" comme dirait ma boulangère.

     

    *************************

     
    Je vous encourage vivement, si ce n'est déjà fait, à écouter l'album :
     

    Au pied du mur

    Double album (1979)
     
    Mais également à voir le film :
     

    Au pied du mur

    Affiche du film

    Réalisé par Alan Parker et interprété dans le rôle principal par Bob Geldof. Une claque visuelle et sonore !

     

     
    Pin It

    votre commentaire
  • Fuir l'école, soit. Mais comment savoir si ce choix permettra à l'enfant devenu adulte de réussir sa vie selon les valeurs et les envies qui l'animent ?

    Il existe peu d'études sur le suivi des non-scolarisés et s'il n'y avait quelques anciens pour témoigner, on ne saurait que peu de choses sur leur devenir.

    Pourtant, on a sous les yeux quelques exemples. Il s'agit de personnalités connues du grand public qui ignore la plupart du temps qu'il s'agit d'anciens enfants non-scolarisés.

    Les parents instructeurs très renseignés connaissent tous ces noms par cœur. Ils sont les étendards, les trophées que l'on peut brandir lors d'un débat pour donner plus de poids à nos arguments quant au bien-fondé de nos choix éducatifs.

    Mais vous, voyageur virtuel égaré, vous, parent encore hésitant à vous jeter dans le grand bain, vous serez peut-être surpris ou rassuré de vous voir présenter les possibilités de réussite qu'offre aussi l'instruction en famille.

    Tous les enfants instruits à domicile ne deviendront pas aussi connus ou aussi éminents que les personnages cités ci-dessous. D'ailleurs, la plupart n'en ont ni l'envie, ni l'ambition.

    Mais en apportant la preuve que ces parcours sont possibles, ces effigies sont la meilleure réponse qu'on puisse apporter à ceux qui doutent que l'école à la maison peut offrir une vie adulte épanouie.

    Il vaut mieux écarter les noms anciens comme le bien connu Blaise Pascal parce que ces cas ont existé avant la loi Ferry et s'écartent de ce fait du propos. L'école à la maison ou le préceptorat était à l'époque bien plus répandus par la force des choses.

    Mais on peut cependant s'attarder sur deux personnes qui ont vécu leur enfance à une époque où, à défaut d'une loi, il y avait déjà des écoles ouvertes au plus grand nombre. Le premier, en France, est Pierre Curie.

    pierre curie  

     

    Pierre Curie

    (1859 - 1906 )

    Il ne fréquente ni l'école, ni le lycée. Son instruction est assurée par ses parents, puis par un ami de la famille, M. Bazille. Il épousera Marie Sklodowska, devenue Marie Curie. Ensemble, ils partageront avec Henri Becquerel le prix Nobel de physique en 1903.

     

     

    Le second est un américain. C'est parce qu'il s'y ennuyait, parce qu'on n'y faisait pas assez d'expériences, parce que ses goûts et ses aptitudes y étaient bridés qu'il a quitté l'école. Et il faut reconnaître qu'il aurait été dommage de museler les talents de Thomas Edison.

     

    thomas edison  

     

    Thomas Edison

    (1847 - 1931 )

    Septième et dernier-né d'une famille modeste, Thomas Edison se distingue très jeune comme un enfant à la curiosité insatiable. À l'âge de 7 ans, classé « instable » par son professeur, il doit abandonner l'école après seulement trois mois de cours. Sa mère, ancienne institutrice poursuit alors son instruction. Inventeur aux 1000 brevets, on lui doit notamment l'ampoule électrique et le phonographe.

     

     

    *************************

     

    Venons-en aux représentants qui nous intéressent plus particulièrement parce que c'est après la scolarité obligatoire que leurs prédispositions ont préféré éclore dans l'environnement douillet de leurs pénates.

    Tout d'abord, faisons mieux connaissance de Marguerite Cleenewerck de Crayencour, au nom de plume fameux : Marguerite Yourcenar.

     

    marguerite yourcenar  

     

    Marguerite Yourcenar

    (1903 - 1987 )

    Orpheline de mère à la naissance, elle est élevée et instruite par son père, érudit anti-conformiste qui l'emmène dans ses voyages et lui enseigne le latin. En 1980, elle devient la première femme élue à l'Académie Française.

     

     
     
    Et puisque nous y sommes rendus, ne quittons pas l'abri de la coupole pour entendre le témoignage d'un autre académicien qui, de son propre aveu, n'a jamais connu de rentrée scolaire :
     
     

    Quel coup d'éclat pour l'instruction en famille ! "Je n'ai jamais été à l'école !" Avouer dans un journal télévisé, à une heure de grande écoute, face à un représentant politique en place que la première rentrée qu'on ait connu, c'est hypokhâgne... Nous ne vous remercierons jamais assez Monsieur Jean d'Ormesson.


      

     jean d'ormesson
      

     

    Jean d'Ormesson

    (né en 1925 )

    Fils d'ambassadeur, il passe son enfance au château de Saint-Fargeau (Yonne). Suivant son père dans ses déplacements, son instruction est prise en charge par sa mère. Il est élu à l'Académie Française en 1973. Il en est actuellement le doyen.

     

     

     
    Mais il n'y a pas que dans la littérature que les non-scolarisés peuvent exprimer le génie qu'on a laissé mûrir en eux. Le physicien Pierre-Gilles De Gennes a su prouver que même en évitant jeune les bancs de l'école, on peut parfaitement se voir décerner un prix Nobel.
     


      

     pierre-gilles de gennes
      

     

    Pierre-Gilles de Gennes

    (1932 - 2007 )

    Fils d'un médecin et d'une mère issue d'une famille de banquier. En raison de sa mauvaise santé pulmonaire, sa mère assure son éducation et sa scolarité à la maison jusqu'à l'âge de 11 ans. Il reçoit le prix Nobel de physique en 1991.

     

     

    Étant grand amateur d'ironie, j'avoue avoir goûté avec délectation à l'époque la nomination comme ministre de l’Éducation Nationale de Luc Ferry. Quel superbe pied-de-nez ! Non content de débarquer à la tête d'une institution qu'il a préféré fuir à partir du lycée, voilà qu'il usurpe en plus de son poste le nom de l'autre Ferry. De quoi le faire se retourner dans sa tombe !


      

     luc ferry
      

     

    Luc Ferry

    (né en 1951 )

    Fils d'un préparateur de voitures de sports et d'une mère au foyer. Il quitte le lycée pour poursuivre ses études à domicile avec le CNED. Il est ministre de l'Education Nationale, de la Jeunesse et de la Recherche de mai 2002 à mars 2004.

     

     
     
     
    *************************
     
     
    Franchissons nos frontières hexagonales pour aller explorer le vaste monde et y piocher quelques spécimens étrangers.
     
    Il n'est pas besoin de chercher longtemps pour tomber sur le nom d'une illustre anglaise: Agatha Christie. La reine du crime a nourri son imagination dans le confort du cocon familial.
     
    agatha christie  
    Agatha Christie

    (1890 - 1976 )

    Fille d'un américain et d'une britannique, elle reçoit une instruction à domicile dispensée par ses parents puis, après la mort de son père, par sa mère seule. Elle est auteur de 66 romans, 154 nouvelles et 20 pièces de théâtre. C'est l'un des écrivains les plus lus au monde.

     
     
     
     
     
    Un personnage qui fait partie de ceux qui, je l'avoue, ont toute mon admiration. L'immense et colossal Orson Welles.
     
     orson welles
    Orson Welles

    (1915 - 1985 )

    Son père est plus ou moins inventeur et sa mère pianiste. Ils l'élèvent dans un environnement cultivé et nomade, fait de voyages à travers le monde. La légende le dépeint comme un enfant prodige. Il est l'auteur de Citizen Kane, considéré comme l'un des dix meilleurs films de tous les temps.

     

     
    Enfin, même s'il est un peu à part, puisque dans son cas on ne peut pas vraiment parler  d'instruction à domicile mais plutôt d'absence d'instruction, il est intéressant tout de même d'aborder l'exemple de Charlie Chaplin.
     
     charlie chaplin   Charlie Chaplin

    (1889 - 1977 )

    Avec une mère psychologiquement fragile et un père absent, il passe l'essentiel de son enfance dans des institutions pour jeunes miséreux. Ballotté de l'une à l'autre, il ne reçoit pas vraiment d’instruction et c'est un véritable autodidacte. Dès l'âge de 10 ans, il participe à des spectacles. Il sera l'une des figures les plus universelles des débuts du cinéma avec son personnage de Charlot.

     

     

    *************************

     

    Si celles-ci sont les plus emblématiques, il y a bien d'autres célébrités qui ont été instruites à domicile. Et plus encore qui ont effectivement été scolarisées, sans jamais réussir ou même tenter d'obtenir le moindre diplôme, y compris le bac.

     

    Mais résumons:

    Deux Académiciens, deux prix Nobel, un ministre, rien qu'en France. A qui s'ajoutent le plus grand inventeur du XXe siècle, une écrivaine mondialement réputée et deux des plus géniaux cinéastes de l'Histoire.
     
    Il semble qu'on peut conclure avec nos détracteurs que l'instruction en famille produit forcément des profils:
     
    • asociaux,
    • incapables de faire face aux défis du monde,
    • incapables de réussir leur parcours quel qu'il soit,
    • inutiles, voire dangereux pour la société.
     
    Mais une question me turlupine... On nous l'a assez dit, on nous le répète encore : en-dehors du socle commun, point de salut ! Le socle commun, pour nos ministres successifs, c'est la base sans laquelle tout être vivant est considéré comme un animal dénué de raisonnement.
     
    Alors... Quelqu'un a-t-il pensé à envoyer des inspecteurs pour s'assurer que tous ces individus maîtrisait le socle commun ? Non parce que, hein, bon, quand même...
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    Pin It

    1 commentaire
  • Atelier de bricolage : fabriquer un jeu

    ... comment fabriquer un jeu de course

     

     

    J'adore jouer aux jeux de société. Et ce que j'adore aussi, c'est inventer mes propres jeux.

    La Formule 1 et la voiture en général, dans la vie, ça ne m'intéresse pas plus que ça. Mais là, j'avais envie de faire un jeu de course. Alors, j'ai inventé un jeu de Formule 1.

    Je vais vous expliquer comment faire. C'est très amusant et mine de rien très instructif.

    J'en ai profité pour travailler la géométrie, les mesures, les proportions, les tracés à la règle et au rapporteur, le calcul mental, les probabilités, la peinture, le dessin, l'informatique,... Enfin, c'est Papa qui m'a dit que j'avais travaillé tout ça parce que moi, je ne m'en suis même pas rendu compte.

    De quoi aurez-vous besoin ?

    Matériel :

    • 2 cartons de 30x40 cm.
    • une grande règle
    • un rapporteur
    • un crayon de papier
    • un stylo à bille
    • de la peinture et des pinceaux
    • de la colle
    • des étiquettes (elles sont fournies plus bas)
    • du scotch épais
    • du vernis

     

     1ère étape 

    Les deux cartons constitueront le plateau de jeu.

    Atelier de bricolage : fabriquer un jeu

    Dessus, on va tracer les contours du circuit. Au crayon de papier parce que ça permet de se tromper et de corriger. La règle sera l'outil pour les lignes droites et on utilisera le rapporteur pour les virages.

    Atelier de bricolage : fabriquer un jeu

    Moi, je l'ai fait comme ça. Mais vous pouvez dessiner le circuit que vous voulez. Laissez parler votre imagination. En revanche, n'oubliez pas de prévoir des stands, c'est important dans la règle du jeu.

    A ce stade, on choisit où on placera les "cases spéciales".

     

     2ème étape 

    Quand on est sûr de son circuit, on peut commencer à le peindre.

    Atelier de bricolage : fabriquer un jeu

    J'ai commencé par la piste pour y voir plus clair. Le décor, on le fera après. On peut se permettre de déborder un peu, on fera des retouches ensuite.

    La ligne droite devant les stands est deux fois plus large que le reste de la piste. C'est fait exprès !

     

     3ème étape 

    On décore les abords du circuit. Là aussi, vous pouvez décorer comme vous préférez. Moi, j'ai mis de l'herbe, des tas de sable et un petit lac mais tout est possible.

    Atelier de bricolage : fabriquer un jeu

    C'est maintenant qu'il faut être plus méticuleux. Il faut essayer de faire les bords les plus droits possibles. Et pour avoir un résultat plus soigné, il vaut mieux mettre plusieurs couches de peinture.

    Un p'tit truc : Avec de la gouache, il est très difficile de réaliser ce genre de travaux. En général, ça fait gondoler le carton. Ce que je fais ? Je vais dans des magasins de bricolage acheter des testeurs. Ça ne coûte pas plus cher que des bidons de gouache et c'est une meilleure peinture. Elle couvre mieux et ne fait pas gondoler le carton. Et c'est de la peinture acrylique donc lavable à l'eau. "C'est important !" comme dirait Papa.

     

     4ème étape 

    Une fois que votre circuit est complètement peint, il faut tracer les cases. J'ai choisi de les faire d'une largeur de 3 centimètres. Sur mon circuit, ça fera un total de 81 cases.

    Utilisez encore le crayon de papier. Il se gomme même sur la peinture et ça autorise des erreurs. Le rapporteur va vous être utile car il permet de calculer les angles et de tracer des cases dans les virages.

     

     5ème étape 

    Pour être sûr que vos cases sont bien placées et que tout fonctionne, faites des tests. Jouez plusieurs parties "à blanc". C'est important pour évaluer vos choix et équilibrer le jeu. Vous pourrez rectifier éventuellement afin que les parties soit plus fluides et plus plaisantes pour tous les joueurs.

     

     6ème étape 

    Tout marche comme vous le souhaitez ? Parfait ! Il n'y a plus qu'à finaliser votre œuvre.

    Repassez les limites de vos cases avec un stylo bille. C'est l'instrument qui permettra un résultat plus net parce qu'il ne bave pas.

    Ensuite, collez vos étiquettes (elles sont fournies plus bas). Vous pouvez aussi imprimer sur du papier simple et utiliser de la colle.

    Atelier de bricolage : fabriquer un jeu

    Joli, non ?

    Pour fixer entre elles les deux parties du plateau, on va se servir du scotch. Au dos, faites joindre les deux parties et placez le scotch à cheval.

    Atelier de bricolage : fabriquer un jeu                      Atelier de bricolage : fabriquer un jeu

    Si vous vous débrouillez bien, vous pourrez même avoir un plateau qui se referme. Ce n'est pas très important mais c'est plus facile à ranger.

     

     7ème étape 

    On n'aurait pas oublié quelque chose ? Mais oui, pour jouer, il faudra des pions. Ne vous inquiétez pas, j'y ai pensé. J'ai récupéré des images et j'en ai fabriqué de petites étiquettes.

    Il ne reste qu'à les découper, les coller sur du carton épais recto/verso et les poser sur un petit support.

    Atelier de bricolage : fabriquer un jeu

    J'en ai acheté dans un magasin spécialisé en jeux. Ça coûte vraiment pas très cher mais vous pouvez utiliser un bouchon de liège découpé en rondelle dans lequel vous ferez une entaille, par exemple.

    Atelier de bricolage : fabriquer un jeu

    Choisissez les voitures que vous voulez mais si celles-ci vous conviennent, vous les trouverez plus bas.

     

     8ème étape 

    Pour jouer sereinement, il faut penser à protéger tout ça. A force de faire avancer les pions, la peinture risque de s'écailler, les images de s'effacer.

    Pour assurer une bonne durée de vie au jeu, le plus simple est de le vernir. Personnellement, j'utilise du vernis en bombe qu'on peut trouver en magasin de bricolage. Mais on peut aussi utiliser du vernis-colle.

    N'hésitez pas à mettre deux ou trois couches selon l'effet que vous voulez obtenir. Le plateau et les pions seront plus brillants, avec un aspect mieux fini et surtout, vous pourrez les manipuler sans rien abîmer.

    C'est terminé ! Il ne reste plus qu'à s'amuser à faire des courses échevelées.

    Documents Annexes :

    Les étiquettes sont prévues pour un format A5 (14,8X21 cm).

    Étiquettes pour stands et cases spéciales

    Étiquettes voitures pour fabriquer les pions

    Règle du jeu

    Ce n'est évidemment qu'un exemple. Vous pouvez créer un jeu sur n'importe quel thème.

    Mais quand on invente un jeu, il faut penser à deux choses importantes: faire un prototype (c'est-à-dire une version non définitive) et plusieurs tests. C'est la seule manière d'être sûr que votre jeu va fonctionner et ne sera pas ennuyeux.

    C'est seulement ensuite que vous pourrez fignoler et finaliser votre plateau et vos règles.

    Voilà ! Si ce jeu ne vous plaît pas, peut-être que ça vous aura au moins donné des idées pour en fabriquer un qui vous correspond mieux.

     

     

     

    Pin It

    2 commentaires