• ..., l'imbécile regarde le doigt" dit un célèbre proverbe chinois.

    "Quand le doigt montre la lune...

    Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas le ministère, monstre sans visage, ou plutôt chimère à multiples têtes, qui sera la cible de ma vindicte aujourd'hui. Car ce 5 novembre est une journée spéciale. C'est la journée de lutte contre le harcèlement à l'école.

    Profitez-en bien car dès demain, ce sera fini. On retournera à nos petites affaires quotidiennes bien heureux d'avoir agi avec tant de conviction et du baume au cœur à l'idée qu'on n'a pas rien fait cette année.

    L’Éducation Nationale, via sa célèbre représentante provisoire Madame Vallaud-Belkacem, a décidé de s'attaquer à bras-le-corps aux problèmes de harcèlement à l'école. Sortons l'artillerie, les gros calibres... Pour agir, on agit !

    Pour l'occasion, on a concocté un épais dossier avec plein de couleurs et de schémas (sans les couleurs et les schémas, sans doute que les professeurs ne comprendraient pas de quoi il s'agit... ?).

    Je vous laisse en prendre connaissance si vous le souhaitez :

    Présentation de la première journée nationale "Non au harcèlement"

    Comme nous sommes curieux, nous ne pouvons nous empêcher de jeter un œil gourmand sur les conseils avisés du ministère à l'intention de ses personnels.

    Admirons la belle définition du harcèlement dans le préambule du dossier (dans le cadre bleu après l'éloquent édito de la Ministre):

    "Lorsqu’un enfant est insulté, mis à l’écart, menacé, battu, bousculé à répétition, on parle de harcèlement."

    Vous l'aurez noté, les mots importants sont "à répétition" ! D'où nous pouvons en conclure que si un enfant est insulté, mis à l'écart, battu, bousculé sans répétition, ce n'est pas du harcèlement. Cela n'a donc aucune importance et pas besoin d'intervenir ou de s'y intéresser. A l’Éducation Nationale, c'est ce qu'on appelle de la socialisation. Cette merveilleuse interaction avec les autres dont nous, odieux parents instructeurs, osons priver nos enfants en les gardant sous notre coupe égoïste.

    Pleine de foi, la Ministre n'hésite pas à conclure son édito en brossant les enseignants dans le bon sens:

    "Je sais que je peux compter sur l'engagement de chacun d'entre vous pour que le harcèlement ne soit plus tabou."

    Nous allons voir qu'en terme d'engagement de chacun d'entre eux, elle ne va pas être déçue. Selon les premiers communiqués des syndicats, c'est drôlement bien parti !

    Sans lésiner sur les moyens à sa disposition, outre les réunions dont l'efficacité n'est plus à prouver (si ce n'était pas efficace, on en ferait moins, voyons ! CQFD !), outre les nécessaires formations (oui, oui, nécessaires ! Si vous n'êtes pas formé, comment voulez-vous reconnaître un coup de poing d'un bisou au premier coup d’œil ? Sans formation, comment un instituteur pourrait-il à coup sûr distinguer une insulte d'un aimable jeu d'enfant, des ricanements méchants autour d'une victime prostrée d'un jeu de chandelle ?), sans lésiner sur les moyens, donc, le ministère agit en faisant diffuser un clip de...

    Un clip destiné à...

    Un clip pour...

    Bref, un clip !


    On ne sait pas très bien à quoi il servira: est-ce dans le but d'alerter les victimes ? Il semble qu'elles sont les premières au courant. Est-ce pour effrayer les harceleurs ? Pas de quoi les terroriser si d'aventure leurs yeux tombaient par inadvertance sur cette pastille vidéo. Est-ce pour avertir les parents ? Les professeurs ? Le ministère ? Mais tout le monde est au courant depuis bien longtemps, non ?

    Alors à quoi servira cette dépense inutile ? Et bien, à la même chose que d'habitude: à faire croire qu'on agit !

    Effectivement, plus moyen de contester que le ministère a pris les choses en main: on a une vidéo qui le prouve. Les gens l'ont vu, donc les gens savent que le ministère fait quelque chose. Pas ce qu'il faut, ça, nous le savons. Mais quelque chose !

    Et il faut bien reconnaître que de la part du ministère de l’Éducation Nationale, quelque chose, ce n'est déjà pas rien !

    Avant d'aller plus loin, je me permets d'ouvrir une parenthèse légèrement hors-sujet, encore que... (D'ailleurs, je ne vois pas pourquoi je ne me permettrais pas, après tout, je suis chez moi.)

    Ouverture de parenthèse

    (

    Vous l'aurez noté, cette journée d'action est sponsorisée par Disney. C'est dire le sérieux de l'affaire ! Quand un gouvernement est obligé de faire appel à une multinationale privée étrangère pour régler les problèmes régaliens qui lui incombent, on peut être sûr que c'est un signe qu'il prend l'affaire au sérieux.

    Et puis, soyons optimistes: cette bonne cause sera sans doute une excellente occasion d'écouler quelques figurines pas chères ou de plaider pour que les enfants harcelés courent se régaler devant la prochaine production de la firme, histoire de trouver quelques instants de bonheur en tube, un peu d'émerveillement standardisé dans leur triste existence de victimes. Quoi de mieux pour oublier son malheur ?

    En-dehors de Disney, point de salut pour les enfants. Voilà assez longtemps que les agents de Mickey nous le répètent et on est bien heureux que notre gouvernement en ait enfin pris la mesure. Le formatage universel a encore de beaux jours devant lui, il faut croire.

    C'est un grand classique du capitalisme: associer son nom à une bonne cause permet toujours d'augmenter ses parts de marché et partant, de faire augmenter un peu le cours de ses actions. Merci donc madame Vallaud-Belkacem, pour cette belle publicité gratuite, offerte par vos services à cette petite entreprise en péril. Ça ne fera peut-être pas avancer la lutte contre le harcèlement mais au moins, c'est bon pour les investisseurs américains.

    )

    Fermeture de parenthèse 

    Revenons donc à nos moutons, comme disait Panurge.

    Vous le constatez, mon propos liminaire m'aura permis une époustouflante plaidoirie en faveur de l’Éducation Nationale, un réquisitoire bienveillant qui aura totalement dédouané le ministère de ses (ir)responsabilités. Il ne s'agit pas de ma cible aujourd'hui, d'où mon exceptionnelle indulgence à son égard. (Non ? Ah ? Il me semblait pourtant avoir essayé...)

    Venons-en alors au véritable objet de cet article.

    Maintenant que vous avez visionné le petit film, vous voilà averti. A présent, vous en valez deux ! Admettons que jusqu'ici, vous n'aviez jamais entendu parler de quoi que ce soit, vous n'étiez absolument pas au courant que des actes sauvages et primitifs avaient lieu dans le sein douillet et moelleux de nos établissements scolaires. Jamais au grand jamais vous n'auriez pu vous douter. (Un trrrrrrrès long séjour à l'étranger peut-être ?).

    Donc voilà, vous êtes désormais dans la confidence. En assistant à cette petite séquence, nul doute que vous entrez en empathie avec ce malheureux petit garçon, cible de toute sa classe et dont les journées sont pour lui un enfer.

    Faux ! Vous êtes à côté de la plaque ! Vous n'avez rien compris au film ! Revisionnez ! Regardez mieux ! Alors, vous le voyez cette fois le véritable scandale ?

    N'est-ce pas proprement inouï de représenter ainsi une professeure des écoles ? (Vous noterez dans cette dernière phrase l'application de deux des plus importantes réformes de ces trente dernières années: le nouveau nom des instituteurs – parce que le mot était il faut croire incompréhensible et qu'il était donc urgent de clarifier la situation en adoptant comme à l'accoutumée un terme pompeux et abscons pour le remplacer – , et la féminisation des noms en -eur auxquels nous sommes autorisés désormais à ajouter un -e. Vous ne pourrez pas dire que je ne fais pas d'efforts !)

    Sans cœur que vous êtes à oser plaindre ce pauvre enfant qui découvre les joies de la collectivité bienveillante, qui se confronte aux valeurs de la république, qui reçoit une leçon quotidienne sur l’altérité et le respect de la différence ! Monstre dépourvu de sentiments qui avez le toupet de vous ranger du côté de cette fausse victime, dont le seul but est de déstabiliser par ses jérémiades incessantes cette brave enseignante, de lui coûter peut-être (horreur!) quelques points sur son évaluation...

    Alors que n'importe quel humain doué de raison (comme par exemple un syndicaliste enseignant) ne retiendra dans ces images que la caricature honteuse, la représentation injurieuse qui est faite d'une profession pourtant sans faille.

    Hélas non, ce n'est pas de la médisance, c'est de l'actualité. La triste et sombre réalité :

    Le Monde

    Le Point

    Vous qui êtes allés à l'école, vous vous souvenez peut-être d'un ou d'une prof qui aura marqué votre esprit et vous aura apporté énormément. Car oui, ils existent ! La plupart d'entre nous aura eu l'heur de rencontrer un de ses (rares!) spécimens. Mais comme disait Audiard, que j'aime bien citer, sur un autre sujet : "Il y a aussi des poissons-volants mais ils ne constituent pas la majorité du genre !".

    Car vous qui êtes allés à l'école, vous vous souvenez à n'en pas douter de Monsieur Bidule ou de Madame Machin qui ressemblaient à s'y méprendre au portrait présenté ici ! Et je suis même prêt à parier que dans votre carrière d'écolier, vous avez croisé beaucoup plus de Monsieur Bidule ou de Madame Machin que de poissons-volants !

    Comment ne pas s'émouvoir de la haute conscience qu'a le corps professoral de son beau métier ? Au lieu de se scandaliser que des actes de harcèlement aient lieu au sein de leurs établissements, sous leurs propres yeux recouverts, il faut le croire, d'une épaisse couche de... quelque chose qui leur bouche la vue, les syndicats d'enseignants s'élèvent comme un seul homme contre ce clip qui porte atteinte à leur honneur.

    Pour une fois qu'une ministre fait quelque chose...

    En dépit du bon sens, nous en sommes d'accord ! Mais comme nous penchons vers une éducation positive, nous préférons encourager les initiatives, même ridiculement et ostensiblement inutiles, plutôt que de griffonner en rouge des commentaires rageurs et humiliants sur la copie de l'élève Vallaud-Belkacem (qui mériterait pourtant amplement les fameux "médiocre" ou "peut mieux faire" dont son armée de chiourmes tartinent allégrement les devoirs de nos rejetons).

    Ce qui choque les syndicats, ce ne sont pas les actes de harcèlement. Avez-vous le souvenir d'avoir entendu les syndicats d'enseignants sur ce sujet ? Avez-vous en mémoire la dernière grève des personnels enseignants pour réclamer qu'enfin, on agisse contre le harcèlement ? Pour ma part, non !

    Ce qui choque les syndicats, c'est qu'on montre devant toute la France la réalité d'une salle de classe. Évidemment, nous savons que tous les professeurs ne sont pas comme celle présentée dans cette vidéo. Fort heureusement ! Et pourtant, ce type de "professionnel" existe. Nous en avons tous fait l'expérience en tant qu'élève, parents d'élèves ou membre de la famille d'un élève. Tous !

    Du reste, si ce type de "professionnel" n'existait pas, le sujet n'aurait pas lieu d'être puisque ce genre d'actes de harcèlement ne pourrait pas avoir lieu.

    Et au lieu de chasser les brebis galeuses, d'agir pour que plus un seul "professionnel" ne manque à ses devoirs, les syndicats préfèrent se scandaliser de la caricature qui est faite de leur noble profession.

    Quand un sujet de cette importance, qui mérite un large consensus, qui devrait toucher chacun d'entre nous même quand il n'est pas parent, puisqu'il s'agit tout de même de drames parfois mortels concernant des enfants, quand un sujet comme celui-ci , qui ne devrait souffrir aucune polémique, débarque sur la table, les syndicats d'enseignants n'ont rien de mieux à faire que de pleurnicher sur leur image médiatique.

    Comme si les angoisses, les dépressions, les souffrances, les suicides parfois, d'enfants et d'adolescents ne pesaient rien face au confort moral d'une poignée d'adultes. Pauvres petits choupinous qu'il faudrait plaindre tant ce qu'ils vivent quand on leur jette ces images à la face (il parait qu'un instituteur de la Creuse en a fait tomber son café à la récréation, c'est dire !) n'est en rien comparable aux lamentations injustifiées de ces sales mioches, dont ils savent bien eux, professionnels de la profession, que la plupart du temps, c'est quand même un peu exagéré.

    Chacun est libre de mener les combats qu'il veut mais on peut quand même s'attrister du sens des priorités des syndicats. On peut pour le moins trouver leur indignation curieusement sélective. Et le pire, c'est qu'ils sont pour une fois unanimes ! Aveuglement, outrecuidance, mépris ! Voilà tout ce que révèle leurs réactions officielles ! On ne m'ôtera pas de l'idée qu'il y a quand même parfois des circonstances où il faut savoir fermer sa gueule !

    Vous faites ce que vous voulez mais pour ma part, il est hors de question que je confie mon enfant à ces gens-là.

     

     


     

     

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  • Liebster award

    Et voilà, nous partons en vacances, l'âme sereine et le cœur léger, abandonnant derrière nous tout appareil électronique pour retrouver une communion avec la nature que nous essayons d'entretenir tout au long de l'année mais plus encore aux beaux jours.

    Nous oublions les écrans, les claviers, nous délaissons volontairement nos amis lecteurs, persuadés qu'ils ne nous en voudront pas de les laisser sur leur faim et qu'ils comprendront à quel point notre vie itinérante et presque sauvage de l'été nous est un tonneau de ressources sans fond.

    Nous tournons le dos à Internet à peine cinq minutes (bon, d'accord, presque deux mois en réalité...) et voilà qu'à notre retour, nous avons le plaisir et l'honneur de découvrir que nous avons été nominés pour un Liebster Award !

    Ou plutôt pour TROIS Liebster Award !

    Un, ça fait déjà plaisir... Deux, c'est une explosion de joie... Mais trois... Trois, c'est la preuve qu'au moins trois personnes aiment ce blog, ce qui est bien au-delà de mes espérances quand j'ai décidé de l'ouvrir.

    A part ma mère, moi-même et mon chien qui aime tout ce que je fais, je n'aurais jamais pensé plaire à quelqu'un d'autre.

    Merci donc à mes trois généreuses donatrices :

     

    Il va donc falloir se plier à la règle très stricte imposée aux récipiendaires de cette glorieuse récompense, à savoir: dire 11 choses sur moi, répondre à 11 questions et nommer à mon tour 11 blogs à qui je poserai 11 questions.

    Tâche ardue parce que parler de moi en restant sérieux m'est extrêmement difficile...

     

    Première obligation : dire 11 choses sur moi

    Dans un souci de simplification, vous comprendrez, je n'en doute pas, que malgré trois nominations, j'éviterai de dire 33 choses me concernant.

    • Je suis grand de là à là. A peu près...
    • Je ne sais pas me coucher tôt. Mais l'âge commence à me rendre plus raisonnable.
    • Je déteste le téléphone et je n'ai pas de portable.
    • Je refuse d'avoir des cheveux blancs. Je suis contre !
    • Je déteste tout ce qui est à la mode. Suivre une mode est pour moi le symptôme absolu de la brebis inepte qui se contente de suivre le troupeau sans savoir où il va.
    • J'aime vivre en ville mais j'adorerais vivre à la campagne. L'idéal serait donc d'avoir deux maisons. Mais là, heu... Comment dire ? C'est pas trop possible...
    • Je rêve d'une ville seulement peuplée de piétons et de cyclistes, sans voitures bruyantes, polluantes et garées sur les trottoirs.
    • J'adore le vendredi parce que c'est le jour où je suis tout seul. C'est vrai, quoi, les gamins, on a beau les aimer, faut avouer quand même que des fois... Y'a des jours... On se dit que... J'adore le vendredi !
    • Quand C... était petit, j'avais fait un calendrier avec les jours de la semaine en couleur. Posé sur le frigo, on déplaçait un magnet chaque jour sur la bonne couleur. Il a appris ses jours de la semaine rapidement mais depuis, j'ai gardé le calendrier et je déplace mon magnet tous les matins sinon je ne sais jamais quel jour on est (sauf le vendredi!).
    • Je déteste prêter ma gomme.
    • Je trouve ma bibliothèque trop petite même si, à chaque déménagement, je la trouve bien trop riche (vous avez déjà traîné des cartons de bouquins ?).

     

    Deuxième obligation : répondre à 11 questions

     

    ==> 1- Les questions de Echappés du Bocal

    • Savez vous que l'école n'est pas obligatoire en France ?

     Heu... J'en ai vaguement entendu parler...

    • Votre expression favorite ?

    Celle que j'utilise volontiers quand quelque chose m'énerve vraiment. Un peu trop de gros mots pour être retranscrite ici. Disons qu'en version pudique, ça donnerait à peu près ceci: Nom de D... de p... de b... de m... de c... de p... à c... 

    • Pourquoi avoir créé un blog ?

    Au début, pour regrouper en un seul endroit les informations sur l'IEF que j'ai mis longtemps à glaner ici et là sur le Net: infos, coupures de presse, lois, témoignages,... Avec la vague idée que ça puisse servir à quelqu'un qui, comme moi, aimerait bien trouver un maximum de matière pour sa réflexion. Puis, l'envie de me défouler contre les injustices établies, les mensonges éhontés, de dénoncer l'incompétence ou l'hypocrisie de nos dirigeants,... Et on finit par se prendre au jeu.

    • Si l'on vous donnait la possibilité de changer une chose dans le monde, que changeriez vous ?

    Le monde !

    • Votre super héros préféré ? (il paraît que cela défini la personnalité d'une personne)

    Sans aucun conteste : Spiderman !

    • Votre dernier repas ?

    J'avais invité douze amis... La digestion fut difficile... (Ah, on me dit que non, il ne faut pas rigoler avec ça...) Donc, mon dernier repas ? Il s'est bien passé, je vous remercie.

    • Votre dernier livre en cours ou fini ?

    J'ai toujours plusieurs livres en cours en même temps. Souvent, un roman du soir et plusieurs bouquins d'histoire.

    • Que veut dire AVION ? (on va voir les intellectuels lol )

    Fastoche, c'est un acronyme qui signifie : Appareil Vraiment Impressionnant O-dessus des Nuages ! Bon, en réalité je n'en savais rien mais je me suis renseigné. Donc, ce serait de la triche de faire croire que je suis un intellectuel.

    • Qu'est ce qui donne du sens à votre vie ?

    Vaste et profonde question... Mais aucune originalité dans la réponse : guider mon fils sur le chemin d'une vie heureuse et épanouie !

    • Trouvez vous normal que plus de 40% des heureux diplômés du bac l'ai eu avec mention ? perso je trouve ça un peu louche tant de réussite.

    J'ai eu l'occasion de m'exprimer sur ce sujet dans cet article : Quelques nouvelles du Bac... à sable ! Pas besoin de mettre une deuxième couche, il me semble.

    • Votre plus beau souvenir ....

    Il y en a énormément mais les plus beaux souvenirs sont ceux que l'on construit pour demain. Au lieu de penser aux moments de bonheur passés, même si c'est agréable, j'essaye de profiter des moments de bonheur présents quand ils sont là.

     

    ==> 2 - Les questions des Voyages de Sylvain

    •  Si vous découvriez une machine pour voyager dans le temps.... A quelle époque aimeriez-vous vivre ?

    Beaucoup d'époques me fascinent, à commencer par le Moyen-Âge et la Rome Antique. Mais pour les progrès sociaux, médicaux, techniques, l'époque actuelle malgré ses défauts reste tout de même la plus confortable à vivre. C'est quand même bon de se souvenir de la chance que nous avons de vivre maintenant et d'arrêter de se plaindre tout le temps.

    • Quel est votre plus gros défaut selon vous ?

    Selon moi, je n'en ai pas. Mais selon ma femme, si. C'est une grande incompréhension entre nous.

    • Si vous étiez un animal ... Quel serait-il et pourquoi ?

    Un hérisson pour sa capacité à se rouler en boule quand il veut être tranquille et à piquer tous ceux qui ne sont pas les bienvenus.

    • Quel était votre jeu préféré enfant ?

    Tous les jeux solitaires qui me permettaient de rêver, de créer et d'imaginer mon monde idéal. A base de petits bonhommes en plastique la plupart du temps...

    • Quel est le pays où vous rêveriez d'aller ?

    L'Italie, le Québec, l'Italie, la Grèce, l'Italie, la Nouvelle-Zélande et l'Italie.

    • Quel serait votre réaction devant un géant?

    S'il est vert, j'aurais envie de pop-corn.

    • Quel est votre film préféré ?

    Il y en a énormément et réduire à un seul est bien trop restrictif. Mais un de ceux qui viendraient en tête de liste serait Brazil de Terry Gilliam.

    • Quelle est votre gourmandise préférée ?

    Les petits nounours en guimauve enrobés de chocolat qu'on achetait à l'unité quand j'étais petit. Maintenant, on les trouve en gros paquet, c'est encore mieux.

    • Vous avez trouvé la lampe d'Aladdin !! Quels vœux feriez-vous ?

    Redevenir un enfant, sans doute.

    • Quel personne célèbre aimeriez-vous rencontrer ou auriez-vous aimé rencontrer si celle-ci ne vit plus ?

    Plein, plein de gens. Je n'ai aucune admiration béate pour qui que ce soit mais la perspective de discussions avec quelques-uns des génies de l'humanité me réjouirait.

    • Quel serait, selon vous, la 8ème merveille du monde ?

    Impossible de départager. L'architecture est, à mon sens, l'art majeur de l'humanité. Les merveilles des bâtisseurs du passé me régalent toutes.

     

    ==> 3 - Les questions de S'amuser Ensemble

    "Pour le coup, je vais vous simplifier la vie en vous demandant simplement quelles sont les 11 informations que vous avez envie de partager avec nous, à propos de vous ou de votre blog !"

    Je l'ai déjà fait plus haut. Ça compte... ? Hein... ? Hein... ? Ça compte... ? Mais oui, ça compte !

     

    Troisième obligation : nommer 11 Blogs

    Là encore, la mission s'avère compliquée. Je ne peux pas nommer les trois blogs qui m'ont nommé, même si ils font partie de ceux que je consulte régulièrement et que je préfère, sinon on tournerait en rond.

    Je ne suis pas un grand lecteur de blogs, à l'exception de ceux qui concernent l'IEF. Je vais donc sûrement nommer des blogs qui ont déjà reçu un Liebster. Mais après tout, c'est parce qu'ils le méritent.

    1 - Le blog de Bernard Collot : des réflexions toujours passionnantes sur l'éducation et l'école par un homme qui sait de quoi il parle.

    2 - Apprendre... autrement : des tonnes de ressources pour tous les niveaux présentés par une plume agile.

    3 - Vis et deviens : j'aime son style, sa simplicité et la richesse de ses apprentissages.

    4 - Garder l'envie d'apprendre : un blog photo mais pas que, où l'on voit grandir deux enfants visiblement heureux.

    5 - Petits Homeschoolers : c'est un classique sûrement moultes fois nommé mais il est d'une telle qualité...

    6 - Graine de Vulpin : parce que son auteure est une belle personne, attachée à la liberté et à l'indépendance d'esprit.

    7 - Crapaud Chameau : rien que parce que ça me fait voyager au Québec, ça vaudrait déjà  le coup. Mais c'est aussi pour tout le reste.

    8 - Chouette, y'a plus école : parce que j'aime bien la spontanéité et la bonne humeur d'Arrowenn.

    9 - Petite Fleur's Home sweet Home : parce que c'est Petite Fleur et pis c'est tout !

    10 - Le petit monde de la marmotte : l'apprentissage au contact de la terre et au rythme des saisons... Tout ce que j'aime.

    11 - Avenue Reine Mathilde : qualité littéraire, intelligence des propos, goût des voyages et de l'ouverture au monde m'ont tout de suite séduit.

     

    Je vais tricher un peu en ne posant qu'une seule question:

    Quelles sont les 11 choses primordiales pour vous ?

    Et voilà, hop, la passe à mon voisin...

     

     

     

     

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  • Un message... Deux messages... Trois messages... Tout un tas de messages...

    On trépigne, on s'impatiente, on réclame ! Seulement deux articles en juillet, pas un seul au mois d'août...

    Cette impatience me touche, elle est le gage d'un certain intérêt pour ce blog et toutes les galéjades qui y sont développées. Mais voyez-vous, ma bonne dame, les vacances, c'est sérieux ! On n'est pas là pour s'amuser et perdre du temps à remplir des feuilles blanches.

    Au reste, peut-on vraiment parler de vacances ? Pas vraiment ! Parlons plutôt d'été. Chez nous, les vacances, on ne sait pas vraiment ce que c'est puisque l'école, on ne sait pas vraiment ce que c'est.

    La période de juillet-août, généralement propice aux belles lumières, aux journées ensoleillées et chaudes est sans doute la période la plus studieuse pour nous. En tout cas pour C...

    Visites, randonnées, explorations constituent notre programme quotidien. Discrètement, on se mêle aux touristes de tous pays pour arpenter une grande partie de notre contrée et de ses trésors architecturaux ou naturels.

    Si l'on dressait une liste de tout ce que nous avons accompli, vous comprendriez sans mal que nous n'avions pas la moindre seconde à consacrer à des diversions informatiques.

    Deux mois déconnectés ! Pas de télé chez nous (enfin, si peu), vous le savez déjà si vous êtes de fidèles lecteurs. Pas de téléphone portable non plus. Enfin, si : un vieux truc qui ne fait même pas de photos, qui traîne toujours éteint au fond du sac à dos et qui ne sert qu'à appeler les secours pendant nos randonnées (ce qui, heureusement, n'a jamais été utile) ou à appeler les grands-mères qui, comme de bonnes grands-mères qui se respectent, réclament toujours qu'on les appelle lorsqu'on est arrivés. Ce que nous ne faisons jamais puisque comme nous sommes sans cesse en train de partir, nous sommes subséquemment sans cesse en train d'arriver.

    Deux mois sans écran, sans internet, à profiter de la nature et du bon air, quelle que soit la météo qui ne nous épargne pas toujours. Journées caniculaires ou pluvieuses étaient au programme cette année: nous avons bronzé et dégouliné plus que de raison.

    Pour vous donner une petite idée de nos différents périples, voici en vrac, quelques expéditions que vous aurez sans doute l'occasion de voir développées dans l'un ou l'autre des prochains articles:

    Patrimoine historique :

    • Châteauneuf-en-Auxois (21) : lieu parfait pour se plonger dans le Moyen-Âge.
    • Ancy-le-Franc (89) : un palais Renaissance dont la splendeur n'a rien à envier à certains châteaux de la Loire.
    • Ruines du Château de La Chatelaine (39) : Les restes épars, en pleine forêt, du château de Mahaut d'Artois, la "méchante" des Rois Maudits.
    • Villa gallo-romaine d'Andilly (52) : un superbe exemple de ces grands domaines agricoles qui jonchaient la campagne de la Gaule aux premiers siècles après J.C.
    • Châtelet d'Etaules (21) : Impressionnant rempart du néolithique dressé il y a 6000 ans.
    • Maison de Pasteur (39) : La maison de famille du chimiste, où il venait souvent se ressourcer. Conservée en l'état, c'est une vraie plongée dans le temps. On a le sentiment que Pasteur lui-même va sortir de son laboratoire pour rejoindre sa salle à manger.
    • Empreintes de dinosaures de Loulle (39) : Plus de 1500 empreintes de sauropodes (herbivores à 4 pattes) et thérapodes (carnivores bipèdes) ont marquées le sol il y a des millions d'années. Leurs pistes sont encore fraîches.

     

    Patrimoine militaire : 

    • Fort de Joux (25) : Une histoire millénaire, du premier donjon en bois au château médiéval, de la citadelle remaniée par Vauban aux travaux du Maréchal Joffre.
    • Citadelle de Besançon (25) : Chef-d'oeuvre d'architecture militaire du XVIIème siècle qui permet de comprendre le génie de Vauban.
    • Langres (remparts, Tour Navarre, démonstration d'arquebuses) (52) : Plusieurs siècles ont été nécessaire à l'édification d'une enceinte parfaitement conservée.

     

    Patrimoine industriel :

    • Carrières souterraines d'Aubigny (89) : Exploitées pendant deux mille ans avec des méthodes inchangées, uniquement à la force des bras.
    • Grande Saline de Salins-les-Bains (39) : Comment on a extrait l'or blanc depuis le Moyen-Âge et jusqu'aux années soixante.
    • Grande Forge de Buffon (21) : Lieu d'expérimentation et première "usine" sidérurgique, construire au XVIIIème par le Comte de Buffon.
    • Rogny-les-7-Ecluses (89) : Magnifique ouvrage d'art. Sept écluses s'enchaînent, bâties sous Henri IV, pour permettre aux chalands de franchir une colline et rejoindre la Loire.
    • Pont-canal de Briare (45) : Faisant suite au Canal de Briare d'Henri IV, il a été édifié au XIXème siècle pour enjamber la Loire. La Société Eiffel a participé à sa construction.

     

    Patrimoine religieux : 

    • Vézelay (89) : La basilique est un chef d’œuvre de l'art Roman. Saint-Bernard a prêché ici la deuxième croisade. De nombreux rois y sont venus dont: Louis VII, Philippe Auguste, Richard Coeur-de-Lion, Saint-Louis,...
    • Abbaye de Fontenay (21) : L'endroit idéal pour comprendre le fonctionnement d'une abbaye cistercienne.
    • Toutes les églises, chapelles ou cathédrales qu'on croisent : trop nombreuses pour être listées.

     

    Patrimoine naturel :

    Des balades, des balades et des balades... De longues heures de marche dans les forêts, les collines ou les plaines, aux pieds des éoliennes ou dans les recoins des profondes reculées jurassiennes, le long des petits ruisseaux ou des rivières indolentes, autour des lacs et dans les marigots,... A observer la faune sauvage... A notre tableau de chasse: chamois, chevreuils, faucons, buses, renards, lapins, lièvres, serpents, amphibiens et tutti quanti.

    Quelques points remarquables de nos randonnées : 

    • Source de la Loue (25)
    • Source du Lison (39)
    • Gorges de la Langouette (39)
    • Cascade de la Billaude (39)
    • Source de l'Ain (39)
    • Pertes de l'Ain (39)
    • Cascade des tufs (39)
    • Parc animalier de Boutissaint (89) : Pas vraiment sauvage puisque sur un terrain clos. Mais l'occasion de voir en liberté les peuples de nos forêts. Être entourés d'une harde de plus de vingt cerfs, à moins de trois mètres de nous pour certains, est une expérience inoubliable (On en reparlera sûrement).
    • La Citadelle de Besançon (25) : En plus d'être un magnifique monument, elle abrite un zoo muni d'un noctarium et surtout, d'un insectarium extrêmement riche.

     

    Villes et villages :

    • Besançon (25) : Un centre-ville qui porte les marques de deux mille ans d'histoire avec des vestiges gallo-romains (arc de triomphe), médiévaux, Renaissance, des XVI°, XVII° et XVIII° siècles. La ville de naissance de plusieurs grands hommes: Victor Hugo, les Frères Lumière, Charles Nodier,...
    • Arbois (39) : La cité d'enfance de Pasteur, son havre de paix
    • Poligny (39) : On trouve dans son église des chefs d’œuvre de la sculpture bourguignonne au XVème siècle. Des oeuvres rares de Claus de Werve ou Jean de la Huerta, artistes au service des grands Ducs de Bourgogne.
    • Flavigny-sur-Ozerain (21) : Une crypte carolingienne, presque unique au monde, et une abbaye qui fabrique encore les fameux anis et qu'on peut visiter.
    • Autun (71) : vestiges gallo-romains parmi les mieux conservés de France, cathédrale romane, quartier médiéval,...
    • Dôle (39) : Ville de naissance de Pasteur avec un centre-ville plein de charme et de vieilles pierres.
    • Nozeroy (39) : Aujourd'hui village, ce fut une ville prospère au Moyen-Âge.

     

    Copieux, riche, varié, le programme de cette année était un vrai régal. C... a appris en quelques semaines bien plus sur l'histoire, le patrimoine religieux, industriel, naturel qu'en plusieurs années de cours magistraux dispensés dans une classe froide ou surchauffée, enfermé entre quatre murs.

    Il n'y a pas à dire, on comprend mieux le principe du "pré carré" français cher à Louis XIV en visitant les forteresses de Vauban qu'en regardant des petits points sur une carte. On imagine mieux les armées de soudards qui se massent au pied de la colline pour écouter le prêche de la deuxième croisade par Saint-Bernard quand on est à Vézelay, sur les lieux même de l'action, qu'en visualisant de trop petites illustrations dans un manuel qui effleure à peine le sujet.

    C'est que sur place, on peut encore entendre résonner les cliquetis des armures et le tintement des épées, on a presque l'impression de voir les moines vaquer à leurs occupations dans le cloître ou le scriptorium, on entend les ordres lancés par le Maréchal de Vauban aux myriades d'ouvriers chargés de bâtir sa citadelle inexpugnable, on est en empathie avec les travailleurs des Salines, de la Grande Forge ou des carrières, qui s'échinaient dix heures par jour dans une tâche ingrate, épuisante, dans le bruit, la chaleur suffocante et les douleurs physiques.

    Et oui, les vacances, chez nous, ça sert à ça. A apprendre plus encore que le reste de l'année ou en tout cas, d'une manière moins académique, moins laborieuse mais plus riche en souvenirs qui rendront les apprentissages inoubliables.

    Alors, merci de nous réclamer et pardon de vous négliger mais cette période de voyages incessants nous est précieuse, voire sacrée. On a bien assez d'hiver pour s'enfermer devant un ordinateur. Au-delà de l'écran impersonnel, il y a la vie. La vie passée, présente et à venir que nous n'avons de cesse d'explorer jusqu'à plus soif dans les sites merveilleux qui s'offrent à nous.

    Et si vous aussi voyagez un peu en été, vous saurez qu'on peut en profiter pour faire plein de rencontres, réviser son anglais, son allemand ou son hollandais. ( C... a été ébahi de voir à quel point notre pays plaît aux hollandais. Ils sont si nombreux qu'on en vient à se demander si il reste encore quelqu'un dans leur propre pays pendant l'été.)

    Nous sommes revenus ! Enfin, à moitié car de beaux jours restent encore à venir et nous en profiterons jusqu'à la lie. Mais on va quand même essayer de vous faire partager tout ça, petit à petit, au fil des envies et des articles, en se laissant porter par les souvenirs riches et heureux de notre été, par les monuments et les paysages gravés dans notre mémoire pour nous réchauffer au cœur de l'hiver.

    En attendant, avec impatience, le retour du printemps pour aller se remplir les yeux et l'esprit de nouvelles merveilles.


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  • A la lumière de certains événements récents, où l'auteur de ces lignes s'est permis une charge un peu vive contre les postulants au baccalauréat, on est en droit d'avoir cette interrogation :

    Diogène est-il un vieux con ?

    (Il est à noter que le terme n'implique pas de notion d'âge mais doit être pris dans une acception plus générale, dénotant avant tout d'un certain état d'esprit étriqué.)

    La question est d'importance ! Peut-être pas pour vous mais permettez que je me sente concerné.

    Pour répondre à cette question épineuse, dans une démarche sérieuse de recherche de la vérité vraie, nos équipes ont procédé à divers sondages auprès de panels représentatifs.

    Le constat est édifiant et la conclusion s'impose d'elle-même, comme vous pourrez le constater:

     

    • 1er panel : L’Éducation Nationale

     

    Nous avons rigoureusement sélectionné un élément parmi les plus significatifs, à savoir la Ministre elle-même. Les résultats de ce sondage sont éloquents: à l'unanimité, la Ministre a répondu oui !

     

    • 2ème panel : Les jeunes

     

    Pour que le résultat soit véritablement parlant, nous avons scindé le panel en deux groupes. Le groupe de ceux qui n'ont pas compris la question et le groupe de ceux qui n'en ont franchement rien à faire.

    Dans le 1er groupe, les réponses sont variées, à tel point que nous n'avons pas encore terminé le dépouillement. Il faut avouer que dans la plupart des cas, on ne comprend pas non plus la réponse.

    Dans le deuxième groupe, les chiffres sont sans appel : 176% des interrogés ont répondu qu'ils s'en foutaient royalement.

     

    • 3ème panel : Ma femme et mon fils

     

    Dans cette catégorie, on aurait a priori toutes les raisons d'espérer des résultats plein d'espoir au-delà de nos espérances.

    Pourtant, ils sont mitigés, ma femme ayant répondu: "Franchement... ? Tu veux savoir ?" et mon fils ayant botté en touche et coupé la poire en deux en déclarant: "Mais non, papa, t'es pas con !"

     

    • 4ème panel : Les lecteurs du blog

     

    Là encore, le sondage est peu évocateur.

    On peut considérer que ceux qui s'étranglent en me lisant et finissent par frapper leur écran en grommelant: "Y m'énerve ! Y m'énerve !" ont répondu oui.

    On peut considérer que ceux qui sourient avec bienveillance auraient tendance à répondre non. Mais la plupart préfèrent quand même réserver leur jugement en attendant le prochain article.

    Que peut-on conclure de l'écrasante majorité silencieuse qui ne s'exprime pas et lit cet alignement de phrases d'un visage imperturbable ? On peut en conclure qu'on ne sait pas ce qu'on peut en conclure.

     

    • 5ème panel : Des gens pris au hasard dans la rue

     

    Il est sidérant de constater à quel point pour plus de 7 milliards d'individus, je suis un parfait inconnu. C'est sans doute là que réside le véritable scandale de notre époque !

     

    • 6ème panel : Les autres vieux cons

     

    Tous sans exception ont répondu qu'ils ne savaient pas de quoi il s'agissait, que de toute façon Internet, c'est un truc de jeunes décérébrés, que les sondages, on leur fait bien dire ce qu'on veut, qu'il n'y a plus de saisons et que de leur temps, on ne se permettait pas de traiter les vieux cons de vieux cons, on avait le respect des aînés, et patati et patata...

     

    • 7ème panel : Les enfants déscolarisés

     

    Qu'est-ce que vous voulez que ça leur fasse ?

    Ils sont libres, heureux, épanouis,... Ils courent dans la nature, grimpent aux arbres, lisent pendant des heures et tout ça leur passe bien au-dessus de la tête.

     

    Ce qui remet les choses à leur place !

     

     

     

     


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  • Tous les ans, c'est la même rigolade. On attend avec la même impatience les résultats du Bac pour savoir si oui ou non, le record de l'année dernière sera battu.

    C'est qu'on nous a promis un taux de réussite exceptionnelle au baccalauréat, diplôme d'excellence s'il en est, salué dans le monde entier comme le sésame qui permet l'accès aux plus grandes écoles internationales, toutes éberluées par la teneur prodigieuse de ce diplôme qui traduit la qualité de notre instruction nationale, seule capable de produire des élites, dernier vestige du génie français.

    Le suspens est intense, à couper au couteau. Nos chérubins réussiront-ils à décrocher leur laissez-passer pour une vie professionnelle épanouie ?

    Quelques nouvelles du Bac... à sable !

    Candidats au Bac 2015 en pleine épreuve

    Les résultats tombent ! Ouf, on respire ! Presque 90% de réussite ! Le talent, l'imagination, la culture, le savoir ne sont pas morts en France. Le monde entier applaudit cette moisson de bacheliers, tous plus éclairés, lettrés et avisés les uns que les autres.

    Une fois de plus, nous faisons baver de jalousie nos voisins devant nos résultats époustouflants. Mais quel est donc, se demandent-ils, le secret de l’Éducation Nationale française pour amener avec une telle régularité, un tel succès retentissant année après année, toute une classe d'âge au niveau universitaire ?

    Et bien, il suffit de quelques petits trucs tout simples. Jugez plutôt:

    D'abord, en premier lieu, ne pas se formaliser sur l'ortografe, l'aurtaugraffe, l'aortogrraffe, l'... (bref, aucune importance, mes correcteurs seront indulgents).

    C'est qu'on ne va pas pénaliser bêtement nos pauvres chérubins avec quelques dizaines de fautes dans une copie de géographie où l'important, reconnaissons-le, n'est pas qu'ils sachent écrire le mot Aucéan, osséant, eauçaihan (grrr, c'est pourtant vrai que c'est dur l'orthographe!) mais qu'ils sachent placer l'île de la Réunion dans le Pacifique, comme tout un chacun (en tout cas comme notre Premier Ministre. Si, si, je peux le prouver : extrait de la vidéo. C'est lui le Premier après tout, donc s'il le dit, c'est pas trois pauvres profs qui vont le contredire quand même. Non mais !).

    Donc, après avoir écarté cette difficulté insurmontable, vieille lune passéiste qui date du Moyen-Age et qui empêche nos génies boutonneux d'accéder à la carrière universitaire à laquelle ils sont en droit de prétendre puisqu'on leur dit depuis des années que c'est bien normal et qu'ils y auront tous droit grâce à la générosité de la république qui s'active pour leur offrir ce dû; après avoir, disais-je, éliminé le principe des fautes qui ne doit plus avoir cours au XXIème siècle où la connaissance principale, la compétence de l'avenir est de savoir couvrir de gras avec ses doigts l'écran de son Smartphone; après avoir donc (c'est pénible d'être interrompu sans cesse par moi-même dans le fil de mon propos !), mis de côté cette notion réactionnaire et inutile de l'orthographe, on aura déjà fait un grand pas en avant vers l'accession de tous à la culture.

    Je n'invente rien (je n'invente jamais rien, hélas, je ne fais que constater), vous pouvez le vérifier vous-même, par exemple dans cet article de RTL.

    C'est que nos gouvernements sont réactifs ! Confrontés depuis des années à la baisse inexorable du niveau en français, ça devenait pour eux un vrai casse-tête de respecter leur engagement de 90% de bacheliers.

    Heureusement, les têtes pensantes ont su trouver la parade. On eût pu essayer d'améliorer l'apprentissage en primaire de la lecture et de l'écriture mais avouons que ça représente un travail pharaonique et une confrontation avec les syndicats un peu trop... conflictuelle. Il vaut donc mieux prendre des mesures fermes, qui assureront la pérennité du taux de réussite, plutôt que de se noyer dans des débats sans fin, nécessaires peut-être, mais sans fin. Alors, heu, hein, bon... On va faire comme ça, c'est plus simple.

    Observons un peu les méthodes révolutionnaires de notre beau ministère (notez bien ces ficelles, vous en aurez besoin si d'aventure vous devenez ministre de l’Éducation Nationale) :

    ASTUCE N° 1 : Ne pas sanctionner les fautes !

    Déjà, avec cette courageuse décision, vous êtes assuré de ne pas trop courir à la catastrophe cette année. Madame Vallaud-Belkacem pourra conserver son éternel sourire à la proclamation des statistiques.

    Mais cela ne suffira pas probablement pas ! Car le corps enseignant est confronté à des difficultés encore plus difficiles, à des problèmes encore plus problématiques. Malgré des années de cours d'une efficacité qui n'est plus à prouver, voilà que les élèves ne savent même plus comprendre un texte simple.

    On se souvient qu'en 2014, nos chers adolescents à l'esprit aiguisé, s'étaient plaints à juste titre de la difficulté d'un texte de Victor Hugo qu'on leur avait soumis. Fins orateurs, ils avaient brillamment exprimé leur mécontentement sur Twitter, dans des termes délicieux et raffinés qu'ils avaient sans doute appris sur les bancs de l'école.

    Ainsi, ils nous avaient régalés d'une captivante analyse de texte et d'une flamboyante critique à base de "Ouech, Victor Hugo, fils de p..." "Hugo, je t'enc..." "L'enf... de sa race, on comprant rien à quoi qu'il écrit" et je vous en passe, tous ces bouleversants messages sachant rendre grâce à l'un de nos plus grands génies littéraires m'étreignant d'une émotion bien compréhensible à chaque fois que je les lis.

    Si le cœur vous en dit (parents instructeurs, éloignez vos enfants qui, eux, sont à l'abri de ce genre de vocabulaire !), voici quelques exemples :

    Quelques nouvelles du Bac... à sable !

    Devant ces justes revendications, le ministère a su tirer les leçons de ses erreurs et, dans sa grande sagesse, a su cette année ne pas imposer un vieil auteur mort et inutile à ces esprits modernes. Hugo a donc été remplacé par Laurent Gaudé.

    Continuons notre liste de mesures prioritaires :

    ASTUCE N°2 : remplacer un monument de la littérature par un auteur médiocre !

    Peu importe ce qu'on pense de cet auteur, il faut bien reconnaître que là, on est dans la modernité, dans le concret, dans le contemporain. Cuisant échec à nouveau et nouvelle vague de protestations, Ô combien légitimes, de ces pauvres candidats. C'est qu'on avait bêtement choisi un extrait plein de métaphores. Alors, déjà que le mot est compliqué, si en plus, il faut comprendre ce qu'il veut dire, comment voulez-vous que les impétrants s'en sortent ?

    Ce pauvre monsieur Gaudé ne sera donc pas beaucoup mieux traité que son illustre prédécesseur et aura droit, lui aussi, à son lot de messages déchirants qui crient le désespoir de toute une jeunesse qu'on assassine.

    Rendez-vous compte par vous-même (même avertissement que précédemment: soyez prudents, ça pique les yeux !):

    Quelques nouvelles du Bac... à sable !

    Quelques nouvelles du Bac... à sable !

    Il faut donc bien en arriver à la conclusion qui s'impose: après plus de dix années d'école obligatoire, ce qui dérange les candidats au bac, ce n'est pas qu'un auteur soit vivant ou non, contemporain ou classique, talentueux ou non. Non, ce qui dérange fortement les candidats au bac, c'est que les auteurs ont l'outrecuidance d'écrire des mots qui forment des phrases qui forment des textes !

    Ce qui est tout de même une vision du monde hautement dépassée à l'heure où quelques consonnes suffisent bien largement à exprimer sa pensée. Si j'osais, je me permettrais de dire, comme les futures élites de la nation que l'école est en train de former, que: "lol, mdr, ptdr" ! Mais je ne possède pas, hélas, cette grâce stylistique.

    Pour plaider en faveur des infortunés candidats, il faut avouer que les concepteurs des épreuves ont toutes les audaces puisqu'en série S, dite scientifique, ils se sont permis avec arrogance de proposer aux postulants des exercices de physique-chimie !

    Quand on n'a pas l'esprit scientifique, on sera bien obligé de reconnaître que la physique et la chimie, c'est drôlement compliqué. Mais on serait de mauvaise foi de ne pas admettre que, même si on est censé s'être spécialisé dans l'étude des sciences (grâce à un système d'orientation de pointe, chacun le sait), la physique et la chimie, c'est compliqué quand même.

    D'où le scandale judicieusement dénoncé par ces élèves, qui auraient préféré sans doute qu'on leur posât des questions plus faciles du genre "L'eau est-elle liquide quand elle a fondu ?" ou "Est-ce qu'une gazinière à gaz utilise du pétrole ?".

    Heureusement, le ministère n'a pas mis longtemps à réagir (super réactifs, je vous dis) et s'est aussitôt fendu de consignes qui incitaient les correcteurs à l'indulgence, comme nous le raconte, par exemple, Metronews (mais aussi tous ses collègues). Voici même en bonus le fac-similé du document original:

    Puisque l'exercice était difficile, il était indispensable de changer le barème et de considérer qu'un 5/20 était à peu près l'équivalent d'un 18 et méritait une mention. Il faut tout de même bien récompenser la bonne volonté des candidats qui ont accepté de faire l'effort de se lever dès le matin pour assister aux épreuves.

    D'où un nouveau petit truc à ajouter dans notre précieuse liste:

    ASTUCE N°3 : changer le barème de correction pour que tout le monde ait gagné !

    On le voit, le ministère sait rester connecté et profiter des énormes bienfaits des réseaux sociaux pour se montrer à l'écoute des malheureux candidats qui n'ont de cesse d'y pleurnicher, avec force insultes et exigences.

    Ce qui nous conduit à cette nouvelle astuce:

    ASTUCE N°4 : tenir compte des plaintes des élèves !

    C'est qu'il faut les comprendre, ces mignons futurs ingénieurs. On leur a tellement répété que 90% d'entre eux auraient le bac qu'ils considèrent désormais que c'est un dû.

    Certains se demandent même pourquoi on ne les convoque pas directement pour leur remettre le diplôme avec fanfare et haie d'honneur de la Garde Républicaine dès le 25 avril, pour avoir eu l'immense bonté et la grande abnégation d'assister à des cours quelques heures par semaine alors qu'on sait bien qu'ils avaient plein d'autres choses importantes à faire comme regarder des émissions de télé-réalité ou poster des photos d'eux sur internet en train de... poster des photos d'eux sur Internet.

    Ils sont tellement persuadés de leur bon droit qu'ils n'hésitent plus à réclamer de manière démocratique – car on leur a inculqué les chères et fameuses valeurs de la république– en signant de multiples pétitions (avec une croix ?).

    Hop, une petite pétition pour changer le barème de l'épreuve de maths ! Hop, une autre pour réviser les sujets d'ETT (je ne sais même pas ce que c'est) ! Re-hop, une troisième pétition pour réclamer l'indulgence de la notation de l'épreuve de physique-chimie ! Et re-re-hop, encore une pétition pour supprimer une question de l'épreuve d'anglais ! (je vous laisse savourer les fautes d'accord, syntaxe hésitante, orthographe aléatoire de nos presque adultes qui démontrent avec fulgurance leur niveau à peine équivalent à un CM1)

    Devant une telle unanimité, il nous devient impossible de ne pas reconnaître que le bac est devenu bien trop difficile ! Comment en douter puisque ce sont les intéressés eux-mêmes qui nous l'apprennent ?

    Aussi, et je ne doute pas que ma proposition sera étudiée avec bienveillance et d'un œil favorable au plus haut niveau de l’État, parce qu'elle est censée, raisonnable et tout-à-fait en adéquation avec la politique de l’Éducation Nationale de ces vingt dernières années, je propose une dernière astuce pour définitivement asseoir le taux de réussite, pour époustoufler le monde occidental dans son ensemble qui ne pourra plus que se prosterner devant le triomphe de l'école française:

    ASTUCE N°5 : Supprimer l'épreuve et attribuer le bac sur pétition !

    Le meilleur moyen de gagner un temps fou, de faire des économies et de permettre aux élèves et professeurs de partir en vacances plus tôt (magie d'Internet et de la modernité: on peut très bien pétitionner depuis la plage).

    De toute manière, ça ne changera strictement rien: ils feront autant de fautes dans leurs pétitions que dans leurs copies.

     

     

     

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  • Labo d'archéologie : l'armée romaine

    ... l'organisation de la légion

     

     

    La république romaine, puis l'empire, ont développé une civilisation très militarisée. La carrière politique était indissociable de la carrière des armes et nul ne pouvait prétendre à de hautes fonctions s'il n'était pas un grand général.

    Le fer de lance de la domination de Rome sur le reste du monde résidait dans ses légions. D'une discipline exemplaire, parfaitement organisée, continuellement entraînée, la légion était l'armée la plus puissante et la plus crainte de l'antiquité. Elle a longtemps servi de modèle à toutes les armées qui lui ont succédé.

    Voyons comment fonctionnaient ses légions qui aujourd'hui encore suscitent l'admiration des amateurs de stratégie:

     

     Évolution de la légion 

    Comme le dit l'expression consacrée, Rome ne s'est pas faite en un jour. La légion non plus. Un long processus a été nécessaire pour en arriver aux alignements parfaits de légionnaires presque invincibles.

     

    - Époque étrusque -

    Labo d'archéologie : l'armée romaine

    A cette époque, la légion n'existe pas encore. Les tenues des soldats et leurs méthodes de combat sont inspirées des hoplites grecs, dont l'exemple a essaimé à travers toute la méditerranée. Les protections sont légères, les armes simples mais la discipline est déjà stricte.

     

    - Époque républicaine -

    (avant la réforme de Marius)

    Les légions sont encore balbutiantes mais commencent de se mettre en place. Elles sont constituées de trois lignes de combattants, par ordre d'ancienneté. Le premier rang est celui des novices qu'on appelle les hastati. Le second rang est constitué de soldats plus aguerris: les principes. Enfin, le troisième rang, qui n'intervient en général que lorsque la bataille va s'achever est composé de vétérans, les triarii ou triaires.

    Labo d'archéologie : l'armée romaine

    On compte également une ligne de combattants chargés de "dégrossir" les rangs ennemis en lançant des javelines (= petits javelots) et qui se retirent à l'arrière une fois leurs munitions achevées: les vélites.

    Labo d'archéologie : l'armée romaine

    Hastati, Triaire, Vélite

    A cette époque, les soldats payent eux-même leur équipement et leur armement. C'est pourquoi les vétérans sont en général mieux armés et mieux défendus que les hastati, leur long service dans l'armée leur ayant permis d'accumuler suffisamment de moyens pour s'offrir un équipement plus complet.

    Labo d'archéologie : l'armée romaine                          Labo d'archéologie : l'armée romaine

             Équipement des Hastati                                               Équipement des Triaires

    Même si l'armée est constituée de volontaires suffisamment fortunés pour payer leur équipement, leur dévotion envers la république les rend déjà redoutables.

     

    (après la réforme de Marius)

    A la fin du deuxième siècle avant J.C., le consul Marius organise une grande réforme de l'armée. Le recrutement est ouvert même aux classes pauvres, l'équipement est fourni par la république. De ce fait, les uniformes deviennent plus homogènes et les troupes plus dévouées à leur général. Le système des hastati, principes et triaires est supprimé. La légion devient une armée de professionnels.

    Labo d'archéologie : l'armée romaine

    tribun et légionnaires

    Les soldats sont protégés par une cotte de maille inspirée de celles des gaulois, les officiers portent un plastron de métal, généralement décoré.

     

    - Époque impériale -

    (Début Ier siècle)

    Il n'y a plus guère de changements dans l'organisation militaire après la réforme de Marius. En revanche, les tenues se perfectionnent, offrant une protection toujours meilleure. Les légions sont renforcées de troupes d'auxiliaires, qui ne sont pas des citoyens romains et appartiennent bien souvent aux peuples conquis.

    Labo d'archéologie : l'armée romaine                          Labo d'archéologie : l'armée romaine

               évolution des armures                                                    signifer et auxiliaire

    Le casque subit de profondes transformations. On améliore aussi les armes: le pilum (= sorte de lance) ainsi que le gladius (= glaive).

    Labo d'archéologie : l'armée romaine                          Labo d'archéologie : l'armée romaine

          Équipement du Légionnaire                                            Équipement du Signifer

    Les premières cuirasses faites de lames de fer articulées par des attaches de cuir font leur apparition. On appelle cette armure lorica segmentata.

    Labo d'archéologie : l'armée romaine

    Équipement du cavalier

    La cavalerie romaine est rare, l'armée étant surtout constituée d'infanterie (= troupes à pied). En faible nombre, la cavalerie sert surtout d'éclaireur, d'escorte pendant les marches et d'estafettes (= messagers). Elle conserve la cotte de maille, la lorica hamata.

     

    (milieu Ier siècle)

    Rome continue d'asseoir sa suprématie avec les premiers successeurs d'Auguste. La légion se couvre de gloire en remportant de nombreuses victoires. Elles repoussent et conquiert ses ennemis les plus farouches. C'est le début de la Pax Romana (= paix romaine). Une période de paix toute relative puisque si la guerre a cessé dans les frontières de l'empire, elle est presque perpétuelle au-delà.

    Labo d'archéologie : l'armée romaine                          Labo d'archéologie : l'armée romaine

           Centurion et légionnaires                                                 Centurions et aquilifer

    Vétérans et soldats d'élite, les centurions jouissent d'un prestige de plus en plus important. Ils arborent fièrement sur leur torse leurs décorations, médailles rondes appelées phalères.

     

    (IIème siècle)

    C'est l'époque de la dynastie des Antonins et des grandes conquêtes. Rome s'étend dans toutes les directions sous l'impulsion des empereurs Trajan, Hadrien ou Marc-Aurèle.

    Labo d'archéologie : l'armée romaine                          Labo d'archéologie : l'armée romaine

           Légionnaires et auxiliaire                                                Légat, tribun et signifer

    Jusqu'à l'écroulement de l'empire, l'armée ne connaîtra plus de grands bouleversements. Quelques aménagements d'uniformes auront lieu ça et là mais la tendance sera plutôt à une perte d'efficacité de plus en plus grande.

     

    *************************

     

     La guerre dans la légion 

    C'est évidemment la première raison d'être de l'armée romaine. Les ennemis étaient nombreux. Comme le Carthaginois Hannibal et ses éléphants, qui osa franchir les alpes pour attaquer la péninsule italienne pendant la seconde Guerre Punique (-218 à -201), mais qui fut battu par les troupes de Scipion l'Africain à la bataille de Zama en -202.

    Labo d'archéologie : l'armée romaine                          Labo d'archéologie : l'armée romaine

    Ou encore les gaulois lors de la célèbre Guerre des Gaules (-58 à -52), face à Jules César :

    Labo d'archéologie : l'armée romaine                          Labo d'archéologie : l'armée romaine

    La légion faisait face à tous grâce à sa discipline de fer. Les légions étaient capables d'exécuter toutes sortes de manœuvres et de changer de formation très rapidement. La plus célèbre de ces formations de combat est le testudo, qu'on appelle en français la tortue: groupés en rang serrés, les légionnaires tiennent leurs boucliers de manière à protéger le groupe sur tous les côtés.

     Labo d'archéologie : l'armée romaine                         Labo d'archéologie : l'armée romaine

    Grâce à leur talent d'ingénieurs, les romains maîtrisaient l'art du siège, qu'ils menaient armés d'engins perfectionnés: balistes, scorpions, onagres, tours de siège,...

    Labo d'archéologie : l'armée romaine

    A Alésia (-52), les légionnaires édifièrent deux lignes de défense: une pour encercler les assiégés: la circonvallation, et l'autre pour s'encercler eux-mêmes et se protéger d'une attaque extérieure: la contrevallation. Le rempart, ponctué de tours, était doublé d'une série de pièges et chausse-trapes : fossé en eau, pieux dans le sol,...

    A Massada (72-73 ap. J.C.) en Judée, pour s'emparer d'une citadelle inexpugnable sur une hauteur abrupte, ils passèrent plusieurs mois à construire une rampe pour y accéder.

    Labo d'archéologie : l'armée romaine                          Labo d'archéologie : l'armée romaine

         Fortifications d'Alésia (Gaule)                                      Assaut de Massada (Judée)

    En revanche, s'ils étaient presque invincibles quand ils combattaient en ligne sur un champ de bataille ou lors des sièges, ils étaient très vulnérables en cas d'embuscade pendant leurs déplacements :

    Labo d'archéologie : l'armée romaine

     

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     La vie dans la légion

    Experts en construction, les légionnaires étaient entraînés à bâtir un camp fortifié en quelques heures. A l'issue des longues marches (une légion pouvait parcourir près de 50 km en une journée), on bâtissait un camp pour la nuit, avant de l'abandonner parfois dès le lendemain.

    Labo d'archéologie : l'armée romaine                          Labo d'archéologie : l'armée romaine

            Construction d'un camp                                                       Vie dans le camp

    Cette organisation leur permettait d'être les plus performants dans l'édification des infrastructures. Ils se chargeaient de tracer les innombrables routes qui jalonnèrent l'empire, d'ériger des aqueducs, des ponts ou de fonder des villes nouvelles.

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             Construction d'une route                                           Construction d'un aqueduc

    Une grande partie de leur temps était consacré à l'entraînement individuel ou à la répétition inlassable des manœuvres. Souvent partie pour de longues campagnes, la légion emmenait avec elle tout ce qui était nécessaire à sa subsistance, mais également des spécialistes dont les services étaient indispensables.

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           Entraînement à la caserne                                              Chirurgien de la légion

    A partir du milieu du 1er siècle, sous la dynastie des Antonins, certaines troupes étaient cantonnées loin de Rome, le long du limes, ce long mur édifié aux frontières septentrionales pour contenir les tribus barbares. Beaucoup de légionnaires fraternisèrent avec les populations locales, certains fondèrent même des familles.

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    Légionnaires cantonnés au nord de la Bretagne (Angleterre)

     

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     Le fonctionnement de la légion 

    - Paquetage du légionnaire -

    En plus de son armement (bouclier, casque, armure, armes,...) le légionnaire emportait avec lui tout ce dont il pouvait avoir besoin pendant une campagne.

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    Son matériel de subsistance était composé de gamelle, chope, gourde, couverts et tout le nécessaire pour se nourrir. Son matériel de travail se constituait de plusieurs outils, utiles à l'édification du camp ou autres travaux d'ingénierie qu'il aurait à accomplir.

    Il transportait également des ustensiles de toilette pour se laver, se raser et entretenir ses vêtements et armes. Au total, un légionnaire emportait un paquetage qui pesait une trentaine de kilos, auxquels il faut ajouter la tenue qu'il portait. Il emportait également sa solde (= salaire) sous forme de pièces de métal, ce qui rajoutait encore du poids.

     

     - Le camp -

    Bâti selon un plan standard, les camps étaient toujours similaires, à de rares exceptions quand il fallait s'adapter au terrain.

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    Chaque légionnaire connaissait sa fonction et sa place dans la construction, ce qui permettait une édification particulièrement rapide, d'autant plus que la répétition régulière de l'ouvrage favorisait les automatismes.

     

    - Le déploiement -

    L'unité de base de la légion est la centurie, composée de 80 hommes (100 au début d'où son nom). Deux centuries forment un manipule (160 hommes) et il faut 3 manipules pour constituer une cohorte (480 hommes).

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    Chaque centurie, manipule et cohorte a ses propres officiers, sous-officiers et porte-enseignes. Toutes ces unités ne sont pas égales, la 1ère cohorte est plus nombreuse et est également la plus prestigieuse : elle ne compte que cinq centuries mais chacune compte 120 hommes. Ses membres sont l’élite de la légion.

    Un système de graduation existe et le soldat gravit les échelons au fur et à mesure de la longueur de son service et de ses exploits. Ainsi, les nouveaux commencent dans la dernière centurie de la dixième cohorte et progressent jusqu'à faire partie de la 1ère centurie de la 1ère cohorte, l'unité la plus glorieuse.

     

     - Grades et hiérarchie -

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    Tribun, Signifer, Légat

    L'état-major d'une légion comprend:

    Un Légat (= général) : C'est le chef absolu d'une légion. Parfois, le légat est placé sous les ordres d'un Consul ou d'un Prêteur, fonctions primordiales à Rome, qu'il seconde.

    Six Tribuns (= officiers supérieurs) : Ce sont les adjoints directs du légat. On compte un tribun laticlave, jeune sénateur qui débute sa carrière politique et 5 tribuns angusticlaves, qui ne sont pas issus de la classe sénatoriale. Chaque tribun commande dix centuries.

    Un préfet du camp (Praefectorus Castrorum) : Il supervise la construction du camp et l'entretien des remparts, il est responsable du train de bagages lors des marches et il commande les engins de siège. Il s'agit souvent d'un ancien centurion Primipile.

    Sous leurs ordres, on trouve :

    Les centurions (= Officiers) : On compte un centurion par centurie. Ce sont des soldats qui se sont particulièrement distingués sur le champ de bataille et dont les exploits militaires leur ont valu leur nomination. C'est le grade le plus haut que peut obtenir un soldat. Le plus important des centurions est celui qui commande la 1ère centurie de la 1ère cohorte: on l'appelle le centurion primipile. Il a le privilège de participer aux réunions d'état-major. Obtenir ce grade est le but que poursuivent tous les soldats.

    Les principales (= Sous-officiers) :

    • Optione : second du centurion, il y en a un par centurie.
    • Signifer : C'est le porte-enseigne. On le reconnaît à son casque surmonté d'une tête d'ours, de lion, de loup,... Il y en a un pour chaque centurie. C'est forcément un soldat de valeur puisqu'il a la responsabilité du Signum (= enseigne) qui est un objet sacré. Chaque légionnaire préfère mourir que de voir le Signum être pris par l'ennemi.
    • Aquilifer : C'est lui aussi un porte-enseigne mais plus important puisqu'il porte l'aigle (= aquila en latin), représentant toute la légion.
    • Tesserarius : Un par centurie. Il recevait du tribun le mot de passe ou un ordre écrit sur une tablette appelée tessera.
    • Cornicem : C'est le sonneur de cornu. C'est lui qui mobilise les Signifers, que chaque légionnaire suit immédiatement, que ce soit dans les batailles ou la marche. Il y en a un par cohorte.

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    Voilà ! Vous savez maintenant presque tout ce qu'il y a à savoir de la légion romaine. Son organisation sans faille et ses soldats aguerris lui ont permis de dominer pendant des centaines d'années. C'est l'affaiblissement progressif de cette armée à partir des IIIème-IVème siècles, minée par les conflits politiques et conduite par de mauvais généraux qui est l'une des causes de l'écroulement de l'empire romain.

     

     

     

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