• Regardons un peu en arrière et penchons-nous sur des événements déjà anciens mais extrêmement enrichissants pour juger du regard de nos élites sur l'Instruction En Famille.

    Les faits eurent lieu en 1998. Jacques Chirac était alors Président de la République, Lionel Jospin Premier Ministre.

    La crise d'hystérie collective était animée par Madame Ségolène Royal. Mais si elle avait allumé la flamme et soufflé sur les braises, l'incendie s'était propagé de lui-même, se nourrissant de son propre feu.

    L'Hystérie républicaine

    Pour une des rares fois de son existence, la république était unanime dans son combat glorieux. Majorité et opposition parlaient exceptionnellement d'une seule voix. L'Union nationale ? Ce ne pouvait être que pour une cause primordiale, essentielle et qui menaçait le pays tout entier, penserez-vous.

    Et bien... Pas tout à fait ! Simplement parce qu'un fait divers avait révélé un cas d'embrigadement sectaire dans une famille dont l'enfant était non-scolarisé.

    Ni une, ni deux, il n'en fallait pas plus pour que tous les moyens de la république, pour que tous les élus de tous bords se lancent, vent debout, dans une croisade épurative destinée à extirper le mal qu'on instillait sournoisement dans l'esprit malléable de pauvres enfants, innocentes victimes de parents cruels, tellement méchants qu'ils auraient fait passer les Thénardier pour les lutins du Père Noël.

    A son point culminant, la névrose a donné lieu à des débats on ne peut plus officiels à l'Assemblée Nationale puis à une circulaire proprement hallucinante, heureusement abrogée depuis.

    Pourquoi exhumer une affaire si ancienne ? A cela trois raisons:

    - D'abord pour illustrer par l'exemple que l'Instruction En Famille est une cible privilégiée de nos gouvernants depuis quelques décennies.

    - Mais aussi pour garder les yeux ouverts et conserver à l'esprit que de telles suspicions et tentatives de brider l'IEF peuvent renaître du jour au lendemain. N'importe quel prétexte leur sera bon. Nous allons le voir ici, avant de parler dans un prochain article d'un amalgame un peu comparable, qui est celui-là pleinement d'actualité.

    - Enfin, la troisième raison, est que ce grand emballement de l'époque a donné naissance à la loi n°98-1165 du 18 décembre 1998 tendant à renforcer le contrôle de l'obligation scolaire. Même si cette loi a été en partie abrogée et grandement modifiée, elle constitue la base de celle qui régit aujourd'hui l’obligation de déclarations et de contrôles. Ce "renforcement" nous a donc été offert par Madame Ségolène Royal, ministre déléguée chargée de l’enseignement scolaire à ce moment-là. Merci pour le cadeau !

    Nous pourrions gloser sans fin sur la nécessité d'encadrer l'Instruction En Famille... L'honnêteté nous commande de reconnaître que pour le bien d'enfants éventuellement en danger la vigilance soit de mise. Même si les cas sont très minoritaires, on ne peut malgré tout pas écarter que de tels cas peuvent exister. Et si un seul enfant est en danger, il est du devoir de tous et particulièrement de la république de lui venir en aide. Sur cela, nous serons bien évidemment tous d'accord !

    Cependant... Pour ce seul enfant qu'il faut sauver, faut-il pour autant jeter l'opprobre, la suspicion et la présomption de culpabilité sur toute une partie de la population ? Qui ne constitue même pas une communauté tant ses membres sont disparates, hétérogènes et éloignés géographiquement, politiquement, spirituellement,...

    Pour nos élus, la réponse à cette question est oui ! Si un seul fruit est pourri, il faut jeter tout le panier !

    C'est un peu comme si nous, citoyens, considérions dès qu'un politique est impliqué dans une fraude fiscale, un abus de bien social, une affaire de corruption, que tous les politiques sont corrompus, échappent au fisc ou se mettent de l'argent plein les poches. Nous nous en garderons bien, nous sommes plus intelligents qu'eux.

    Nous sommes donc le 10 décembre 1998. C'est un jeudi ! Le projet de loi a été examiné au Sénat, un grand concert de blablas a été organisé à l'Assemblée Nationale. Ce n'est plus qu'une formalité, la loi va être adoptée.

    Cette séance a donné lieu à un florilège de pépites fusant de tous bords. L'accord était parfait entre tous les flûtistes. L'hémicycle a raisonné comme un harmonium mélodieux.

    Si le courage vous étreint, rendez-vous compte par vous-même :

    COMPTE RENDU INTÉGRAL DES SÉANCES DU JEUDI 10 DÉCEMBRE 1998

    Pour les plus occupés, permettez-moi, comme dirait Rabelais, d'en extraire la "substantifique moelle".

    Le premier orateur prend la parole:

    " (...)  Je veux vous rappeler, à titre liminaire, qu’au moins 6 000 enfants de six à seize ans seraient aujourd’hui soustraits à l’école de la République et soumis à l’emprise de sectes pour leur éducation. Outre des menaces pour leur santé physique et mentale, ces enfants sont victimes de propagande sectaire et soumis à une manipulation dogmatique sous couvert de programmes éducatifs originaux. (...)"

    L'Hystérie républicaine Patrick Leroy,

    rapporteur de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales

    Parti Communiste - Plus député depuis 2002

    sa fiche )

    Ça commence fort : "au moins 6000 enfants" ! Vu que ce chiffre doit être peu ou prou celui de la plupart des enfants concernés par l'IEF à cette époque, difficile de ne pas croire que toutes les familles instructrices sont visées. Même si on ne sait pas d'où sort ce chiffre, rendons grâce au rapporteur de le minimiser avec une délicieuse pudeur. "Au moins" ! C'est dire qu'il préfère ne pas donner le vrai chiffre, celui qui est en sa possession exclusive (puisque personne ne l'a jamais vu nulle part). Dans le louable but de ne pas stigmatiser, sans doute ?

    Amateurs de Montessori, Freinet ou autres "programmes éducatifs originaux", vous êtes prévenus ! Les autorités ne sont pas dupes des manipulations mentales et "dogmatiques" que vous exercez sur les petits êtres que vous avez mis au monde dans le seul but d'entraîner vos talents de mini-gourou.

    "(... ) Pour conclure, je veux encore réaffirmer que l’école de la République doit être privilégiée pour promouvoir l’autonomie de l’enfant, l’épanouissement de sa personnalité et son ouverture sur le monde extérieur. Elle seule permet, en effet, de transmettre l’esprit des Lumières face à l’obscurantisme des sectes.(...)"

    P. Leroy

    On croit rêver ! Non seulement on a du mal à concevoir comment "l'ouverture sur le monde extérieur" peut naître confinée entre quatre murs et derrière des portails fermés à clé, mais on vient sans détour nous affirmer que l'esprit des Lumières ne peut être transmis que par l'école de la république. Absolument pas ailleurs ! Il n'y a que l'école de la république qui dispose de néons adéquats pour éclairer nos bambins.

    Après ce liminaire plein de sagesse, la ministre s'élance:

    "(...) Je tiens à souligner ici à quel point les débats menés en séance ont permis d’enrichir le texte initial et d’aboutir à son adoption, au Sénat, à l’unanimité. C’est dire que le débat que nous ouvrons ce matin dépasse les clivages partisans. (...)"

     L'Hystérie républicaine Ségolène Royal,

    ministre déléguée chargée de l’enseignement scolaire

    Parti Socialiste - Actuellement ministre de l'Ecologie

    sa fiche )

     

    Ben, tiens ! On l'a bien remarqué ! On n'a jamais vu unanimité aussi unanime ! Aucun clivage pour ce qui concerne l'IEF !

    "(...) Le second proclame la nécessité d’assurer prioritairement l’instruction au sein des établissements d’enseignement, afin qu’une loi qui date du XIXe siècle ne soit plus détournée de son objet initial.(...)"

    S. Royal

    Pour ce qui concerne "l'objet initial" de la loi, je vous renvoie à l'article consacré à Jules Ferry sur ce même blog. On y comprend mieux les motivations qui ont présidées à sa création et on comprendra qu'en effet, il est de première importance pour nos dirigeants que l'esprit de la loi ne soit pas "détourné".

    " (...) Bien souvent, au nom de l’instruction dans la famille, des enfants sont maintenus dans un état d’inculture, d’ignorance, ou pis encore, embrigadés, aliénés, maltraités. (...)"

    S. Royal

    Faut-il même seulement commenter une telle logorrhée inepte ? Les mots m'en tombent...

    Encore eut-elle commencé par "Quelquefois", "Il peut arriver que"... Mais non ! Directement un "Bien souvent" ! Comme ça ! Lancé en pleine assemblée nationale, sans vergogne ni finesse...

    Bien souvent, les politiques sont prêts à toutes les bassesses pour laisser leur nom à une loi !

    " (... ) Si la liberté des choix doit être préservée, elle ne signifie pas pour autant que tous ces choix soient équivalents ou doivent se faire au détriment de l’intérêt de l’enfant. Il nous appartient d’affirmer cette évidence, qui ne peut échapper à aucun parent, dans la loi que nous élaborons ensemble. (...)"

    S. Royal

    Autrement dit : "La liberté des choix, c'est bien mais c'est à nous de savoir quels sont les choix autorisés". Les choix ne sont pas équivalents : si c'était le contraire que vous aviez compris de la démocratie, revoyez votre copie.

    " (...) Il ne faut pas non plus que la présente loi ait un effet contraire à celui qui est recherché et que, en encadrant l’instruction par la famille, celle-ci se trouve banalisée voire encouragée. (... )"

    S. Royal

    Là, on sent que le doute l'assaille... Mais on sent surtout que la loi poursuit un objectif bien précis puisqu'elle en redoute "l'effet contraire". Et pourquoi donc, Madame Royal, l'instruction par la famille ne serait-elle pas "banalisée voire encouragée" ? Quel est le problème ?

    " (...) La représentation nationale, si elle adopte la proposition de loi, pourra compter sur moi pour prendre très rapidement les textes d’application qui donneront en particulier aux inspecteurs d’académie les moyens de protéger ces droits fondamentaux. (Applaudissements.)"

    S. Royal

    La liesse est générale, les applaudissements fusent, le spectacle réjouit tout le monde... Effectivement, comme nous le verrons plus bas, "la représentation nationale pourra compter sur [elle]" pour produire "les textes d'application". Sous la forme d'une circulaire dont nous traînons encore comme un boulet les restes carbonisés.

    Mais laissons un peu tranquille la ministre, nous aurons l'occasion d'y revenir.

    A sa suite, divers intervenants vont s'exprimer. Il n'y a plus rien à dire puisque tout le monde est pressé de voter oui mais tout de même, il serait dommage de ne pas avoir l'occasion de passer à la télévision pour canonner quelques vérités que le peuple doit connaître :

    " (...) Il aura fallu la mort d’un bébé de vingt-neuf mois dans une « communauté » des Hautes-Pyrénées, par suite de la malnutrition et du défaut de soins, pour reposer le problème de la situation des enfants vivant au sein des sectes et, par voie de conséquence, celui de l’obligation scolaire et des enfants qui y échappent.(...)"

     L'Hystérie républicaine Jean-Pierre Brard,

    Député de Seine saint-Denis

    Gauche Démocrate et Républicaine - Plus député depuis 2012

    sa fiche )

     

    Les faits rappelés par ce député sont dramatiques mais il faut quand même avoir le culot bien accroché pour nous faire admettre que l'école obligatoire à partir de 6 ans permettra d'éviter le tragique décès d'un enfant de 29 mois !!!! Réunir dans la même phrase deux propositions aussi éloignées et justifier la mise en application d'une loi sur un sujet donné par un événement qui n'a strictement rien à voir, reconnaissons que c'est de la haute-voltige.

    On a beau lire et relire cette phrase dans tous les sens, impossible de trouver le moindre rapport entre la mort d'un enfant de moins de trois ans et l'obligation scolaire. Mais nous avons là à faire à un champion de première envergure parce que peu de temps après cet exercice rhétorique qui ferait pâlir de jalousie l'avocat de Klaus Barbie, il nous avoue sans broncher :

    " (...) Qu’en est-il réellement? Ou plutôt qu’en sait-on, car la réalité va certainement bien au-delà de ce que nous savons ?(...)"

    J.P. Brard

    Il le dit lui-même : il n'en sait rien. Et d'ailleurs, personne n'en sait rien. Mais peu importe puisqu'il suppose... Il imagine... La réalité est bien pire que ce que l'on ne sait pas ! La loi est donc indispensable ! CQFD !

    Mais attendez un peu, un autre argument imparable nous attend:

    "(...) Enfin, de 30 000 à 40 000 enfants au moins de familles membres des Témoins de Jéhovah sont bien scolarisés dans des établissements relevant de l’éducation nationale, mais ils reçoivent en fait une double scolarisation, dans les fameuses « salles du Royaume ». (...)"

    J.P. Brard

    Vous voyez ! Il s'agit bien d'enfants embrigadés dans une secte... Et ils sont bien scolarisés dans l’Éducation Nationale... Donc, pour faire face à ce problème, il faut surveiller ceux qui ne sont pas scolarisés dans l’Éducation Nationale ! Re -CQFD !

    Passons à l'orateur suivant:

    " (... ) Mais, au-delà du problème des sectes, elles [ces dispositions] permettront également de mieux contrôler le niveau de l’éducation à domicile, tant pour certains publics particuliers, comme les handicapés ou les itinérants, que pour tout enfant recevant un enseignement familial. Cet aspect du texte est plus important que l’on ne pourrait le penser à l’heure où le développement des nouvelles technologies rendra plus accessible l’enseignement à domicile et multipliera certainement le nombre des élèves qui étudieront chez eux. (...)"

      L'Hystérie républicaine Bruno Bourg-Broc,

    Député de la Marne

    UMP - Plus député depuis 2012

    sa fiche )

     

    C'est une évidence, voyons ! Il faut s'adapter au monde moderne. Ce texte est important puisqu'à l'heure où les moyens de s'instruire librement, de s'informer facilement en-dehors de la doxa officielle se développent, il est urgent de contraindre tout cela. L'Instruction En Famille est devenue plus accessible. Donc, tous les parlementaires sont unis pour brider cet insupportable affront du peuple de vouloir accéder au savoir sans passer par eux et les programmes scolaires qu'ils autorisent.

    Au suivant :

    "(...) J’émettrai d’abord une évidence rassurante, madame la ministre (...) : renforcer le contrôle de l’obligation scolaire, c’est confirmer la place essentielle de l’école dans la construction d’une société ouverte et responsable. L’école est bien ce lieu où l’enfant découvre et comprend notre monde. (...) L’instruction en famille, qu’elle soit ou non sectaire, doit demeurer une exception.(...)"

       L'Hystérie républicaineChristian Kert,

    Député des Bouches-du-Rhône

    UMP - Actuellement député

    sa fiche )

     

    Là, au moins, c'est clair ! On comprend tout de suite dans quel camp est ce monsieur. Pas le nôtre visiblement !

    Un petit rayon d'espoir semble néanmoins percer dans le ciel noir, avec un député plus nuancé:

    " (...) Si le phénomène sectaire doit être combattu car il porte atteinte à la dignité de la personne et à l’ordre public, s’il doit être spécialement combattu pour préserver les enfants des excès des adultes, il est cependant difficile à appréhender. Le combat contre les  sectes doit être apprécié au regard de la liberté de conscience et de la liberté d’enseignement, qui sont des principes fondamentaux de notre République. (...) Cependant, ce contrôle des connaissances ne doit pas se faire au mépris des exigences constitutionnelles de la liberté d’enseignement et de la liberté de conscience. En effet, la liberté d’enseignement est un principe fondamental reconnu par les lois de la République. (...)"

       L'Hystérie républicaineGilbert Gantier,

    Député de Paris

    UDF - Décédé

    sa fiche )

     

    Ouf ! On respire ! Enfin une parole sensée et surtout, enfin un rappel des vrais principes fondamentaux de notre république.

    " (...) Sous ces quelques réserves, le groupe Démocratie libérale et Indépendants votera la proposition de loi. (...)"

    G. Gantier

    Et non, raté ! On est réservé mais on vote quand même. Il ne s'agirait pas de trahir les copains en rejoignant la cause des insoumis, même s'ils n'ont pas tort...

    A l'issue de ce débat passionnant, ou les expressions contradictoires ont eu toute leur place, la ministre reprend brièvement la parole:

    " Je me félicite également de la qualité des interventions et de l’accord de l’ensemble des groupes pour reprendre la proposition de loi (...)"

    S. Royal

    On la comprend ! Comment ne pas se féliciter soi-même de l'intervention des autres ? Et comment ne pas apprécier la qualité de tous ces discours qui concordent à vous donner raison ? Il ne faut pas bouder son plaisir.

    Cette belle démonstration de l'efficacité sans faille de nos institutions démocratiques achevée, il ne restait plus à Madame Royal qu'à signer d'une plume déterminée et vengeresse les textes qui permettraient enfin à l’État de reprendre la main sur l'instruction de tous les enfants qui sont sous sa coupe... bienveillante.

    Ce fut fait avec la Circulaire n° 99-070 du 14 mai 1999.

    Quelques extraits choisis:

    "Chaque année, plusieurs milliers d'enfants échappent à l'École de la République."

    Naïvement, il me semblait qu'on pouvait échapper à la prison, à la guerre, à la mort, enfin, à des choses désagréables. Mais non, on peut aussi échapper à l'école... Et il semble que ce soit intolérable !

    "Trop souvent, ces enfants sont maintenus dans un état d'inculture, d'ignorance, ou pire encore, embrigadés, aliénés, maltraités."

    Tiens, il me semble avoir déjà vu cette phrase quelque part. Quand on tient une bonne maxime, ce serait dommage de ne pas la réutiliser... Même si on peut se demander ce que des jugements de valeur viennent faire dans un texte réglementaire. Notez que le "bien souvent" a discrètement été remplacé par un plus modeste "trop souvent". Il ne faudrait pas paraître trop catégorique.

    "L'instruction dans la famille, qui fait l'objet d'un régime déclaratif, doit revêtir un caractère exceptionnel, répondant en particulier aux cas d'enfants malades ou handicapés ou à certaines situations particulières."

    Aucune loi ne disait à l'époque — pas plus que maintenant — que l'Instruction En Famille est réservée à des cas particuliers mais qu'à cela ne tienne, on n'a qu'à l'affirmer dans la Circulaire. Aucune loi ne parle de caractère exceptionnel mais seulement d'un droit librement choisi, mais qu'à cela ne tienne...

    "Les poursuites pénales peuvent donc être engagées, quelles que soient les raisons du manquement, volonté délibérée d'échapper au contrôle ou simple négligence. S'agissant d'une contravention, l'autorité judiciaire n'a, en effet, pas à caractériser une intention de commettre l'infraction."

    Bien pratique, ça ! Même si vous n'aviez aucune intention de commettre une infraction, on peut vous punir quand même.

    "Il est évident qu'une attention toute particulière doit être accordée aux enfants ayant échappé au système scolaire, dans la mesure où ils ont été les victimes d'un mode d'éducation qui les a privés de leur droit à l'instruction."

    Encore une affirmation générale sans fondement. "Ils pourraient" avoir été les victimes... "Il faut s'assurer" qu'ils n'ont pas été les victimes... Ces propositions pourraient être acceptables par n'importe quel esprit raisonnable. Mais non ! On condamne a priori : le simple fait d'avoir "échappé" (décidément, c'est une phobie !) au système scolaire les rend "victimes d'un mode d’éducation qui les a privés, gnagnagna gnagnagna..."

    [N.B. : Cette circulaire n'est plus en vigueur actuellement. Elle a été remplacée par la circulaire n°2011-238.]

    En extirpant ce cadavre du placard, il ne s'agit pas de s'attaquer gratuitement à la personne de Ségolène Royal ni à celles de tous les individus cités. Il s'agit seulement de prendre conscience de la manière dont la lutte est menée pour mieux s'y préparer à nouveau. Cet immense délire républicain qui a fait frissonner l'ensemble des bancs des deux chambres peut reprendre demain.

    Madame royal est encore en mesure de nuire : sa carrière politique n'est pas achevée et elle occupe actuellement des fonctions importantes. Heureusement pour nous, elle a pour l'heure enfourché un autre cheval. Mais nous ne sommes jamais à l'abri d'un remaniement ministériel qui la propulserait en tête de la guerre sainte pour une école pure, en première ligne de l'Inquisition républicaine qui pourrait excommunier et exorciser les infidèles.

    Certains des intervenants sont encore députés à ce jour, d'autres ont perdu leur siège à la dernière élection, rien ne dit qu'ils ne le regagneront pas à la prochaine. Ne soyons pas dupes, leur croisade reprendra dès qu'ils en auront une nouvelle occasion.

    S'il est une vérité sur les fanatiques, c'est qu'il est impossible de leur faire changer d'idées. C'est le danger qui plane sur les victimes des sectes. Et la secte de l'école républicaine est, jusqu'à preuve du contraire, celle qui fait le plus de mal aux petits enfants de France.

     
     
     
     
    Pin It

    6 commentaires
  • Faisons un peu de conjugaison !

    1984, c'était il y a plus de trente ans. C'est donc du passé !

    Mais comme le livre a été écrit en 1948, c'était alors du futur.

    Et à le lire, nous avons la furieuse impression que certains faits que l'auteur y décrit nous sont familiers. Ce serait donc du présent ?

    Alors, que nous raconte ce futur du passé au présent ?

    1984, c'est ce célèbre roman d'anticipation écrit par Georges Orwell et qui décrit un monde totalitaire, effrayant et liberticide. Un monde peut-être pas si éloigné du nôtre...

    1984, le futur de maintenant

    Georges Orwell

    (1903 - 1950)

    Il se passe à Londres, une des grandes villes d'Océania. Pour faire simple, un empire international dont les contours sont à peu de choses près ceux de l'Otan. La guerre est presque perpétuelle avec les deux autres grands empires : Eurasia et Estasia. Leurs noms disent assez bien quelles sont leurs situations géographiques. Aucun rapport avec notre monde donc et ses blocs économico-militaires actuels.

    Big Brother est le chef sans partage du parti unique qui dirige Océania. Mais c'est surtout un leader invisible dont l'image est pourtant omniprésente. De nos jours, on dirait un avatar ou un personnage virtuel. Son portrait est partout, vous scrute à travers tous les écrans... Et les écrans sont présents dans le moindre recoin !

    Son slogan glace le sang :

    1984, le futur de maintenant

    Ces télécrans permettent non seulement de diffuser la propagande du parti mais également de voir et entendre ce qui se passe partout où ils se trouvent. Une surveillance perpétuelle qui ressemble à s'y méprendre à celle d'Internet et à l'explosion des caméras de vidéo-surveillance.

    Répétées, serinées afin de s'ancrer dans les esprits, quelques grandes maximes rappellent à tous les qualités exigées du régime.

    1984, le futur de maintenant

    soit, en français : "La guerre, c'est la paix", "la liberté, c'est l'esclavage" et "l'ignorance, c'est la force".  Cette manière d'inverser les valeurs en maniant la propagande pour convaincre les masses, de justifier le pire tout en faisant croire que le pire est le meilleur, pourrait presque nous paraître tristement actuelle.

    La société d'Océania est divisée en trois classes : le Parti Intérieur, l'élite, la crème du régime; le Parti Extérieur, constitué des classes moyennes et les Prolétaires, travailleurs et ouvriers. C'est de la science-fiction vous dit-on puisque notre monde à nous n'est pas du tout organisé ainsi.

    Le héros, Winston Smith travaille au Ministère de la Vérité. Son dur labeur est de corriger les journaux déjà parus pour corriger le passé. Le Parti ne se trompe jamais, il faut éliminer toute trace d'éventuelles erreurs. On ne peut que trouver étrange la coïncidence avec les médias actuels qui évitent scrupuleusement toute source d'informations contradictoires...

    La réécriture de l'Histoire est une des armes les plus puissantes du Parti.  "Celui qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur. Celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé." C'est un des grands préceptes de Big Brother. Nous revoilà dans notre jeu de conjugaison. Ne peut-on y voir un parallèle avec les lois mémorielles promulguées en France depuis plusieurs années, ou avec les programmes d'Histoire de l'école, de plus en plus vides, abscons et expurgés ?

    Je résisterai à la tentation de voir un miroir du Ministère de la Vérité dans notre Ministère de l’Éducation Nationale. A vrai dire, nos gouvernants, avisés, ont à cœur de confier la tâche du Ministère de la Vérité à plusieurs ministres. (EN, Culture, Justice, etc.) Pour que ce soit moins visible ?

    Mais l'outil d'oppression le plus efficace, le plus radical, le plus complet est l'utilisation de la Novlangue. Un langage officiel que peut utiliser le Parti pour faire passer, imposer ses idées. Un langage officiel le plus réduit possible pour que les mots capables d'exprimer la contestation disparaissent du vocabulaire. L'axiome est connu: moins on a de vocabulaire, plus la pensée se réduit. Ne me dites pas que vous n'avez pas remarqué... Ne me dites pas que vous ne connaissez pas ce que l'on appelle le "politiquement correct"... Tous les jours, on constate à quel point les termes officiels se vident de leur sens, deviennent des génériques lisses. Oxymores, néologismes, termes "faussement" techniques sont utilisés partout, les synonymes tendent à disparaître.
     
    Un dernier aspect du roman nous sera également largement flagrant. Celui des deux minutes de haine quotidiennes. Malgré tous ses efforts, le Parti ne peut tout de même pas cacher aux habitants d'Océania que leur vie est dure. C'est pourquoi il organise avec systématisme des séances d'hystérie collective contre des boucs-émissaires. Et cela, c'est exactement ce qui se passe dans l'actualité quotidienne où l'on met en avant des faits divers pour éviter le débat sur les problèmes plus profonds de la société.
     
    Revenons à notre conjugaison. Grâce à l'utilisation habile de la plupart des concepts devinés par Orwell, les États du monde entier sont en train de transformer notre monde imparfait en monde plus-que-parfait !
     
    C'est magique, non , la conjugaison ?
     
     
    *************************
     
    Pour aller plus loin :
     
     
    Le Roman
     

    1984, le futur de maintenant

    Paru en poche dans de nombreuses collections depuis sa sortie. Cette illustration est la dernière édition en date.

     

     

    Le Film
     

    1984, le futur de maintenant                                                 1984, le futur de maintenant

    Affiche du film                                                      Jaquette du DVD

    Judicieusement sorti en... 1984, ce film de Michael Radford est forcément moins complet que le livre mais offre une esthétique très dérangeante. Deux grands noms sont à l'affiche : John Hurt et Richard Burton.

    Pin It

    votre commentaire
  • Un peu d'Histoire : les gallo-romains

    ... à Autun

     

     

    Moi, j'aime bien les romains ! Et pis j'aime bien aussi les gaulois ! Ça tombe bien parce que la France, c'est un mélange des deux.

    Jules César, c'était un romain très très connu. Pour devenir encore plus connu, il a décidé d'envahir la Gaule. C'est sûr que les gaulois, ils ont pas été d'accord tout de suite. Et pour lui expliquer, ils lui ont envoyé Vercingétorix. Mais bon, Vercingétorix, il a pas dû bien expliquer parce que finalement Jules César il a gagné. Ça s'est passé à Alésia ! Et Alésia, c'est pas loin de chez moi. Mais je vous en parlerai un autre jour parce que là, c'est pas de ça que j'ai envie de parler.

    Une fois que César avait conquis la Gaule, les romains et les gaulois, ils se sont accouplés. Et ça a donné les gallo-romains !

    Dans ma région, on trouve encore plein de traces des gallo-romains. Des jolies ruines et aussi des moins jolies mais instructives quand même.

    Par exemple, dans la ville d'Autun. Au tout début du calendrier, c'était une très grosse ville, très jolie et bien décorée. C'est Auguste qui l'a fondée.

    C'est lui :

    Un peu d'Histoire : les gallo-romains

    Auguste, c'était le premier empereur romain. Avant lui, il y en avait jamais eu. Auguste, c'est pas son vrai nom. En fait, il s'appelait Octave. Mais il devait pas trouver ça joli pour un empereur alors il a choisi Auguste. D'ailleurs, je trouve ça bizarre quand on est empereur de choisir un nom de clown.

    Mais bref...

    Auguste a fondé Autun. En vrai, à l'époque, ça s'appelait Augustodunum : ça veut dire la ville d'Auguste. Comme il reste plein de trucs à voir, Papa il m'a emmené visiter.

    Je vous montre où c'est :

    Un peu d'Histoire : les gallo-romains

    Papa, il connaît bien les romains. Je crois que c'est parce que il a lu Astérix. Et Maman, elle aime bien aussi parce que elle aime bien les messieurs qui mettent des jupettes. N'importe quoi !

    Quand on se promène dans la ville, on a pas l'impression que c'est aussi vieux. C'est parce que ils ont reconstruit plein de trucs par-dessus. Mais quand même, à certains endroits, ils ont laissé les vieux monuments. D'ailleurs, ils en sont fiers, ils le disent partout. La petite Rome, ils appellent leur ville. Bon, c'est de la pub parce que en vrai c'est quand même vraiment plus petit.

    Par exemple, si on fait le tour, on voit les portes de la ville comme elles étaient à l'époque. Il y en avait quatre mais il en reste que deux. La mieux conservée, c'est la porte Saint-André.

    Un peu d'Histoire : les gallo-romains                      Un peu d'Histoire : les gallo-romains

    Pourquoi il y avait des portes ? Ben parce que toute la ville était entourée avec des remparts. C'était pas vraiment des remparts pour protéger des ennemis parce que à ce moment-là, des ennemis, il y en avait plus. Depuis que les romains étaient arrivés en gaule, les gens ils avaient plus vraiment envie de se battre. Ils préféraient construire des jolies choses, vivre tranquillement et gagner plein de sous. (Des sesterces, ça s'appelait.)

    Du coup, c'était un rempart honorifique. Juste pour dire que cette ville, c'était pas des clopinettes. Il est encore drôlement bien conservé le rempart et on peut se promener le long. C'est classe de regarder le mur et de se dire qu'il a presque deux mille ans. Enfin, moi, je trouve ça classe.

    Un peu d'Histoire : les gallo-romains                      Un peu d'Histoire : les gallo-romains

    Un peu d'Histoire : les gallo-romains                      Un peu d'Histoire : les gallo-romains

    Un peu à l'extérieur de la ville, il y a les ruines du théâtre. Il était vraiment grand. Les gens d'ici, ils disent que c'est un des plus grands de tout l'empire romain. Je peux pas vous dire, j'ai pas vu les autres mais c'est vrai que quand on est d'un côté, on voit bien que l'autre côté c'est loin.

    Un peu d'Histoire : les gallo-romains                      Un peu d'Histoire : les gallo-romains

    Un peu d'Histoire : les gallo-romains                      Un peu d'Histoire : les gallo-romains

    Encore plus à l'extérieur, carrément dans la campagne sur une colline, il y a la pierre de Couhard. Qu'est-ce que c'est la pierre de Couhard ? On n'est pas vraiment sûr mais ce serait un tombeau. Au début, il parait que ça ressemblait à une pyramide mais maintenant, ça ressemble plus à grand-chose. En plus, il y a longtemps, des gens ont fait des trous dedans pour voir s'il y avait pas un trésor. Bon, il y avait pas de trésor mais maintenant, il y a des trous. On se demande pourquoi ils ont construit une pyramide parce que les pyramides, c'est Égyptien, donc ça n'a carrément rien à voir ! Les gens ont de ces idées...

    Un peu d'Histoire : les gallo-romains                      Un peu d'Histoire : les gallo-romains

    Pas dans la ville aussi mais de l'autre côté, on trouve les ruines du temple de Janus. Janus, c'était un dieu romain. Mais en fait, on sait pas pour quel dieu il a été construit donc c'est pas pour ça que ça s'appelle comme ça. Faut arrêter d'appeler les choses avec un nom qui correspond pas parce que franchement, ça me simplifie pas la tâche.

    Un peu d'Histoire : les gallo-romains                      Un peu d'Histoire : les gallo-romains

    Comme ça, ça se voit pas trop mais avant, il parait que ça ressemblait à ça :

    Un peu d'Histoire : les gallo-romains

    Voilà ! C'était ma promenade dans Autun. Je vous raconterai aussi d'autres époques dans cette ville avec des autres personnages connus comme Nicolas Rolin, Talleyrand et même Napoléon si vous voulez.

    Mais là, c'était pas le sujet !

    Pin It

    votre commentaire
  • Sont-ils réellement menteurs ou simplement mal informés ? Voilà une question qui mérite d'être posée.

    Quand le sujet de l'école arrive dans un discours, on a droit dans le meilleur des cas à des approximations douteuses, dans le pire à des affirmations véritablement dénuées de vérité.

    Mensonges d'Etat ou... l'état du mensonge.

    Ce ne sont pas des gens ordinaires qui profèrent des contre-vérités. Pas des gens comme vous et moi dont on pourrait comprendre et pardonner qu'ils soient peu au fait des lois qui régissent notre beau pays. Non, il s'agit au contraire de ceux qui le gouvernent, de ceux qui aspirent à le gouverner, de ceux qui, en tout cas, depuis des décennies ont consacré toute leur énergie, toutes leurs études, toute leur vie à venir se placer sur le piédestal hautain qui les éloigne du peuple peut-être, mais les rapproche, théoriquement, du firmament étoilé des faiseurs et, partant, des connaisseurs des lois.

    Or, force est de constater qu'en terme de connaissance des lois, il est assez facile des les prendre en défaut. Et je ne parle pas de lois d'un haut niveau de technicité que seuls quelques spécialistes pointus de la chose en question seraient capables de disséquer sans erreur. Non, je parle des lois les plus basiques, les plus simples, celles qui régissent nos vies de tous les jours et que, d'après un adage bien connu, "nul n'est censé ignorer".

    Que faut-il penser alors de cette méconnaissance, de ces erreurs martelées comme des vérités ?

    Soit ces messieurs-dames ne maîtrisent pas leur sujet et c'est fort dommageable quand on réclame le suffrage des français que d'être imprécis, voire inculte sur la matière qu'on aura à manier, à juger, à modeler,...

    Soit ils nous mentent sciemment, persuadés que leur aura de professionnel(le)s de la politique aidera à faire passer les mensonges les plus gros, certains que le manque de connaissances, et surtout de curiosité pour s'en procurer, des électeurs suffira à leur faire gober les plus improbables bobards.

    Pour ma part, mon opinion est faite et je ne saurais même pas leur jeter la pierre tant j'ai pu constater chez nos contemporains la propension à avaler n'importe quelle couleuvre, partant du principe que le dernier qui a parlé a raison, parce qu'on leur a dit à la télévision que c'était ainsi et parce que c'est bien plus commode de se faire une opinion devant le journal télévisé que d'ouvrir des livres pour vérifier qu'une information est avérée.

    Ainsi donc, je n'en doute pas, nous avons affaire à des menteurs. Des menteurs professionnels, parfois plein de panache, capables un jour d'affirmer exactement le contraire de la veille avec le même aplomb et jamais détrompés, contredits ou chicanés par des médias le plus souvent atones, aphones, complaisants voire complices.

    C'est donc le sujet de l'école qui nous intéresse et c'est celui-là que nous allons scruter.

    L'école en France est-elle obligatoire ?

    Non vous répondra n'importe quel juriste, avocat ou magistrat, qui aura pris la peine d'ouvrir le Code de l'éducation et de lire les articles L131 et suivants. Nous n'allons pas nous lancer dans la longue litanie des articles, vous pourrez les consulter par vous-même à cet endroit

    Et ce même juriste, pour peu qu'il ait pris la peine d'étudier l'histoire du droit de l'Instruction en France, pourra même vous affirmer, vous confirmer, que ce ne fut jamais le cas. Absolument jamais !

    Et pourtant... Au plus haut niveau de l'état, on vient nous scander régulièrement que si ! Parfois discrètement, au détour d'une phrase - c'est le principe du vaccin, qu'on inocule par petites doses - parfois, carrément, en tapant du poing sur la table, grondant et menaçant contre les inconscients qui oseraient en douter.

    "Au plus haut niveau ?", demanderez-vous. "Qu'est-ce à dire ? Les ministres eux-même seraient capable de telles vilenies ? "

    - Mais oui, mais oui, Madame Michu, mais pas seulement !"

    - Comment pas seulement ? Vous ne voulez pas dire... Pas les présidents tout de même ?"

    - ...

    Une bonne propagande n'est véritablement efficace que quand le grand timonier lui-même en dicte les préceptes. C'est bien connu dans toutes les dictatures démocraties.

    Nous y voilà donc :

    "Ici, en cet instant où commence un temps nouveau pour notre pays, je suis venu célébrer deux lois, que nous devons à l'obstination, à la volonté et au courage de Jules Ferry : la loi du 16 juin 1881 relative à la gratuité de l'enseignement primaire ; et la loi du 28 mars 1882 relative au caractère laïque et obligatoire de l'école."

    Mensonges d'Etat ou... l'état du mensonge.Discours de François Hollande en hommage à Jules Ferry, 15 mai 2012

     

     

     

     

    ( Vous pouvez le vérifier par vous-même ici. Et vous noterez que la source est on ne peut plus officielle.)

    Boum ! Les deux pieds dedans ! On ne le martèlera jamais assez. Les gens mal renseignés ne doivent surtout pas apprendre la vérité. Comment douter puisque c'est le Président lui-même qui le dit ?

    Mais rassurez-vous, on a connu pire. En tout cas plus martial, plus catégorique :

    "Je rappelle à chacun qu’il ne peut exister de droit sans la contrepartie de devoirs. Ainsi l’école est obligatoire. L’absentéisme est inacceptable car il condamne à l’échec ceux qui s’y abandonnent. Le respect de la loi est intangible et on ne la bafoue pas."

    Mensonges d'Etat ou... l'état du mensonge.Nicolas Sarkozy, lors de ses vœux à la nation en 2011

     

     

     

     

    (Voici la vidéo. Le passage en question est à 6 minutes 18.)

    Attention ! On ne bafoue pas la loi ! Et c'est un spécialiste, un (pas) repris de justice qui vous le dit. Même si il a oublié de lire le Code de l'éducation...

    Alors, bon, permettez-moi de suivre vos conseils avisés Monsieur Sarkozy : puisque la loi est "intangible et qu'on ne la bafoue pas", et bien je la respecte à la lettre en pratiquant l'Instruction en Famille. Je ne suis peut-être pas Président de la République mais moi, je sais lire les lois.

    On le sait : pour qu'un mensonge devienne une vérité, il suffit de le répéter. C'est pourquoi, un peu plus tôt dans sa carrière, il avait adopté le même ton va-t-en guerre et avertissait :

    "L'école est obligatoire, on ne demande pas l'avis de celui qui ne veut pas y aller. Il y va comme des générations avant et après lui. On va à l'école parce que c'est son devoir, parce que c'est un droit, mais on y va. On apprend ce que l'on a à apprendre et lorsque l'on est assez grand, c'est-à-dire après 16 ans, on décide de ce que l'on fait, mais pas avant. Ce n'est pas un choix.
    L'absentéisme scolaire doit être sanctionné et lorsqu'une famille ne met pas ses enfants à l'école, les allocations familiales doivent être mises sous tutelle, parce que sinon elles ne servent à rien."

    Nicolas Sarkozy, président de l'UMP et ministre de l'Intérieur lors d'une réunion des nouveaux adhérents

    (La source en vidéo, qui existait ici, a disparu. On se demande pourquoi...)

    Baste ! Mettre sous tutelle, voire supprimer les allocations familiales des familles qui respectent la loi. Voilà qui s'appelle de la justice !

    On peut au moins lui reconnaître une certaine constance dans le talent de dire n'importe quoi. Piocher des voix ici ou là ne se fait pas sans quelques accommodements avec la loi. "Nul n'est censé ignorer la loi" disions-nous plus haut mais comme personne ne fait l'effort de la lire, pourquoi s'embêter à la révéler si elle va à l'encontre de sa démagogie du moment ?

    Mais descendons un étage plus bas. Si même les Présidents se permettent des mensonges grossiers, pourquoi les ministres se gêneraient-ils ? Et c'est justement parce que l'on est en charge de l’Éducation nationale qu'on peut aisément se faire passer pour un fin connaisseur de la législation dans ce domaine et rappeler ces satanés parents insoumis à leurs devoirs et leurs obligations... fictives !

    C'est qu'on connaît bien ses dossiers au ministère de la rue de Grenelle ! Et comme on est bien en peine d'expliquer comment et pourquoi les résultats de l'école française sont en chute libre depuis plus de vingt ans, pourquoi les études et classements internationaux sont unanimes à constater sa défaillance et son échec constant, il faut coûte que coûte faire croire qu'il n'y a pas d'alternative. C'est tellement plus commode que d'essayer de ranimer une institution chancelante.

    "Fuir l'école ! Comment donc, mais vous n'y pensez pas ? Certes, nous échouons jour après jour et de plus en plus... Mais vous n'avez pas le choix ! C'est interdit !"

    Ainsi :

    "L’école, française, gratuite, obligatoire, laïque et républicaine, c’est notre bien le plus précieux."

    Mensonges d'Etat ou... l'état du mensonge.Le ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem, 27 août 2014

     

     

     

     

    (Il s'agissait de la passation de pouvoir entre elle et son prédécesseur. Pas de chance, c'était filmé. La citation est à 2 minutes 05)

    Jusque là, c'est assez doux. Un tout petit mensonge à peine visible, on le sent à peine passer. Rappelez-vous : le principe du vaccin.

    Mais notre ministre n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Elle peut tempêter, sermonner, tancer,... Non mais  !

    "L’école n’est pas une option, elle est obligatoire et quand on se met en infraction à la loi, il y a des sanctions qui tombent."

    Najat Vallaud-Belkacem, 1er septembre 2014

     (Conférence de rentrée, relayée par France Info)

    Vous voilà prévenus, parents rebelles ! Revenez dans le giron de la médiocre Éducation étatique ou sinon... Sinon quoi, au fait ? Quelles sanctions pourraient bien appliquer des juges en vertu d'une loi qui n'existe pas ? Comment punir une "infraction" qui n’apparaît nulle part ?

    Bien d'autres de ses prédécesseurs pourraient ainsi être pris en flagrant délit. A vrai dire, presque tous ont, à un moment donné, publiquement dans les médias et même parfois à l'Assemblée Nationale, prononcer les termes de "scolarité obligatoire", "école obligatoire". C'est une constante de la politique de l'éducation en France : masquer son échec par le mensonge !

    En voici un exemple :

    "C’est dans cette perspective, et nullement dans l’optique de je ne sais quel combat douteux contre les religions, qu’il fallait rappeler fermement, non seulement le principe de mixité, le caractère obligatoire de tous les cours et l’interdiction de tout manquement à l’obligation scolaire (...)"

    Mensonges d'Etat ou... l'état du mensonge.Luc Ferry, Assemblée Nationale, 4 février 2004

     

     

     

     

     

    (Discours à l’occasion de l’examen du projet de loi relatif à l’application du principe de laïcité dans les écoles, collèges et lycées publics. En voici l'intégralité.)

    Oh, non ! Pas vous ! Pas vous, Monsieur Ferry ! Pas vous qui, justement, avez été déscolarisé au collège. Pas vous qui êtes un des exemples qu'on peut brandir fièrement pour appuyer nos arguments, pour affirmer bien haut qu'on peut pratiquer l'IEF et réussir sa carrière au point de devenir ironiquement ministre de l’Éducation.

    Bien sûr, vous choisissez adroitement vos mots en parlant "d'obligation scolaire", terme que l'on retrouve dans la loi (depuis peu !) et qu'on voudrait nous faire prendre pour un synonyme d'obligation d'instruction.

    Mais tout de même, vous le savez bien qu'en disant cela, vous brouillez les pistes, vous détournez la compréhension, vous créez une confusion... Vous le savez bien que vos auditeurs, mal renseignés, mal informés, comprendront "l'interdiction de tout manquement d'aller à l'école".

    Alors, non, vous ne mentez pas vraiment mais vous participez à la propagande, à la désinformation. Et venant de vous, un ancien enfant instruit en famille, c'est peut-être encore moins pardonnable.

    Mais on est toujours trahi par les siens. Et comme l'a dit l'évêque Rémi en baptisant Clovis: " Courbe-toi, fier Sicambre ! Brûle ce que tu as adoré, adore ce que tu as brûlé !"

    Sommes-nous donc cernés ? N'y a-t-il pas, parmi nos responsables, quelqu'un qui oserait dire tout haut la vérité. Pas forcément pour faire l'apologie de l'Instruction En Famille mais simplement pour informer d'un droit. Parce qu'après tout, en démocratie, il est de l'intérêt de tous d'avoir un peuple bien informé, non ? C'est même, paraît-il, l'essence de la démocratie.

    Tournons-nous vers le Défenseur des Droits. Voilà quelqu'un qui, à n'en pas douter, saura défendre nos droits : c'est son titre !

    Explorons son site... Dans la catégorie Défense des droits de l'enfant, nous trouvons une série de questions/réponses. Et parmi ces questions, il y en a une qu'un enfant est en droit de se poser : "Suis-je obligé(e) d'être scolarisé(e) ?"

    Et bien la réponse est édifiante :

    "Oui, jusqu’à 16 ans. En France, il existe une obligation de scolarisation pour chaque enfant de l’âge de 6 ans à 16 ans."

    Mensonges d'Etat ou... l'état du mensonge.Jacques Toubon, Défenseur des droits

     

     

     

     

     

     

     

    (Si, si je vous assure. Vérifiez vous-même ici.)

    [MISE A JOUR: Depuis la rédaction de cet article, le site a été refondé. Cette question et cette réponse n’apparaissent plus. Un correctif sage et consciencieux que l'honnêteté oblige à signaler !]

    C'est qu'il n'est jamais trop tôt pour manipuler les esprits et à l'époque où nos enfants savent très bien utiliser Internet sans notre aide, il est important qu'ils ne trouvent pas la vraie réponse à cette question importante qui les concerne au premier chef.

    Avec ces exemples, on a vu comme on peut mentir au plus haut niveau.
     
    Mais la France compte nombre d'élus, plus modestes, moins médiatiques. A ceux-là, on devrait pouvoir faire confiance... Ils n'ont rien à gagner à tromper, non ?

    Prenons donc un cas au hasard. (enfin, presque...)
     
    Françoise Laborde (pas la journaliste mais une autre, homonyme) est sénatrice de Haute-Garonne. Elle est vice-présidente de la Commission permanente "Culture, éducation et communication". Elle vient d'être nommée en date du 29 janvier 2015, Présidente de la "Commission d'enquête sur le service public de l’Éducation".
     
    Pour que de telles responsabilités lui soient confiées au Sénat, c'est que nous avons à faire à une spécialiste, une élue chevronnée et très au fait des questions de l'éducation. Du reste, son parcours professionnel avant le Sénat le confirme comme elle le rappelle elle-même :

    "(...) Après trente années comme professeur des écoles puis directrice d’école maternelle au sein de l’Éducation Nationale, ma carrière professionnelle m’a rendu tout particulièrement sensible aux questions relatives à la jeunesse et au service public. (...)"
     

    Mensonges d'Etat ou... l'état du mensonge.Discours pour la remise de son prix de la laïcité en 2012

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    Alors là, ça ne rigole pas ! Trente ans dans l’Éducation Nationale, elle doit en connaître tous les rouages. Pensez ! (Notez tout de même l'orthographe de "m'a rendu" au lieu de "m'a rendue". Mais bon, ce n'est pas très grave, en maternelle, on n'apprend pas encore le passé composé.) Une telle abnégation pour la cause publique... Et la république elle-même l'honore du prix glorieux, bien connu dans le monde entier et si convoité: le prix de la laïcité. Mazette !

    Et là... :
     
    "(...) j’ai pris conscience que de nombreuses problématiques constatées sur le terrain s’expliquaient par l’absence de règles communes concernant les conditions d’accueil des plus jeunes, avant leur scolarisation. Je vous rappelle que l’école n’est obligatoire qu’à partir de 6 ans !"

    Discours pour la remise de son prix de la laïcité en 2012
     
    (L'ensemble du texte est ici.)

    Et bim ! Merci pour ce rappel, on risquait d'oublier. Toutes ces années de pratique, tous ces sacrifices de vie personnelle pour s'offrir corps et âme à la chose publique, dans la plus complète générosité et sans rien attendre en retour... Pour ne finalement même pas connaître les bases les plus élémentaires. C'est ballot !

    Là, je vous l'accorde, je suis à la limite de la malhonnêteté intellectuelle. Il ne s'agit sans doute pas ici de mensonge ! Il s'agit tout juste d'incompétence ! C'est moins grave pour une élue du peuple. ( Ah, non, tiens le Sénat, c'est vrai, ce ne sont pas des élus du peuple...)

    A l'issue de ce petit tour d'horizon, avouons qu'il est moins difficile de répondre à la question qui fut notre postulat.
     
    Oui, ils sont réellement menteurs et non, ils ne sont pas mal informés. Bien au contraire, ils savent parfaitement ce qu'ils disent, à qui ils le disent et pourquoi ils le disent.
     
    Et il faut bien reconnaître que nous-même commençons à mieux comprendre leurs motivations profondes : les enfants ne peuvent pas, ne doivent pas échapper à l'école de la République. L'Instruction En Famille est mal connue, peu pratiquée et il faut absolument que les choses restent en l'état. Ne surtout pas expliquer qu'une autre voie est possible.
     
    Une voie qui les placerait face à leurs graves manquements, une voie qui permettrait à tous de comprendre que leur parole n'est pas d'or, une voie qui conduirait immanquablement à libérer l'Instruction de ses chaînes, une voie qui mènerait sur le chemin de la liberté de penser et – horreur ! – de la contestation !
     
    Jules Ferry lui-même, nous l'avons vu, n'avait pas d'autre dessein !
     
     
     
     
    Pin It

    3 commentaires
  • Un peu de Géologie : le sentier karstique du Besain

    ... dans le Jura

     

     

    Le Jura, c'est à côté de chez moi. Et le Jura, c'est beau ! C'est plein de forêts, de grottes, de cascades, de montagnes, de lacs, de cirques,...

    Alors, forcément, quand on aime la nature et les promenades, le Jura, c'est un peu le paradis.

    Je sais pas si vous habitez loin ou pas mais si jamais vous avez l'occasion de vous balader dans le coin, je vous le conseille.

    Je peux pas vous parler en même temps de tous les endroits que j'ai visités mais je vais déjà commencer par un lieu idéal pour apprendre un peu de géologie.

    Ça s'appelle le sentier karstique du Besain. Le Besain, c'est le nom du village à côté et karstique, c'est un mot compliqué qui veut dire qu'on y trouve plein de gouffres et de grottes et des autres mots compliqués comme diaclase ou lapiaz.

    C'est où ? Entre Poligny et Champagnole ! C'est pas encore la haute montagne mais c'est déjà drôlement vallonné.

    Je vous montre sur la carte, ce sera plus précis :

     Un peu de géologie : le sentier karstique du Besain

    Ce sentier, c'est pas un lieu touristique trop important. Alors, il n'y a pas du monde, du monde, du monde. On croise bien quelques randonneurs de temps en temps mais rien qui empêche de profiter à fond de la nature. Pourtant, c'est quand même assez bien indiqué et il y a des petites pancartes qui permettent de suivre le parcours. Avec un bonhomme préhistorique sympa dessiné dessus qui s'appelle Crocro. Faut se méfier quand même. Les gens qui ont mis les pancartes ne viennent pas vérifier toutes les cinq minutes et il y en a une ou deux qui manquent. Du coup, Crocro, il nous a un peu égarés des fois. Mais rien de grave ! On a tourné en rond un petit peu mais on a réussi à retrouver la suite du parcours.

    Faut dire que Papa, il est malin, il avait imprimé une carte du coin. "Faut jamais partir sans une bonne carte" qu'il dit toujours Papa. Et Maman, elle est d'accord avec lui. D'ailleurs, elle dit toujours :  "Demande à Papa, il a la carte !" Je sais pas pourquoi mais c'est jamais Maman qui a la carte.

    Bref...

    Sur ce sentier, on peut voir plein de trucs rigolos et même des fois impressionnants. Pour faire simple, avant, il y a très très longtemps, des millions d'années, il y avait la mer dans le Jura. C'est pour ça qu'on y trouve plein de mines de sel. C'était à une époque qu'on appelle le Jurassique. C'est marrant ce nom. On dirait bien que ça a un rapport avec le nom de la région. Jura/Jurassique ? Ça m'étonnerait que ce soit un hasard ! Après, il y avait plus la mer mais il y a eu des immenses glaciers. Et ces glaciers, ils ont gratté la croûte de roches que la mer avait déposée. Du coup, ça a fait plein de trous. Et voilà, c'est pour ça qu'il y a des grottes et des gouffres !

    Quand on commence à se promener, on voit plein de rochers avec des formes bizarres qui ont été sculptés par l'érosion. Ça fait un peu comme des têtes d'animaux. Les gens du coin, pour s'amuser, ils ont souvent dessiné des yeux et des bouches.

    Un peu de géologie : le sentier karstique du Besain                      Un peu de géologie : le sentier karstique du Besain

    Après, on voit des dolines. Qu'est-ce que c'est une doline ? C'est une grotte dont le toit s'est écroulé et pis ça a fait un trou.

    Un peu plus loin, il y a la fontaine à Coupot. (Je sais bien qu'en français, on dit la fontaine de Coupot mais les gens du coin, ils disent la fontaine à Coupot. C'est sans doute parce que le jurassien, c'est pas tout-à-fait pareil que le français.)

    En fait, c'est une source qui se trouve tout au fond d'un gouffre profond. Les gens avant, il venaient chercher de l'eau ici. C'est pour ça qu'ils ont creusé un escalier. Mais attention parce que ça descend sévère et pis ça glisse.

    Un peu de géologie : le sentier karstique du Besain                      Un peu de géologie : le sentier karstique du Besain

    Encore un peu plus loin, on voit la grande diaclase. (Je vous avais bien dit qu'il y avait des mots compliqués.) Une diaclase, c'est une fissure dans le sol qui s'est agrandie. Il y en a parfois des très très grandes et très très profondes. Il vaut mieux pas trop s'approcher.

    Un peu de géologie : le sentier karstique du Besain

    Mais l'endroit que j'ai préféré, c'est le gouffre des Arcades. Ça aussi, c'est une vieille grotte qui a perdu son toit. Il reste quand même des sortes de piliers: des arcades et c'est pour ça que ça s'appelle comme ça. Là, quand on aime bien l'escalade, on peut descendre dans le fond. Et moi, j'aime bien l'escalade.

    Un peu de géologie : le sentier karstique du Besain                                  Un peu de géologie : le sentier karstique du Besain

    En continuant encore, on arrive à la loge Maillet. C'est comme un long tunnel. Il paraît qu'un ermite habitait dedans avant. C'est peut-être lui qui s’appelait Maillet, on sait pas. Un ermite, c'est un monsieur qui habite tout seul dans les bois parce qu'il aime pas trop qu'on l'embête. "C'est un peu comme Papa le matin avant de boire son café" qu'elle dit Maman.

    Un peu de géologie : le sentier karstique du Besain                      Un peu de géologie : le sentier karstique du Besain

    Je peux pas vous décrire tous les trous qu'on a vus, il y en avait trop. Des grands, des petits, des moyens mais ils étaient tous drôlement chouettes.

    Après, il faut traverser la route pour aller dans la forêt de l'autre côté et là, on tombe sur le truc le plus rigolo : le labyrinthe du lapiaz. Un lapiaz, c'est un grand rocher plat qui a été tout usé par la pluie, le vent et tout ça. Le résultat, c'est qu'il y a plein de petites allées entre les rochers et on peut s'amuser à se perdre dedans. Avec Papa, on s'est bien régalés à se faufiler là-dedans pour perdre Maman. Même qu'au bout d'un moment, on avait vraiment perdu Maman. Il a fallu passer du temps à la retrouver.

    Un peu de géologie : le sentier karstique du Besain                      Un peu de géologie : le sentier karstique du Besain

    Et puis ensuite, on a découvert le trésor de la balade: la grotte de Saint Bilbao. Personne sait pourquoi elle s'appelle comme ça mais c'est un régal. Il faut descendre dans un trou profond pour trouver l'entrée. Après, il faut avoir des lampes sinon, on voit rien. C'est une très grande grotte, avec plein de belles concrétions: des stalactites, des stalagmites,... Papa et moi, on adore visiter des grottes, alors on est équipés: on a des lampes frontales et moi, je l'accroche sur mon casque de vélo. Comme ça, on a l'air de vrais explorateurs. On fait de la spélo... de la spélélo... de la spéléologie ! C'est dur à dire ce truc. Je vois pas pourquoi on dit pas de la grottologie.

    Un peu de géologie : le sentier karstique du Besain                      Un peu de géologie : le sentier karstique du Besain

    Un peu de géologie : le sentier karstique du Besain                      Un peu de géologie : le sentier karstique du Besain

    C'est dommage parce que il y a plein de stalactites qui sont cassées. Parce que les gens, ils sont pas malins et pis surtout pas respectueux. Ils en arrachent des petits bouts pour ramener chez eux. Elles ont mis des millions d'années à se former et ils cassent tout en deux minutes. J'vous jure...

    Voilà ! C'était une de mes balades dans le Jura. Je vous en raconterai d'autres avec des lacs et des cascades si vous voulez.

    Mais là, c'était pas le sujet !

     
    Pin It

    votre commentaire
  • A tout seigneur, tout honneur, commençons par nous intéresser au personnage de Jules Ferry.

    Puisque aussi bien, c'est à lui que nous devons la loi du 28 mars 1882 sur l'instruction gratuite, laïque et obligatoire.

    Jules Ferry

    (1832 - 1893)

    Ce n'est pas le lieu de faire une biographie complète du personnage mais il est bon tout de même de rappeler quelles furent quelques-unes de ses convictions.

    On nous dit – on nous rabâche ! – qu'il fut un grand homme d'état, un grand républicain, un exemple pour nous tous. A entendre ses panégyristes, nous lui devons tout: c'est l'un des pères fondateurs de notre chère république, nous serions invités à nous prosterner devant sa stèle pour célébrer ses louanges et honorer sa mémoire, lui qui a permis à tous les petits enfants de France d'accéder enfin à la connaissance et au savoir.

    Joli tableau que voilà ! Oui, mais...

    Comme toujours, les choses ne sont pas si simples. Car il est une vérité absolue en histoire, c'est que rien n'est jamais tout noir ou tout blanc. C'est peut-être plus compliqué pour manipuler les masses mais les faits et les hommes sont bien souvent gris, plus nuancés et plus complexes qu'on voudrait nous le faire croire pour utiliser de manière bien commode la mémoire des uns ou des autres et justifier ainsi des discours simplificateurs, voire démagogues.

    Or, Monsieur Ferry, outre son combat pour l'éducation du plus grand nombre était aussi le partisan d'un colonialisme forcené, violent et dominateur, coercitif et raciste.

    Du reste, son "fameux" combat, quel est-il réellement ? A-t-on seulement pris la peine d'éclairer certains de ses propos qui, derrière le masque du démocrate lumineux, révèlent aussi la face d'un gouvernant plus sombre ?

    Car voilà... Voilà quelques extraits de ses discours qui sauront nous en apprendre un peu plus sur ses motivations, son acharnement à instaurer une école d'état, mais également sur sa vision du monde parfait :

    Eh quoi ! Est-ce la liberté du père de famille et du foyer qu’on entrave en mettant obstacle à ce que des milliers d’enfants soient enfermés dans des établissements soustraits en fait, sinon en droit, à la surveillance de l’État ; à ce que ces jeunes cerveaux, ces esprits essentiellement malléables, soient livrés à des leçons qu’on ne connaît pas – ou plutôt que l’on connaît trop ? (…)
    Oui ! Dix ans de ce laisser-aller, de cet aveuglement, et vous verriez tout ce beau système des libertés d’enseignement qu’on préconise, couronné par une dernière liberté : la liberté de la guerre civile !”

    Jules Ferry à Épinal, 23 avril 1879

    Commençons doucement, il ne faudrait pas que les hauts-le-cœur nous prennent tout de suite.

    Il suffit de lire pour se rendre compte. Monsieur Ferry nous le dit sans ambages, dans une langue certes très soignée, la liberté d'enseignement, sans contrôle de l'état sur ce qu'on inculque à ces petites têtes blondes "malléables" conduit immanquablement à la guerre civile. N'osons pas le gros mot : à la révolution ! Diantre ! Un gouvernement démocratique peut-il se permettre de prendre ce risque ?

    " Dans les écoles confessionnelles, les jeunes reçoivent un enseignement dirigé tout entier contre les institutions modernes. (...) Si cet état de choses se perpétue, il est à craindre que d'autres écoles ne se constituent, ouvertes aux fils d'ouvriers et de paysans, où l'on enseignera des principes totalement opposés, inspirés peut-être d'un idéal socialiste ou communiste emprunté à des temps plus récents, par exemple à cette époque violente et sinistre comprise entre le 18 mars et le 24 mai 1871."

    Jules Ferry, discours au Conseil général des Vosges en 1879

    On commence à comprendre tout l'intérêt d'une école d’État, non ? Ne surtout pas permettre que des écoles propagent l'idée de s'opposer à un gouvernement.

    C'est à la Commune qu'il est fait référence ici: un mouvement populaire, révolutionnaire, pas plus condamnable, a priori, que celui qui fut le point de départ de la Révolution Française. On le voit, pour Monsieur Ferry, pour la république, il est des révoltes, des soulèvements qui sont plus acceptables que d'autres. Des révolutions qu'on sacralise comme l'acte de fondation de la démocratie et d'autres, quand on est au pouvoir, qu'on juge dangereuses pour la démocratie. Avouons que la nuance est difficile à comprendre. C'est sans doute parce que nous sommes du peuple... Il n'y a que les membres de l'élite qui peuvent comprendre des concepts aussi ardus pour nos pauvres esprits populaires.

    Continuons notre exploration :

    “Il y a deux choses dans lesquelles l’État enseignant et surveillant ne peut pas être indifférent : c’est la morale et la politique, car en morale, comme en politique, l’État est chez lui ; c’est son domaine et par conséquent sa responsabilité.”

    Jules Ferry, Discours au Sénat, 5 mars 1880

    Voilà ! Qu'on se le dise ! La morale, ce n'est pas l'enseignement par des parents aimants de valeurs qu'ils croient justes. Non, non, messieurs-dames ! La morale, c'est l'affaire exclusive de l'état. Le seul à même de savoir où placer les curseurs de la morale.

    “Apprendre à l’ouvrier, d’abord, les lois naturelles avec lesquelles il se joue dans l’exercice de son métier, mais lui apprendre également la loi sociale, lui découvrir les phénomènes économiques, lui donner des notions justes sur les problèmes sociaux, c’est en avancer beaucoup la solution. Ce qui n’était dans d’autre temps qu’une résignation sombre à des nécessités incomprises, peut devenir… une adhésion raisonnée et volontaire à la loi naturelle des choses.”

    Jules Ferry, 3 mai 1883

    On aimerait bien savoir quelle est la "loi naturelle des choses"... Que l'ouvrier reste ouvrier ? Et ses enfants avec lui, pour toutes les générations à venir ? Et ceci, non plus dans la "résignation sombre" car cela, c'est le mal mais dans une "adhésion raisonnée", car cela c'est l'éclatante lumière béatifiante de la démocratie. Mais j'ai sans doute l'esprit mal placé...

    Nous voici maintenant avec une meilleure idée du cheminement qui a conduit à instaurer la loi sur l'instruction obligatoire et laïque. Il faut bien reconnaître que cela relativise grandement l'inspiration qu'on voudrait nous faire croire humaniste qui a présidé à cette fondation éclairée.

    Certains argumenteront que dans sa grande bonté d'âme et mû par son amour de la liberté individuelle, Monsieur Ferry a pourtant laissé dans sa loi la possibilité pour qui le souhaite d'instruire ses enfants à domicile. Certes ! Et l'argument serait valable si on n'occultait pas un fait essentiel : l'écrasante majorité des membres de la chambre était constituée de bourgeois, de privilégiés, appartenant à la classe sociale la plus élevée de la IIIème république, qui avaient pour habitude de livrer leur progéniture aux bons soins des précepteurs ou des écoles privées. Et sans cette liberté accordée, le projet de loi n'aurait tout simplement pas pu voir le jour ! En effet, à cette époque (comme aujourd'hui ?), il aurait fait beau voir qu'on obligeât les élites de la classe dirigeante à mélanger leurs chérubins dorés à la misérable crasse populaire...

    Après avoir rétabli quelques vérités sur le célèbre engagement de Monsieur Ferry, voyons, à la marge, ce que ce joli personnage était capable de dire sur d'autres sujets. Car sa carrière ne se limite pas à ce que l'on en retient essentiellement.

    Nous l'avons précisé plus haut, il était un ardent défenseur du colonialisme. Avec les mêmes visées charitables et philanthropiques, sans doute ? Jugez-en :

    "Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures (...) parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont un devoir de civiliser les races inférieures."

    Jules Ferry, discours à la chambre des députés, 28 juillet 1885

    Qu'on ne vienne pas me parler de contexte et m'expliquer qu'à cette époque, tout le monde pensait ainsi car les humanistes existaient déjà, y compris dans la classe politique. Oui, on savait déjà, même dans ce contexte, que ce discours était profondément effarant. Et Clémenceau lui-même en donna la preuve en répondant ainsi à ce fameux discours:

    "Races supérieures ! Races inférieures ! C'est bientôt dit. Pour ma part, j'en rabats singulièrement depuis que j'ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande, parce que le Français est d'une race inférieure à l'Allemand. Depuis ce temps, je l'avoue, j'y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation et de prononcer : homme ou civilisation inférieure !"

    "Et c’est un pareil système que vous essayez de justifier en France, dans la patrie des droits de l’homme ! (...) Non, il n’y a pas de droit des nations dites supérieures contre les nations inférieures."

    Georges Clémenceau, Discours à la chambre, 30 juillet 1885

    Il s'agit bien là, qu'on l'accepte ou non, du reflet terrifiant de la pensée de ce Monsieur Ferry, grand fondateur de la république qu'on porte aux nues aujourd'hui, en glissant discrètement sur cet aspect de sa... "philosophie".

    Pour conclure cette autopsie de la vision scolaire de la fin du XIXème siècle, penchons-nous sur les manuels d'histoire de l'époque:

    En 1885, dans son ouvrage Histoire Naturelle, destiné à l'enseignement secondaire, J. Langlebert distingue 4 races :

    - blanche ou caucasique, cette race est remarquable par la puissance de son intelligence, c'est à elle qu'appartiennent les peuples qui ont atteint le plus haut degré de civilisation.
    - jaune ou mongolique,
    - noire ou africaine,
    - rouge ou américaine.

    Le manuel d'Histoire de 1887 commence ainsi :

    "On distingue trois races humaines :
    - la race noire (descendants de Cham) peupla l'Afrique, où elle végète encore ;
    - la race jaune (descendants de Sem) se développa dans l'Asie orientale, et les Chinois, ses plus nombreux représentants, gens d'esprit positif, adonnés aux arts utiles, mais peu soucieux d'idéal, ont atteint une civilisation relative où ils se sont depuis longtemps immobilisés ;
    - la race blanche qu'il nous importe spécialement de connaître, a dominé et domine encore le monde."

    Voilà ce que l’école de la république apprenait à ses enfants à l'époque où Jules Ferry la rendait obligatoire.

    Fort heureusement, les choses ont évolué mais n'est-ce pas une parfaite démonstration du danger d'une école exclusivement d'état ?

    Sans la liberté de sortir de ce carcan, sans la liberté d'instruire à domicile, nous nous trouverons exposés, ou plutôt nos enfants, les générations futures, se trouveront exposés à l'apprentissage obligatoire du dogme officiel. Il était celui-là hier mais que sera-t-il demain ?

    Alors...

    Que l'on soit clair, je ne suis pas forcément un ennemi acharné de Jules Ferry qui, quelles que soient ses motivations, a permis malgré tout de faire avancer les libertés et de fournir le savoir au plus grand nombre. Et ce serait une erreur philosophique grave que de juger aujourd'hui la vision du monde d'hier. Pas plus qu'on ne peut réellement comprendre comment pensait un homme de l'antiquité avec les connaissances qu'il avait et qui n'étaient pas les nôtres, on ne peut réellement condamner ou approuver sans réserves un homme qui voyait le monde à l'aune de ses connaissances d'il y a 150 ans.

    Néanmoins, on peut légitimement se poser des questions sur la récupération qui est faite à "toutes les sauces" de ce prétendu grand homme et de ces prétendues grandes lois, lancées à la face du peuple sans étude critique des tenants et des aboutissants des décisions prises à l'époque, imposées à tous comme le modèle idéal républicain, en oubliant (volontairement?) de mettre en lumière certaines zones d'ombre et certains aspects peut-être moins glorieux ou comme on dirait aujourd'hui, moins "politiquement corrects".

    Comme toujours, on explique au peuple ce qui est bien et ce qui est mal, mais on ne lui donne pas les clés, on ne lui permet pas de connaître complètement ni les faits ni les hommes pour juger lui-même, en son âme et conscience, avec sa propre liberté de penser.

    Non pas que l'on cache – il est toujours possible de se renseigner, même si cela demande un effort que la majorité de nos contemporains ne sont pas prêts à faire – mais juste parce que, savamment, stratégiquement, on évite de montrer.

    On assène des vérités mais on n'éduque pas !

    N'est-ce pas un bien étrange paradoxe et un bien étrange dévoiement de la loi Ferry ?

    Pin It

    3 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires