• Lettre ouverte

     

    Chère Najat,

    (permettez-moi de vous appeler ainsi vu ce que vous nous coûtez)

    J'ai bien reçu votre petit cadeau.

    Toute la famille, bouleversée de tant de mansuétude, vous remercie d'avoir bien voulu vous pencher sur notre cas et surtout, de tout mettre en œuvre pour que nous puissions enfin instruire notre enfant dans le respect de la liberté d'enseignement et des valeurs de la république.

    C..., en tant que premier concerné, a bondi de joie en apprenant qu'il n'aurait plus besoin de s'encombrer l'esprit avec des connaissances trop lourdes pour lui, qu'il pourrait enfin, comme ses millions de camarades scolarisés, se contenter de quelques bases lacunaires qui pourront lui permettre, une fois adulte, d'exercer ses droits de citoyen en bonne intelligence avec vos incantations.

    Et en votant pour vous sans se tromper ! Puisque toute sa scolarité lui aura enseigné, comme vous l'avez rêvé, que la rébellion, c'est mal, que la liberté de penser, c'est une atteinte à la démocratie, qu'un jugement raisonné et informé, c'est du populisme et que vous contrarier, c'est faire le jeu des extrêmes et ouvrir la porte à l'arbitraire, à  la tyrannie.

    Le message est passé, Ô lumière de nos vies (permettez-moi de vous appeler ainsi puisque votre éclat illumine nos journées) !

    Nous n'étions jusqu'alors que de vils démagogues, des parents nocifs et toxiques, proches du fascisme et de la radicalisation, à la fois soutiens inconditionnels des théories dignes "des heures les plus sombres de notre histoire" (celles où vous n'aviez, hélas, pas la charge de porter au pinacle la jeunesse de France) et à la fois fervents supporters des actes terroristes qui cherchent à mettre notre pays à genoux.

    Grâce à vous, nos genoux ne seront plus écorchés, sauf lors de notre génuflexion quotidienne face à votre portrait, petit rituel familial obligatoire que nous avons instauré en reconnaissance des mille bienfaits que vous nous apportez.

    Nous qui nous étions fourvoyés sur la route cahoteuse et sans lendemain de l'Instruction en Famille, nous sommes heureux que votre magnanimité, votre amour du peuple, nous aient enfin remis dans le droit chemin. Nous n'en pouvions plus de toutes ces pédagogies alternatives, de tout cet informel, de tous ces acquis et compétences qui pouvaient surgir n'importe quand, sans aucune cohérence.

    Et, plus grave encore, en totale contradiction parfois avec les attendus de fin de cycle des sept domaines de compétences du socle commun !!! Cette irruption de la culture, presque constante, dans le petit cerveau tout frais d'un enfant qui n'en demande pas tant (pensez donc!) était à n'en pas douter une maltraitance.

    Inconscients que nous fûmes de ne pas en avoir pris la mesure avant votre rappel salutaire, Ô splendeur de mes nuits (permettez-moi de vous appeler ainsi puisque je dois avouer quelques rêves coupables où je me retrouvais "bercé dans vos bras audacieux").

    Face à ce ramassis d'insoumis, à cette dangereuse frange de la population qui ose remettre en question votre luminescence, je ne peux que me montrer solidaire de votre combat. Il est insupportable, en démocratie, de ne pas être d'accord avec vous !

    C'est vraiment ce genre d'attitude, proche de la dictature populaire, qui abîme jour après jour les valeurs de la république qui vous sont si chères et que vous restez, contre vents et marées, la seule à défendre becs et ongles (permettez-moi d'abuser des phrases toutes faites et expressions galvaudées qui devraient être les seules autorisées par l’État pour que tout débat soit sain).

    Bien que n'étant qu'un misérable vermisseau et n'ayant pas le moindre conseil à vous donner, je me permets de porter à votre connaissance cette maxime célèbre qui, j'en suis sûr, trouvera écho en votre âme de républicaine convaincue :

    Lettre ouverte

    Mais cependant, une chose m'inquiète, Ô grande prêtresse de la connaissance (permettez-moi de vous appeler ainsi puisque vous faites un dogme absolu des réformes que vous déféquez)  ! Comment vos nouvelles époustouflantes mesures pourront-elles améliorer mon quotidien rapidement ?

    Car je m'interroge... Les inspecteurs de l’Éducation Nationale maîtrisent-ils le socle commun ? Parce qu'il me serait insupportable, voyez-vous, que l'instruction de mon fils soit contrôlé par des individus qui maîtrisent moins bien le socle commun que lui, ce qui en ferait à vos yeux, si l'on en croit vos déclarations multiples, des sous-humains incapables de s'adapter dans le monde actuel et, pire encore, des suppôts de Satan qui ne respectent pas les valeurs de la République.

    L'exemple des Inspecteurs qui me furent attribués vous permettra de mieux comprendre mon inquiétude. En effet, ces dignes messieurs qui ont pour habitude de me rendre visite en cravate, ce qui témoigne de tout le sérieux de leurs fonctions, (personnellement, je ne porte jamais de cravate parce que ça me serre un peu là. Ce qui démontre à quel point ces fiers agents de l’État me sont supérieurs puisqu'on le sait, la cravate fait la compétence.), ces dignes messieurs, disais-je, seront-ils suffisamment armés contre les parents rebelles qui ne manqueront pas de venir mettre des bâtons (de dynamite ?!) dans leurs roues ?

    Je sais à quel point il est inutile de vous le rappeler, Ô grande gardienne du savoir absolu (permettez-moi de vous appeler ainsi puisque... puisque bon !), mais le socle commun stipule dans le premier de ses sept domaines de compétences, intitulé La maîtrise de la langue française :

    "L'acquisition de cette compétence est une priorité absolue. Elle passe par :

        la capacité à lire et comprendre des textes variés
        la qualité de l’expression écrite
        la maîtrise de l'expression orale
        l’apprentissage de l’orthographe et de la grammaire
        l’enrichissement quotidien du vocabulaire"

    Or, force est de le constater, le ver est dans le fruit ! Voyez vous-même :

    Lettre ouverte

    N'est-il pas évident dans ce courrier que cet Inspecteur ne maîtrise pas "la capacité à lire et comprendre des textes variés" ? Car s'il la maîtrisait, il aurait sûrement lu et compris que la circulaire lui impose un délai d'un mois minimum entre son courrier et la date du contrôle.

    Vous me rétorquerez à juste titre que je suis de mauvaise foi puisque ce pauvre homme n'a même pas connaissance de l'existence d'une circulaire. Et que de ce fait, il ne peut pas faire preuve de son extrême compétence (validée par l’État quand même) à lire et comprendre un texte.

    Vil pinailleur que je suis et qui est bien obligé de capituler devant l'évidence de cette brillante argumentation. Il ne saurait être question d'imaginer une seconde que vous puissiez vous tromper tant votre parole est d'or, Ô divine nitescence (permettez-moi de vous appeler ainsi puisque ça me permet d'écrire un joli mot qu'on n'utilise pas assez).

    Mais cela ne rassurera pas mon angoisse bien légitime. Vos amendements, décrets et circulaires seront-ils efficients dans les plus brefs délais. Car il y a urgence à sortir notre famille de ce marasme et le désespoir nous saisit en constatant que notre enfer n'est peut-être pas terminé.

    Parce que d'après un autre Inspecteur devant lequel j'ai eu la joie de me prosterner et qui continue de vivre sur ses acquis du siècle dernier, nous sommes restés à celle de 1999 :

    Lettre ouverte

    [Je vous invite d'ailleurs, Ô omnisciente dirigeante du bazar national (permettez-moi de vous appeler ainsi puisque rien ne vous échappe du fonctionnement des écoles et de l'administration dont vous avez la charge), à constater par vous-même la rigueur et le professionnalisme sans faille de tous les acteurs concernés dans le compte-rendu officiel de ce contrôle que j'ai eu l'heur de rédiger.]

    et il n'est visiblement pas le seul, si l'on en croit ce courrier envoyé à une autre famille:

    Lettre ouverte

    Si mon calcul est exact, vos nouvelles mesures ne devraient donc pas commencer à être connues de vos services avant au moins 2021. Puisqu'en 2016, soit 5 ans après la publication de la circulaire 2011-238, vos agents n'ont toujours pas reçu le mémo leur demandant de la lire.

    Et si l'on s'en tient aux deux derniers exemples (des gens bien plus sérieux et bien mieux formés que le premier puisque eux, au moins, savent qu'une circulaire existe), notre famille ne pourra sans doute pas bénéficier de ses bienfaits avant 2033. Soit 2016 + 17 ans, c'est-à-dire l'exact décalage temporel dans lequel semble vivre ces deux inspecteurs ("Nom de Zeus, Marty!").

    Vous vous en doutez, ce sera un véritable plaisir pour moi d'assurer la formation juridique de vos agents comme je le fais avec bienveillance à chaque contrôle. Comme toujours, inspiré par votre lumière divine, je prêcherai votre bonne parole en expliquant moi-même le contenu de la loi. Et je sais déjà qu'ils boiront mes paroles avec cette prodigieuse capacité de remise en question, d'adaptation et de rebond qui caractérise tous les personnels de votre glorieux ministère (Songez donc ! Moins de vingt ans pour intégrer des changements primordiaux dans la manière d’exécuter son travail ! Une rapidité qui force le respect et dont bien des institutions pourraient pâlir de jalousie).

    Mais cela sera-t-il suffisant pour les ramener dans le droit chemin ? Cela sera-t-il suffisant pour avoir la certitude qu'ils appliqueront à la lettre et sans trembler vos préceptes salvateurs, Ô machine (permettez-moi de vous appeler ainsi puisque je sèche un peu sur les superlatifs) ?

    Car, en 2021, vous ne serez plus là (et vous n'imaginez pas à quel point cela me tourmente d'avance. J'envisage une psychothérapie médicamenteuse pour affronter cette perte). Et en 2033, vous aurez disparu corps et âme, engloutie dans les tréfonds boueux d'une Histoire bien ingrate !

    Et, cerise sur le pompon, en 2021, C... ne sera plus concerné par la "scolarité obligatoire" comme vous savez si bien la nommer avec ces mots choisis qui reflètent tout votre amour du compromis. En 2033, C... sera déjà un adulte accompli.

    Devra-t-il alors songer à reprendre une formation pour enfin pouvoir maîtriser le socle commun dont je l'aurai privé, bien malgré moi ? Devra-t-il recommencer toute son Instruction en Famille pour enfin bénéficier de l’œil averti d'Inspecteurs qui, cette fois, auront intégré les changements salutaires que vous avez souhaité insuffler ?

    Voilà pourquoi j'ai si peur que vos mesures de bon sens ne parviennent pas à améliorer la qualité des contrôles que nous faisons subir aux inspecteurs.

    Mais je ne vous remercierai jamais assez d'essayer de dompter cette chienlit de parents instructeurs qui ont l'impudence d'imaginer que la démocratie les concernerait. On croit rêver !

    En vous assurant de notre reconnaissance éternelle, très chère Najat (permettez-moi de vous appeler ainsi parce que je viens de relire ma feuille d'impôts et décidément...), je vous prie d'agréer mes salamalecs cérémonieux.

     

     

     

    Pin It

    3 commentaires
  • Les enfant instruits en famille devront-ils tous bientôt aller à l'école ?

    Non, rassurez-vous ! Notre ministre n'est pas un tyranneau si impitoyable. Elle respecte le libre choix des parents. Il ne sera pas obligatoire de scolariser ses enfants ! Pourvu que l'on suive à la lettre et sans moufter les époustouflants programmes de l’Éducation Nationale qui font jour après jour la preuve de leur efficacité et l'admiration de nos voisins.

    Najat prévoit des craies pour les Non-scos.

    Si vous êtes ici, c'est sans doute que de près ou de loin, vous êtes concernés par l'IEF. Donc, vous êtes sans doute déjà au courant des nouvelles mesures en cours. Toute la sphère IEF s'agite, commente, pétitionne, bruisse,...

    Je ne vais pas vous donner mon avis personnel sur ces projets. Bien d'autres en ont parlé. Tout a été dit et même très bien dit. Je vous renvoie à certains de leurs écrits qui valent la peine d'être lus :

    Chez Petit Homeschoolers

    Chez Denis Verloès

    Chez Collect'IEF

    Chez Apprendre avec Bonheur

    Moi, vous me connaissez, je ne suis pas là pour juger!

    Non, non ! Moi, je me contente de regarder, de lire et de déchiffrer les messages subliminaux que nos chers politiques tentent de nous envoyer.

    Alors de quoi parle-t-on ? Quelles sont donc ces nouvelles mesures envisagées ? (Vous noterez au passage que l'on ne parle pas de lois, qui donneraient lieu à un horrible et insoutenable débat démocratique, mais bien de mesures, appliquées à coups de circulaires, décrets et autres artifices illégaux, sans valeur et anti-démocratiques).

    Étudions donc avec toute la bienveillance qui nous caractérise ces fameuses mesures. Les voici reproduites ci-dessous:

    D'abord, le communiqué officiel. Tout joli, tout paré de bleu-blanc-rouge pour faire bien République, sobrement (comme toujours !) intitulé:

    Garantir le droit à l'éducation pour tous les enfants dans le respect des valeurs de la République et de la liberté de l'enseignement

    Ça, c'est la vitrine ! Mais comme nous sommes des consommateurs exigeants, nous ne nous contentons pas de baver à la devanture du magasin et nous passons la porte pour aller soupeser les produits. Voici donc ce qu'on trouve dans le panier de fruits pourris, que nous avons choisi d'intituler nous-même :

    Amendement, décret et circulaire déjà écrits, y'a plus qu'à signer, c'est dire si le dialogue reste ouvert !

    Mais revenons au communiqué.

    On nous dit : "Le texte prévoira désormais très clairement qu’il revient à l’autorité académique de déterminer les modalités et le lieu du contrôle"

    Vous voilà prévenus! Vous qui n'appartenez pas à l’Éducation Nationale, vous qui n'avez aucun compte à lui rendre puisque vous n'êtes même pas parent d'élève, vous serez convoqué aux lieux et heures qui arrangent votre Inspecteur. Pour qu'il ne soit pas trop éloigné de sa cantine, sans doute !

    Peu importe que vous soyez libres ou non, véhiculés ou non, l'heure du repas de votre Inspecteur, c'est sacré ! Et attention au petit malin qui aurait l'outrecuidance de vouloir faire valoir son droit à la liberté de circulation car "Les parents qui refuseront deux fois de suite, sans motif légitime, de soumettre leur enfant au contrôle pédagogique seront désormais mis en demeure de l’inscrire dans un établissement d’enseignement public ou privé (...)"

    Et devinez qui aura le pouvoir de décider si votre motif est légitime ou non ? Votre Inspecteur, bien sûr ! Qui, nous venons de le voir a grand faim, ce qui le met généralement de mauvaise humeur.

    On nous dit : "Améliorer la qualité du dialogue éducatif avec les familles lors des contrôles"

    Il faut reconnaître que le dialogue éducatif avec des fonctionnaires bornés, arc-boutés sur leurs certitudes et leur procédure unique n'est pas toujours facile. Alors, quoi de mieux que d'imposer à tous les mêmes procédures, les mêmes méthodes d'évaluation en menaçant de sanctions le moindre citoyen qui essaierait de faire valoir ses droits ? Et en décrétant par avance que l'Inspecteur a toujours raison. Ainsi, le dialogue devient enfin constructif. Et sa qualité grandement améliorée !

    "Tu fermes ta gueule et tu obéis aux ordres !" me disait mon sergent à l'époque où j'étais un pauvre troufion comme les autres. Il était lui aussi un grand partisan du dialogue amélioré !

    On nous dit : "Permettre aux inspecteurs de vérifier la progressivité des apprentissages vers le socle commun"

    Et on ajoute pour qu'on comprenne bien : "Afin de vérifier la progressivité des apprentissages, dans le plein respect des choix éducatifs effectués par les familles, (il est interdit de rire !) les inspecteurs pourront désormais se référer aux objectifs de connaissances et de compétences attendues à la fin de chaque cycle de la scolarité obligatoire. Les inspecteurs et les familles disposeront ainsi de références pédagogiques communes pour apprécier la progression de l’enfant vers l’acquisition des compétences et connaissances du socle commun."

    Alors, plutôt que de remettre en question un système qui ne fonctionne pas (tous les classements internationaux en attestent année après année), plutôt que de former les Inspecteurs aux pédagogies qu'ils sont censés contrôler, simplifions leur la tâche : imposons aux réfractaires que nous sommes les paliers et attendus de l'EN.

    Vous, parent instructeur, qui de toute évidence étiez perdu dans le maquis pédagogique, incapable de vous en sortir par vous-même, n'êtes-vous pas heureux de pouvoir jouir à présent de "références communes" ? C'est quand même plus simple, reconnaissez-le. Vous n'avez plus qu'à lire à la maison les manuels scolaires imposés et vous voilà tranquille. Vous aurez bien fait votre devoir, vos enfants en seront épanouis et reconnaissants. Ce qui, de toute façon, est anecdotique puisque le principal, on l'aura compris n'est pas le bien-être de l'enfant mais de faciliter la tâche de l'Inspecteur.

    La suite est un régal de précision. Il faut clarifier nous a prévenu la ministre. Alors pour clarifier, on stipule que "Il sera explicitement prévu que l’enfant pourra être soumis à des exercices écrits ou oraux."

    Vous voyez, c'est plus clair! Il n'est pas prévu que l'enfant "sera" soumis, ce qui aurait au moins le mérite de lever toute ambiguïté. Non, non, il est prévu que l'enfant "pourra"... Ou pas ! Ou alors si ! En tout cas, c'est "explicitement prévu" ! Il était bon de lever l'équivoque par des termes aussi limpides.

    Après cette petite analyse de texte, essayons de comprendre quels sont les objectifs revendiqués par notre ministre. Si elle fait tout ça, c'est qu'elle a de bonnes raisons, non ?

    Alors, quelles sont ces raisons et quelle efficacité auront ces mesures pour atteindre ses objectifs ? C'est à partir de là qu'on rigole.

    Objectif N°1 : réduire le nombre de recours.

    C'est vrai, ça devient franchement insupportable tous ces citoyens qui connaissent mieux la loi que leurs gardes-chiourmes et qui tentent de la faire respecter démocratiquement.
    Quels effets sont à prévoir ? Et bien, tout simplement les recours en justice vont augmenter.
    Pourquoi ? Parce que le décret entre en contradiction avec la loi, la constitution et d'autres textes fondamentaux. Mais pire encore, il est en contradiction avec lui-même puisqu'il reconnaît la liberté pédagogique mais en imposant un chemin obligatoire. Un hiatus qui ne manquera pas de créer malentendus, polémiques et interprétations diverses entre les Inspecteurs et les parents. Et tel que l'on connaît certains parents pinailleurs, il y a gros à parier qu'ils ne laisseront pas passer de si belles occasions. 

    Belle efficacité ! A l’Éducation Nationale, quand on en a assez d'être traîné en justice (et de perdre TOUS les procès jusqu'à présent !), on donne les moyens aux parents d'agir encore plus en justice. Et on se donne les conditions pour perdre à nouveau TOUS les procès.

    Objectif N°2 : Certains contrôles ne sont pas effectués par manque de moyens et de temps.

    "Seulement deux tiers des enfants sont effectivement contrôlés." précise le communiqué. Un chiffre qui m'étonne grandement puisque dans les réseaux que je fréquente, je ne connais personne qui soit passé entre les mailles du filet. Mais admettons !

    La mesure adoptée pour pallier cet inconvénient ? Augmenter le nombre de contrôles, bien sûr !
    C'est brillant ! Quand on n'a déjà pas assez de temps pour faire son travail, la mesure la plus efficiente à prendre est d'augmenter la charge de travail. Il fallait y penser ! Vous et moi serions bien incapables de trouver des solutions aussi lumineuses. Avouons donc modestement notre infériorité. La preuve est faite que nous ne serions pas capables d'être ministre. Alors, franchement, hein, de quoi on se mêle ?

    Objectif N°3 : les Inspecteurs ne sont pas assez formés aux pédagogies alternatives, d'où incompréhension avec les parents.

    Comment y remédier ? En faisant exécuter les contrôles par des profs des écoles ! Qui non seulement sont encore moins formés aux pédagogies alternatives mais, en plus, ne sont pas formés du tout à devenir des inspecteurs. J'en ai pleuré de ne pas avoir été capable d'imaginer moi-même une solution aussi éblouissante !

    Objectif N°4 : lutter contre le terrorisme.

    (Un peu mis de côté mais ne l'oublions pas quand même, c'est un tellement bon prétexte.)

    Comment répondre à l'urgence manifeste ? Car elle est manifeste, sinon on ne serait pas en "état d'urgence" (c'est écrit dans le titre quand même). En adoptant des mesures censées prendre effet à la rentrée... 2017 !

    Soit deux ans et neuf mois après les premiers attentats de janvier 2015 et un an et dix mois après ceux de novembre 2015. On admire le sens de l'urgence ! Pas de doute, on se sent bien protégé. D'autant que, nous le savons déjà, le terrorisme et l'IEF n'ont strictement aucun rapport. Du grand art !

    Objectif N°5 (déguisé celui-là) : mettre aux pas les parents instructeurs.

    On peut dire que c'est réussi ! Au départ, nous avons un groupe disparate, éclaté, constitué de gens souvent individualistes ou isolés, représentés par diverses associations qui ont parfois du mal à s'entendre. Bref, une catégorie de population qui n'a aucun pouvoir de nuisance pour les politiques à cause de leur dispersion.

    Et bien, mon petit doigt m'a dit que tous ces gens sont en train de se regrouper sous une seule bannière pour pouvoir agir en justice et peser à l'avenir dans les décisions gouvernementales.

    L'émérite et distinguée Madame Vallaud-Belkacem a réussi là où tous les autres ministres avaient échoué ! Ou comment donner à ses ennemis les moyens de vous abattre. De la grande stratégie ! L'ombre de Napoléon en pâlit de jalousie !

    Enfin, on ne pourra pas s'empêcher de s'ébahir devant cette clause de style virevoltante qui permet d'affirmer dans la même phrase une chose et son contraire (à 6'05 min. dans la vidéo) :

    "(...) renforcer le contrôle [du droit à l'éducation] pour mieux protéger la liberté [de l'enseignement]."

    Il fallait oser !

    Je propose d'en faire une maxime : "Les contrôles protègent la liberté" et de l'inscrire au fronton des écoles. C'est encore plus beau que "Le travail rend libre" (= Arbeit macht frei, en version originale).

    Si on lui ajoute une petite moustache, croyez-vous qu'elle ressemblera à son modèle ? Vous savez, celui qui a rendu l'école obligatoire dans son pays, celui qui a interdit les pédagogies alternatives et celui qui a défini les principes si salutaires d'une instruction entièrement aux mains de l’État avec un programme unique.

    Mais, si, vous voyez bien ! Lui :

    Décret Najat

    Allez, allez, soyons taquins ! Essayons !

    Décret Najat

    Ah, non ! Raté !

    En fait, elle a plutôt l'air d'être la cousine de celui-ci :

    Décret Najat

    N'est pas dictateur qui veut ! Reconnaissons-le, ça demande tout de même un certain talent dont notre ministre est notoirement dépourvue. Pour être dictateur, il faut même disposer d'une certaine forme de génie, que nous chercherions en vain dans l'esprit à courte vue d'une ministre uniquement motivée par l'envie de laisser son nom dans l'Histoire.

    Et bien, qu'elle se rassure ! L'Histoire a des choses plus importantes à retenir et elle finira dans ses poubelles comme tous ceux qui l'ont précédé.

    En revanche nous, parents instructeurs, nous ne sommes pas près de l'oublier !

    Pin It

    31 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires